d’attention que je n’avois fait jufqu’alors; & c’eft
par ce moïen que j’ai trouvé ce que je cherchois.
Je vis plufieurs de ces Animaux, qui paroiffoient
être, non un feul Mille-pieds, mais deux, mis bout
à bout. La tête de l’un étoit un peu inférée dans
le dernier anneau de l’autre, & fon dard étoit dirigé
perpendiculairement en delfus. Je jugeai donc
que-les Mille-pieds que j’avois coupés, étoient fem-
blables à c eu x-là , & que l’opération que je leur
avois faite, avoit obligé ces deux Mille-pieds réünis
à fe féparer. Il me parut vraifemblable, que cette
portion, fort courte & fans tête, que j’avois trouvée
dans le verre où étoient les portions du fécond
Mille-pieds qui avoit été coupé en deux, n’étoit autre
chofe, que la partie poftérieure du Mille - pieds
antérieur. J’avois apparemment coupé ce Mille-pieds
à peu de diftance de fon extrémité poftérieure, de
l’endroit où la tête du Mille-pieds poftérieur-étoit
inférée; c’eft- à -dire, qu’un bout du Mille-pieds antérieur
étoit refté uni au Mille-pieds poftérieur. Il
s’en étoit peu après féparé, & avoit formé cette
troifiéme portion que j’avois trouvée dans le#verre.
A près avoir découvert ce que je viens de rapporter,
je fus très curieux de favoir, pourquoi plusieurs
Mille-pieds fe trouvoient deux à deux, & mis
bout à bout l’un de l’autre. J’en confidérai plufieurs
de fuite, qui étoient dans cet état; & la variété,
que je remarquai entre eu x , me donna déjà lieu
de foupçonner que ces Mille-pieds réünis, n’avoient
jamais été féparés auparavant. Voici enfin ce que
j’ai appris, après avoir obfervé ces Animaux pendant
quelque teins. U n
U n Mille-pieds, qui n’eft pas double, le peut
devenir en,peu de jours. Il fe forme une tête, environ
aux deux tiers de fon corps, à compter du
bout antérieur. On voit diftinélement le dard charnu
de cette tête, qui croît perpendiculairement en
deflùs du corps du Mille-pieds; les points noirs parodient
aux deux côtés de la tête ; enfin le nouveau
Mille-pieds, qui n’eft autre chofe, que la portion
poftérieure de celui dont il eft venu, ce nouveau
Mille-pieds eft en état de fe féparer, & fe fépare de
lui-mêmé. Je ne me fuis pas contenté d’obferver
de fuite la formation de quelques-uns . de ces Animaux,
j’ai répété très fouvent cette Obfervation,
& j’ai toûjours vu la même chofe. J’ai nourri en
folitude de jeunes Mille-pieds que j’ai tirés du verre
dans lequel étoit leur mere, le moment même
de leur féparation, je les ai vu croître, j’ai vu leur
bout poftérieur devenir un Mille-pieds, & fe féparer.
J’ai vu le même Mille-pieds produire fuccefiivement
en quelques fem^ines plufieurs petits, plufieurs boutures;
& des verres, dans lefquels je n’en avois d’abord
que quelques-uns, en ont été fort peuplés au
bout de quelque tems.
O n peut juger, par ce que je viens de dire de
ces Animaux, qu’ils méritent fort d’être obfervés
avec attention: c’eft auffi ce que je me propofe de
faire. Ce que nous en favons à préfent, fuffit pour
nous prouver, qu’ils fourniffent véritablement un
Exemple d’Animaux qui multiplient naturellement
par boutures. Mr. Lyonet, qui eft le premier qui
ait coupé des Vers, & qui ait vu chaque partie de-
F f ve