qu’on auroit commencé à connoitre quelques corps
organifês fujets à des transformations; auroit-on
pu , d is -je , décider qu’ils n’étoient pas des Animaux
, parce qu’ils fe transfôrmoient ?
P o u r q u o i ne fe trouveroit-il pas entre les A-
nimaux que nous connoiffons, & les Animaux in*
connus, des différences auffi grandes, & même plus
grandes que celles qu’il y a entre les Animaux
qui fe transforment, & ceux qui ne fe transforment
point?
Il eft d’autant plus raifonnable de ne pas juger
d’une manière abfolue, des Animaux inconnus par
les Animaux connus, que le nombre des premiers
l’emporte , félon toutes les apparences , beaucoup
fur celui des derniers.
N o n s e u l e m e n t on ne peut pas faire des régies
générales, qui fe rapportent aux Animaux inconnus,
mais on eft encore fort éloigné d'en pouvoir
faire de fùres à l’égard des Animaux connus,
La raifon en e ft , que la plupart de ces derniers
ne font connus que très fuperficiêllement ; & que
ce feroit auffi précipiter fon jugement, que de juger
en tout ou en partie des Animaux moins connus,
par ceux qui le font davantage.
D e s Expériences, qu’on a tous les jours occa-
fion de réitérer, nous apprennent clairement, qu’un
grand nombre d’Animaux , de quadrupèdes , par
exemple, ne peuvent pas être multipliés par la
fe&ion. Quand on les partage , chaque partie
meurt. Au - lieu de conclure feulement de ces E xpériences
, que les portions de tels & tels Animaux
ne pouvoient pas devenir des Animaux parfaits;
& que, félon toutes les apparences, il en étoit de
même de celles de piufieurs autres qu’on n’a pas
coupés: au-lieu, dis-je, de s’en tenir à cette con-
féquence particulière, on a fait une régie générale,
& on a fuppofé, qu’on ne pouvoit multiplier aucun
Animal, en le coupant. Cependant, il fe trouve
que piufieurs Animaux connus, & entre autres
les Vers de terre, qu’on a très fouvent occafion de
voir, ont cette propriété qui paroifloit incompatible
avec la nature d’un Animal.
C o m b ie n n’y a - t - i l , peut-être, pas d’Ani-
manx, que l’on croit bien connoitre, qui ont des
propriétés auffi extraordinaires que celle-là, & qu’on
ne s'attendrait guères à y trouver?
Il feroit facile de prouver également, que nous
ne connoiffons pas allés les Plantes, pour pouvoir
faire des régies générales fur leur nature.
P u i s Q_u e nous fortunes encore éloignés de connoitre
toutes les propriétés dont les Plantes & les
Animaux font fufceptibles , il n’eft pas étonnant,
que celles, qui fervent de caraélére diftinèlif à chacune
de ces claffes de corps organifês, ne foient
pas fort bien connues.
I l femble d’abord, quand on n’a pas taché d’approfondir
la nature des Plantes & des Animaux,
qu’il n’y a rien de plus aifé, que de trouver les
caractères qui diftinguent les uns des autres. Cela
vient, fi je ne me trompe,de ce qu’on ne juge que
fur des idées particulières, au-lieu qu’il s’agit de
comparer des idées générales, favoir l’idée abftrai