
rejettons, peut auffi fe dire des boutures. Il eft
fort apparent que ce qui fait qu une bouture peut
devenir une Plante parfaite, & multiplier enfuite, &
par boutures, & par rejettons, n’a pas de rapport à
ce qui fe pâlie dans les fleurs, & qui influe fur les
graines. Le farment d’une Vigne, par exemple, eft;
également propre à fournir des boutures, foit qu’il
ait eu des fleurs, ou qu’il n’en ait point eu.
N’e n ferait-il donc point des Polypes, comme
des Plantes qui multiplient par rejettons & par boutures?
Ne feraient-ils point féconds par eux-mêmes-,
propres à produire des rejettons & des boutures',
fans qu’il fe foit paffé en eux rien d’analogue à ce
que nous connoiffons dans plufieurs Animaux, & à ce
qu’on a lieu de foupçonner dans les fleurs des Plantes?
O N eft actuellement en état de juger, que la
manière extraordinaire dont les Polypes à bras eit
forme de cornes, peuvent fê multiplier par la faction
de leurs parties, n’eft pas la feule propriété
fmguliére, qui les diftingue de tant d’autres Animaux,
& qui ait été fi long-tems inconnue dans cette
clalfe de corps orgânifés. Leur manière naturelle
de fe multiplier par rejettons , doit être mife dans le
même rang; & elle n’eft pas moins propre à nous
apprendre, combien les Régies prétendues generales
, qui ont été admifes prefqùe univerfellement, méritent
peu ce nom, quand même on ne trouveroit
d’autres exceptions que celles que forment les Polypes
dont je donne l’Hiftoire.
M s . de Reaumur nous a appris,dans la Préface du
fixiéf
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fixiéme Volume de fes Mémoires fur l’Hiftoire des
Infectes que plufieurs Curieux, après avoir été in- * Pag.
formés qu’on pouvoit multiplier les Polypes en les UIV’
coupant, ont découvert la même propriété dans differentes
efpéces de Vers; & cette Expérience a encore
réufli fur un plus grand nombre d’Animaux,
depuis que cette Préface eft écrite. Il étoit bien
vraifemblable, comme le dit ce célébré NaturaUfte,
que les Polypes ne dévoient pas être les feuls auxquels J '
il eût été accordé de pouvoir être multipliés d'une façon
f i étrange. Plus on examine les productions & les opérations
de la Nature, & plus on refie convaincu qu’il
ne s'y trouve rien d’unique. C ’eft,je crois, ce qui peut
s’appliquer à l’une & l’autre manière de multiplier
des Polypes : & en conféquence de ce principe, il
y avoit lieu de penfer, après avoir vu pouffer des
rejettons aux Polypes, que cette Façon de multiplier,
quelque étrange qu’elle parût, n’étoit pas particulière
à ces feuls Animaux ; mais, qu’elle étoit
au contraire commune à plufieurs autres, de différentes
elpéces, & même de différens genres.
Q u e l q u e fondée que fût cette conjecture, on
ne pouvoit que défirer de la voir confirmer par des
Exemples. Je n’eus pas befoin d’attendre long-tems
pour en trouver un très remarquable. La Figure des /( '-M
Animaux qui me l’ont fourni, m’a engagé à les ranger
dans la claffe des Polypes. Leurs bras font placés à
leur extrémité antérieure, autour de leur bouche.
Ils font rangés fort régulièrement, & forment un joli
pannache #. Celui de cette Figure eft repréfenté fort *.PLg-xen
grand. On les voit de grandeur naturelle dans la adfidu | k $
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