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line demarcation géographique toute particulière et luie répartition remarquable dans
les animaux dont elle se trouve peuplée; celte île est divisée, dans toute sa longueur,
par ime chaîne de montagnes assez élevées ; le versant septentrional est opposé aux
Molnques, et la partie méridionale longe nne partie des côtes de la Nouvelle-llollande,
dont elle est séparée par un bras de mer assez large; ces montagnes, probablement
schisteuses, paraissent servir de limite entre deux populations d'animaux; celle
du nord ressemble, par les espèces identiques comme par celles diiTérentes, aux
types des genres dont les autres iles du grand archipel sont peuplées; de l'autre côté
de cette chaîne, sur le versant méridional, se montrent tout-à-coup les premiers représentans
d'une faune particulière, d'une création propre à l'Australie. La végétation,
comme nous venons de le voir, y porte ce caractère qui nous rappele celte partie
de la côte septentrionale de la Nouvelle-Hollande, désignée par les navigateurs comme
sauvage, inculte et dépourvue de population humaine autre que quelques hordes
vagabondes et farouches, se nourrissant principalement de poisson et do quelques
racines. Sur l'une comme sur l'autre de ces côtes peu favorisées par la nature,
vivent les mêmes espèces d'oiseaux. Le Scythrops présageur y annonce, par
ses cris discordans, la pluie et ces brumes épaisses, dans lesquelles les côtes semées
d'écneils, sont comme voilées aux navigateurs. Les oiseaux ù langue terminée en
pinceau, principalement ceux des genres Me l l iphaga et Phyl lorni s s'y montrent en
plusieurs espèces identiques de celles propres à l'Australie: on y voit le Corbi-calao
(Melliphaga carunculala) si différent, dans le jeune-âge, du plumage de l'adulte; les
L a n g r a y a n s (Ocypterus), au vol rapide; le plus grand nombre des habitans du
littoral, et plusieurs autres espèces d'oiseaux de la Nouvelle-Hollande. On ne connaît
point les mammifères ni les reptiles de cette partie de l'île; le petit nombre d'objets
rapportés des côtes se borne à cinq ou six espèces de l'ordre des Chéiroptères, un
P b a l a n g e r , un Petaurus et quelques Rongeurs.
Plus loin que Timor, et vers le fond de cette immense étendue de mers, se trouve,
à l'orient et au nord, cette foule d'îlots madréporiques, plus ou moins couverts de
végétation, ou à peine visibles à la surface des eaux. La nature y semble, de nos
jours, encore occupée du grand acte de la création; on voit paraître à la surface de
cet océan, des écueils nouveaux dont l'étendue progressive est due au rassemblement
prodigieux des Zoophites, qui élèvent par un travail lent et successif leurs demeures
pierreuses, et parviennent de la sorte c\ hérisser la plaine liquide de ces
rochers ou bancs madréporiques, si fatales aux navigateurs; qui plus tard se couvrent
de végétation et fmisseut par former ces îles boisées, ces montagnes de feuillage,
sons l'ombre hospitalière desquelles les animaux viennent chercher un asile; l'homme
enfin s'y choisit une demeure, y transplante les arbres utiles, les peuple d'animaux
domestiques, et s'y prépare un avenir plus ou moins heureux. Là se trouvent aussi
ces archipels, vers lesquels les autres nations européennes ont été attirés par le commerce,
et où ils ont élevé des établissemens ou bâti des forts; dans ces parages
gisent ces réunions de rochers de formation récente et ces îles isolées, peuplées
de hordes peu visitées, à cause de leur naturel sanguinaire; terres, qui sont à
peine déterminées sur nos cartes géographiques; patrie de quelques mammifères peu
connus, de quelques oiseaux encore vaguement indiqués, de poissons qu'on dit ûtrc
de forme particulière etc. — Toutes ces iles, dont le gisement est à peine connu.
XIX
cette terre des Papous, la Nouvelle-Guinée, sont autant de points intéressans pour
l'observateur de la nature, mais dont nous ne pouvons faire aucune mention ici, vu
qu'ils ne se trouvent pas compris dans le domaine des possessions néerlandaises de
l'Inde que, dans cc travail, nous avons pris pour limite.
Quittant ce rayon tropical, ces archipels qui offrent un champ si vaste pour les
travaux de l'esprit humain, mais où la barbarie des peuplades indigènes, jointe au
fanatisme des farouches Malais, opposeront encore longtems des entraves puissantes;
portons maintenant xm eoup-d'oeil vers cet antique empire, qu'un zèle réligieux, mal
dirigé, semble avoir perdu sans rétour pour la civilisation européenne.
Le Japon, dont les habitans supersticieux repoussèrent les dogmes bienfaisans du
Christianisme, n'a pu offrir, dans ces derniers siècles, qu'un bien faible intérêt pour
les sciences. Les Japonais, en expulsant de leurs domaines toutes les nations qui
tentèrent d'établir des rapports commerciaux avec eux, n'admirent que svu- un point
très-peu important de leur territoire, un nombre limité d'employés néerlandais, et ne
permirent l'accès de cet îlot, toujours exactement surveillé, qu'à un très-petit nombre
de navires. La petite île de Dézima, séparée d'une des îles principales par un canal,
devint, par cette concession très-limitée et dont les Japonais ne se sont pas relâchés
depuis des siècles, le seul point de contact entre cette partie de l'Asie et la civilisation
européenne. C'est donc de ce point d'une importance bien minime, qu'il a
fallu profiter pour obtenir quelques notions relatives à la faune et à la flore japonaise,
et faire des elforts pour mettre l'Europe en contact scientifique avec les peuples
industrieux, mais défians à l'excès, d'une contrée jusqu'ici inaccessible ÎY ceux que
le désir d'étendre le cercle de nos connaissances porte à visiter des pays peu ou point
connus, ou qui ont le noble but de chercher de nouvelles ressources à nos arts et
d'enrichir l'industrie. Quoique la civilisation du Japon soit demeurée stationaire
depuis des siècles, une multitude de souvenirs excitent la curiosité pour connaître
et étudier les moeiu-s antiques de ces peuples, apprécier les progrès qu'ils ont faits,
par eux-mêmes, dans les arts et dans l'agriculture; tandis que des richesses, jusqu'ici
inconnues, dans les trois règnes de la nature, excitent la curiosité, exaltent l'imagination
et échauffent une ame que la soif du savoir entraîne à les étudier.
A force de persévérance et de soins bien dirigées, surtout en ne blessant point
l'esprit national des Japonais, on est enfin parvenu à connaître et ;V rapporter en
Europe les principales productions industrielles, les ustensiles, les médailles et monnaies
de cette belle et populeuse contrée ; les principales productions du règne
végétal et animal ont enrichis nos jardins botaniques et nos Musées. Le Japon, si
longtems inconnu à l'Europe savante, vient porter enfin son tribut, avec les autres
contrées de la terre, dans ces temples, érigés par les nations civilisées à la connaissance
et aux études des sciences naturelles.
C'est en établissant, dans ce petit domaine de Dézima, une école de médecine et
de chirurgie, où les Japonais qui veulent se vouer à l'art des guérisons sont admis,
qu'on est parvenu d'attirer vers ce point l'attention d'un peuple avide d'acquérir des
connaissances qu'il ne peut obtenir que par les rapports avec les nations européennes.
M. le Dr. von Siebold, chirurgien-Major an service des Paj's-Bas, a le premier
tenlé cette voie nouvelle de communication plus directe, avec cette nation méfiante
et rigide observatrice de ses anciennes habitudes; il s'est procuré, par ce moyen, des