
C e Poiffon, logé tout entier dans le corps d’un
Polype, dont la peau étoit alors fi mince, y a cependant
été digéré.- Il n’y eft pas refté un quart d’heure
en vie: il a été fucé, & a été enfuite rendu parla
bouche du Polype, reconnoiffable à la vérité, mais
cependant allez défiguré. C ’eft ce que j’ai vu un grand
nombre de fois.
L e s Polypes mangent la plupart des petits Infectes
qu’on trouve dans les eaux douces. Ils fe nour-
riffent très bien de Vers, & de Nymphes de Coufins,
& d’autres petites Mouches. Enfin on peut leur donner
même de beaucoup plus grands Animaux, en les
coupant par petits morceaux. Je leur ai fait manger
de cette manière des Limaces , & d’autres Infettes
aquatiques encore plus grands ; je leur ai donné des
Vers de terre, des entrailles de Poiffon d’eau douce.
Il y a plus, j’en ai nourri pendant du tems avec de la
viande de boucherie, du boeuf, du mouton & du
veau. J’ai vu fenfiblement qu’fis en tiroient de la
nourriture, je les ai vus croître pendant ce tems-là.
Il eft pourtant vrai qu’ils ne tirent pas de cette viande
un fuc nourricier, auffi abondant que des Mettes
aquatiques qui leur conviennent le plus. On doit, pour
la leur faire manger, la couper en très petits morceaux
, parce qu’elle s’enfle dès qu’elle eft dans l’eau.'
L e plus grand foin que demandent les Polypes,
eft celui de leur trouver de la nourriture , & d’en
avoir en toute faifon de l’année. Dès qu’on n’eft
pas éloigné de quelques mares, ou de quelques fofi
fés, on peut facilement en Eté fe procurer quelques-
uns des Animaux dont j’ai parlé jufqu’à préfent ; mais
la
la difficulté eft plus grande en Hyver. Ma principale
reffource a été dans ces Vers qui fe tiennent ordinairement
fous terre au fond de l’eau, & que j’ai con-
fervés dans des vafes *. Dans la crainte où j’étois
qu’ils ne me manquaffent, j’ai cherché d’autres expé-
diens pour nourrir mes Polypes. J’ai mis au fond
d’un vafe de la terre tirée d’un foffé, & j’ai compté
que j’y mettrois avec cette terre un bon nombre de
petits Infettes , ou au moins les oeufs dont ils dévoient
fortir; c’eft ce qui m’a très bien réulli. Dès
la fin de Février 1742, mon vafe a été peuplé de di-
verfes efpèces de petits Animaux ; mais il s eft fur-
tout peu-à-peu rempli d’une forte de petit Infette
qui eft renfermé dans une coquille à deux battans. Il
fait fortir de cette coquille, lorfqu’il l’entrouvre, de
petits pieds ou bras qu’il remue avec une grande vi-
teffe ; & c’eft par le moïen de ce mouvement qu’il
nage. Ces Animaux fe repofent fur tous les corps
qu’ils rencontrent. Ils font à peu près de la grandeur
d’un grain de fable. Les Polypes, que j’ai mis dans
ce vafe, & dont je n’ai pris aucun foin, fe font nourris
de ces Infettes, & ont multiplié. J’en a i , qui
font depuis huit mois dans un verre dont le fond
eft garni de terre, prife dans un foffé. Ils s y nour-
riffent & y multiplient.
E n préparant en Eté des baquets, garnis au fond de
terre tirée des foffés, on peut en faire un féjour très
convenable pour les Polypes. Outre les Infettes dont
les oeufs fe trouvent dans la terre des foffés, on en
voit bientôt dans l’eau de ces baquets, s’ils font ex-
pofés à l’air, qui viennent des oeufs qui ont été dé-
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PL. VII.
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