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qui fortent de l’extrémité antérieure des Polypes.
On a vu par ce que j’ai dit fur leur mouvement pro-
greffif, qu’en effet ces parties leur fervent de pieds.
Lorfque je parlerai de la manière dont les Polypes fai*
filfent & retiennent leur proie, il fera facile de juger
que furtout le nom de bras leur convient. J’indiquerai
ici encore une autre fonction de ces bras. Les
Polypes s’en fervent quelquefois pour fe cramponner
fortement contre les corps fur lefquels ils font
fixés. Ordinairement ils n’y font attachés que par
leur bout poftérieur ; ce qui leur fuffit pour n’être pas
entrainés par un mouvement de l’eau, même confide-
rable. J’ai obfervé plufieurs fois des Polypes, qui
non feulement étoient fixés au fond de mes verres par
leur bout poftérieur , mais dont deux ou trois bras,
outre cela, dirigés vers différens côtés, étoient tendus
& fixés contre le verre. Le Polype attaché de
cette forte ne pouvoit être balotté par le mouvement
de l’eau. Il fe peut qu’une pareille attitude foit
quelquefois utile à ces Animaux lorfqu’ils font au
fond des foffés. Mais il y a une circonftance dans
laquelle il doit leur importer davantage de fe fervir
de leurs bras en guife d’ancres & de cables , pour
n’être pas entrainés par le mouvement de l’eau. C’eft
lorfqu’ils font fufpendus à fa fuperficie. Ils font alors
expofés à tous les mouvemens de l’eau. Suppofé
donc qu’un Polype , & furtout un Polype à longs
bras, foit fufpendu à la fuperficie de l’eau, & qu’il
lui convienne de n’être pas entraîné par le mouvement
de cette eau, il pourroit jetter l’ancre au moieu
defesbras, il pourroit en fixer l’extrémité contre le
fond
m
fond de l’eau, ou contre les Plantes & les autres cho-
fes qui font dans cette eau. S’il attachoit trois ou
quatre bras de différens côtés, il feroit précifément
dans le cas d’un Vaiffeau affourché fur fes ancres.
Je ne donne point ceci comme un ufage évidemment
certain de ces bras. Ce n’eft qu’une conjecture, qui
a été occafionnée par un Fait que j’ai vu.
D e u x Polypes à longs bras * étoient fufpendus à i*£ï i.iri^j
la fuperficie de l’eau d’un de mes verres. Je les trou- &d c.
vai un jour dans une attitude à peu près telle que celle
que je viens de fuppofer. L ’un * avoit deux de fes *
bras * fixés par leur extrémité contre le fond du
verre, de deux côtés différens #, & l’autre f avoit *«'&*-t«*.
un bras # fixé aufli contre le fond du verre, & un g. ^
autre bras * attaché par fon extrémité + au côté du **<>■ fi*
verre, affez près du fond. J’agitai un peu l’eau en
fouflant. Les vagues que mon foufle y occafionna,
n’entraînèrent pas entièrement les Polypes, ils furent
retenus dans un certain efpace par leurs ancres, par
leurs bras, qui étoient fort tendus, & qui étoient fermement
attachés au verre. Je fus obligé de fecouer
le vafe avec force pour les obliger à fe détacher.
O n a déjà pu juger par tout ce que j’ai dit, que
les Polypes peuvent s’attacher fortement contre les
corps fur lefquels ils s’arrêtent. J’ai fait quelques E x périences
qui pourront donner une idée de cette ad-
héfion. Les précautions néceffaires pour conferver
les Polypes, fourniront fouvent occafion à ceux qui
voudront en nourrir, de voir les Faits dont je veux
parler. Pour conferver ces Animaux en fanté, il faut
les changer d’eau affez fouvent, furtout après qu’ils
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