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vie et dans les deux sexes, rend cette espèce très reconnaissable. Elle a les doigts
extérieurs assez peu développés, les dents sont à-peu-près comme dans nos Salarti,
à crête et ponctuée.
4.) Salam. Jeffersoniana. J'ignore s'il est exact de prendre pour cette espèce,
figurée par Green (Maclur. Lyceum cah. 1), les individus d'une Salamandre, envoyée
de Tennessee par le Professeur Troost de Nashville. Les plus grands d'entre eux
portent neuf pouces en longueur. Pieds forts; doigts très-développés; queue un peu
plus longue que le corps, comprimée dans toute sou étendue en guise de rame très
large et caréné sur le tranchant supérieur. Tête grosse, museau arrondi. Cette espèce
ressemble assez, pour le port et le système de coloration, à la Salam. violette,
mais elle a le museau plus développé, la queue beaucoup plus comprimée, et les dents
palatines plus éloignées du bout du museau que la Sal. violette. — C'est probablement
ici qu'il faut ranger le Triton ensatus de la Californie, dont feu Eschscholtz
a donné une figure très mauvaise: voir Atlas, Zoolog. Pl. 22.
Il serait peut-être i-propos de ranger i\ la suite des Salamandres comme espèce du
genre, le Menopoma de Harlan, connu dans l'Amérique du Nord sous le nom de
Hellbender. Ce reptile a le crâne d'une conformation tout-à-fait analogue à celui
des Salamandres et particulièrement des espèces aquatiques; son port, ses formes, le
nombre des pieds et des doigts etc., sont absolument les mômes que dans la plupart
des espèces; mais il manque de paupières ainsi que des os du métacarpe et du métatarse;
ses vertèbres s'articulent entre elles comme dans les Protées; la langue est totalement
fixe; son os hyoïde est plus compliqué, et l'animal parfait conserve les orifices
branchiales, quoique les branchies s'oblitèrent dans la première jeunesse.
La Salamandre ménopome forme évidemment le passage à certaines espèces
très curieuses, assez disparates les unes des autres, et qui rappellent, soit par leur
organisation, soit par leurs formes hétérogènes, tantôt les têtards des Salamandres,
tantôt les poissons du genre Anguille. On a fait pour chacune de ces espèces un
genre distinct ; parmi les individus on a formé plusieurs espèces imaginaires. Il serait
peut-être bien vu de comprendre ces animaux, dont on connaît six formes différentes,
dans le genre Protée. L'espèce qui se rapproche le plus des Salamandres,
et qui ressemble parfaitement aux têtards de ces batraciens, est l'animal connu
au Mexique sous le nom d'Axolotl. Son crâne, par ses formes, a de nombreux
rapports avec celui des Salamandres; mais les os suspensoirs de la mâchoire inférieure
sont dirigés très en avant, ce qui rend cette mâchoire assez courte; organisation
qui n'existe dans aucune autre Salamandre, mais qui s'observe constamment
chez les Protées. Toutes les autres espèces de ce genre ont le crâne de forme
alongée et assez semblable à celui de certains poissons; le maxillaire et l'intermaxillaire
sont souvent réduits à de petites pièces saillantes vers le bout du museau. La
disposition des autres os du crâne s'éloigne, sous un grand nombre do détails, de ce
que l'on observe chez les Salamandres. L'Amérique du Nord nourrit un Protée
qui, tout en conservant les formes des Salamandres aquatiques, a le corps plus alongé
et les pieds grêles, au nombre de quatre, tous munis do quatre doigts; il conserve
des branchies pendant toute son existence; c'est le Ménobranche de Harlan, dont
on a fait deux espèces appelées lateralis et tetradactylus, donnant cette
dernière comme marque distinctive: deux rangées de dents à la mâchoire inférieure!
Notre Protée d'Europe, Proteus anguineus, a des branchies constantes
comme la précédente, mais ses formes sont plus alongées, et ses pieds munis par devant
de trois, par derrière de deux doigts seulement. La Sirène forme la quatrième
espèce de la coupe dont nous parlons; elle a les formes plus alongées que la précédente,
est dépourvue de pieds de derrière, et ressemble, par la partie postérieure du
corps, f\ une Anguille; les pieds de devant, placés près des branchies, sont munis
de quatre doigts. La Siren intermedia de Leconte, nous paraît fondée sur des
individus à l'âge moyen de la Sirène ordinaire. La Siren striata du même
auteur n'est connue que dans le jeune âge; on ignore si le nombre des doigts, dont
on en compte trois, est constant; s'il en est ainsi, on pourrait l'appeler Sirènoïde.
L'espèce que l'on peut ranger à la suite des Protées est l'Amphiume, animal,
se rapprochant par sa manière de vivre des Céci les, et rappelant parfaitement les
anguilles par ses formes; mais dont les branchies oblitérées de bonne heure, ne laissent
d'autres traces extérieures qu'un orifice sur les côtés du cou, et dont le tronc
est pourvu de quatre extrémités très grêles, rudimentaires et divisées au bout en deux
ou quelquefois en trois lobes en guise de doigts ; le nombre de ces petits doigts variant
individuellement. <') Vient enfin l'animal extrêmement curieux, découvert au
Brésil par M. Natterer, et décrit par ce voyageur sous le nom de Lepidosiren
paradoxa: Annalen des Wiener Museums II p. 165 Pl. 10. Ce Protée a un
trou branchial comme l'Amphiume ; mais son corps est beaucoup plus gros, revêtu
partout de petites écailles, marqué d'une ligne latérale comme dans la plupart des
poissons, et bordé vers les parties postérieures, tant en dessus qu'en dessous, d'une
nageoire continue, à-peu-près comme dans les Anguilles, auxquelles l'animal ressemble
au premier coup d'oeil. Les extrémités antérieures sont placées immédiatement derrière
les orifices des branchies, les postérieures près de l'anus qui s'ouvre en forme de trou
orbiculaire sur le côté gauche en dessous de la base de la queue : ces extrémités se
présentent simplement en forme d'aléne longue environ de deux pouces, sans aucune
articulation ni échancrure. La bouche est garnie de lèvres, et on voit, outre deux
petites dents de l'intermaxillaire, dans chaque mâchoire, deux dents extrêmement
grosses, comparables aux molaires des mammifères et à couronne pourvue de trois
échancrures. Cet être singulier a ime taille de deux pieds environ.
(1) Ces sortes de monstruosités se rencontrent très souvent chez les S a l ama n d r e s . Nous possédons dans le Musée
des S a l ama n d r a atra, taeniata etc., dont un des pieds postérieurs est muni de sis doigts; tandis qu'on n'en
voit que quatre dans une de nos Sai. cinerea et dans plusieurs individus de la grande Salamandre du Japon.
Le grand individu de cette espèce que nous conservons vivant, en avait cinq lors de son arrivée en Europe; il n'en
a plus que quatre depuis quelques années; aujourd'hui il n'en porte que trois au pied gauche de derrière.
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