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et terne sont nuancées par des rayons d'une teinte plus claire et jaunâtre, mais les
dessins en sont souvent oblitérés. Les écailles marginales, disposées en forme de dents
de scie, ont leurs pointes postérieures moins aiguës et plus grosses que celles du Caret.
Le plastron se distingue par le peu de largeiu- de sa partie antérieure, par sa concavité
et par la forme effilée de la partie postérieure; le centre est, comme chez les
autres espèces, recouvert de six paires de lames, mais la lame triangulaire, qui chez
le Caret et chez la Tor tue franche, est enchâssée entre la première paire de la
partie antérieure, manque totalement chez celle-ci. Un brun clair terne et faiblement
nuancé forme la couleur dominante du plastron.
Les pieds sont relativement au corps dans les mêmes proportions que ceux de la
T o r t u e franche. La tète est très-grosse; elle diminue un peu de volume vers
l'orbite et est terminée par im museau conique et pointu. Les écailles du sommet
de la tète s'éloignent un peu par leur forme de celles des autres espèces, comme on
peut le voir planche 3. fig. 1, 2 et 3, faites sur un individu provenant de Surinam. Il
n'y a que deux paires de lames frontales, courtes et larges: la lame frontale postérieure,
la paire qui se trouve de chaque coté de celle-ci, et les lames oculaires offrent une
étendue considérable; les lames occipitales sont représentées par trois plaques, qui
varient assez par le nombre et la forme. Dans l'individu figuré, les lames oculaires
sont séparées en deux paires; dans d'autres, il existe une troisième lame surnuméraire;
dans d'autres encore, une quatrième entre les lames nasales; la grande lame
frontale est souvent divisée en deux parties s3'métriques, et il n'est pas rare de rencontrer
des individus dont les lames sont tout-à-fait de forme anomale. Le museau de
la Caouanne est très-vigoureux et se fait remarquer par sa ressemblence avec le bec
d'un perroquet. Il diffère peu, abstraction faite de ses formes trapues, de celui du
C a r e t ; son arête est courbée en voûte; les bords des mâchoires sont faiblement concaves
vers la pointe, celle-ci est aiguë et dirigée en bas.
Tout ce que nous avons dit des formes générales de la tête, peut-être également appliqué
au crâne, vu que les os sont immédiatement recouverts des écailles. Notre
fio-ure S™ de la planche 6™ représente, dessiné au trait, le crâne de la Caouanne
dans l'âge moyen; il peut servir pour établir la comparaison avec les crânes des
autres espèces. Sa surface est toujours plus ou moins tuberculeuse; les bordures des
lames sont empreintes sur les os par de profonds sillons qui, dans l'individu figuré,
donnent aux frontaux l'apparence d'être divisés. La forme de la tête est, chez cette
espèce, sujette à moins de changemens pendant les diverses périodes de la vie que
dans les autres; on peut en excepter le bec, qui chez les jeunes est très-peu développé
relativement aux autres parties; les inégalités du sommet du crâne se perdent
totalement avec l'âge et sa surface devient alors aussi lisse que celle des autres espèces.
Parmi les figures très-exactes, que Mr. 'Wagler « a données de plusieurs parties de
cet animal, se trouve aussi celle du crâne d'un jeune individu. Celles fournies par
Cuvier P), sont empruntées d'un sujet plus âgé. Le crânc représenté par Spix
provenait d'un adulte.
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Les jeunes sont caractérisés par leur têt© obtuse, le bec peu développé, et par les
protubérances saillantes du plastron et des lames de la carapace. C'est une chose
digne de remarque, que les lames de cette espèce sont dans le premier âge souvent
divisées en parties irrégulières; anomalie très-fréquente, dont le Musée des Pays-Bas
peut fournir plusieurs exemples: ces sutures irrégulières disparaissent presque toujours
avec l'âge, mais on reconnaît encore quelquefois leurs traces. Linné '') et Kuhl P) ont
fait de ces variétés accidentelles autant d'espèces distinctes: ils en ont formé leurs
C h e l o n i a atra et mul t iscutata. Il paraît d'ailleurs, que cette espèce est moins
sujette à varier par les couleurs; cependant, les individus dans le jeune âge ont souvent
les teintes plus claires, et les très-petits sont quelquefois totalement noirs: teinte,
que les écailles prennent aussi par l'action de l'esprit de vin.
Les navigateurs anglais se servent de la dénomination caractéristique de Loggerh
e a d turtle pour désigner cette espèce. Le nom de Caouanne, introduit par Dutertre
a été adopté par les marins français et par les colons d'Amérique; ceux-ci l'ont
emprunté des Espagnols, et il paraît que celte dénomination a passé de l'idiome
Mexicain ou Caraïbe dans la langue castellane. Lacépède en fit usage dans les méthodes,
ce qui porta Schweigger à latiniser ce nom barbare. Linné a imposé à
cette tortue le nom de Testudo caretta, que la plupart des naturalistes français
ont conservé, toutefois en l'appliquant au vrai Caret, désigné plus tard sous celui
de Cheloni a imbricata.
Schopff a fourni de très-bons portraits d'un individu dans le premier Age pl. 17.
fig. 3; celui figuré planche 16 de son ouvrage est fait d'après im autre sujet trèsjeune
encore; la planche 16 B représente la carapace d'un troisième plus adulte.
Catesby donne la figure d'une jeune Caouanne pl. 40, qu'il nomme Test, arcuata;
la planche 39, qui doit représenter le Hawksbi l l (Test, imbricata) a également
eu pour type ime C a o u a n n e , mais la description qui Raccompagne, est prise du Caret.
Rondelet est le premier auteur qui ait parlé d'une manière exacte de la Caouanne
comme habitant les côtes du Languedoc; son ouvrage P) contient aussi une figure
assez grossière mais reconnaissable de cette espèce. Cetti en fait mention
dans son histoire naturelle de la Sardaigne. Mr. Cantraine, voyageur naturaliste
au service du gouvernement néerlandais a envoyé au Musée les dépouilles de sujets
recueillies dans la Méditerranée, près de Livourne et en Sardaigne. Le docteur
Michahelles a bien voulu en céder quelques-uns rapportés par lui du golfe adriatique.
Elle fréquente les côtes de Morée, comme on peut voir par le portrait, publié
sous le nom de Chel. pelasgiorum Yal. par Mr. Bory de St. Vincent: Expédilion
scientifique de Morée. Zoologie Pl. VL II parait que la Caouanne est trèscommune
dans l'Océan atlantique boréal. La plupart des voyageurs, qui ont parcouru
ces mers, parlent de tortues d'une taille énorme, qu'ils ont rencontrées loin de
toute côte; leurs descriptions conviennent à la Caouanne. Catesby C^) a été témoin
ti - •
• •. '-il.
(1) System der Amphibien Allas pl. 1. f. 1—26.
P) Ossem. fossiles tom. G. pl. 11. fi<;. 1—4.
(3) Ceplialojcnesis pl. 4. fig. 7—15.
(1) Mus. AJ. Frieder. 1. p. 50.
(2) Beilriige p. 78.
(3) llisl. pise. p. 340.
(-i) Vol. 3. p. 12.
P) L, e. pag. 40.
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