Par ces caractères osléologiques que je yiens d'indiquer sommairement, il parait
qu'au fait l'Urotrique est une très petite Taupe abnorme, munie d'une denture de
Musaraigne, et dont les organes de la locomotion ont des parties correspondantes
par leurs formes, avec celles qui existent dans les deux groupes mentionnés.
UROTRIQUE TALPOIDE. (URoiRicnDs IALPOIDES.)
Pl. IV. fig. de 6 à H.
De la taille de notre Sorex fodiens; la téte longue et pointue, terminée à la
mâchoire supérieure par une trompe assez longue, formée de deux cylindres accolés;
aux extrémités totalement nues desquelles s'ouvrent latéralement les orifices des narines
disposées en fentes ovalaires, garnies d'un bourrelet, au moyen duquel il semblerait
que l'animal puisse fermer cet organe; cette trompe ou ce boutoir, qui dépasse de 5
lignes les incisives supérieures, est couvert latéralement et à claire-voie de courtes
soies, dirigées vers la pointe qui est totalement glabre; des soies plus longues et rares
garnissent la base poilue du boutoir. Les oreilles et les yeux sont cachés par le
pelage. Je n'a. pu trouver aucune trace d'appareil sécréteur aux flancs, comme on
en Toit, le plus souvent, chez les musaraignes; aussi ni les peaux, ni les sujets à l'esprit
de vin conservent-ils le moindre vestige d'odeur musquée. La queue est de la longueur
dun^tiers du reste du corps et de la tête; elle est grosse, ecailleuse et abondamment
garnie de longues soies brunes, qui forment pinceau vers le bout. Les pieds et les
doigts sont nus: mais les bords des pieds fouisseurs sont garnis de petites soies roides
et courbees, comme chez les taupes. Tous les sujets adultes sont couverts d'un pelage
serré, abondant, velouté et lustré: la teinte de ce pelage est partout d'un brunmarron
très foncé et la base des poils est noirâtre; quelques individus ont les parties
inférieures un peu plus claires. Les jeunes sont d'un brun plus clair en dessus et
dun brun-bleuatre en dessous; les poils soyeux de la queue sont moins longs et d'une
teinte brune jaunâtre.
Longueur totale de la pointe du boutoir à l'origine de la queue 3 pouces 8 ou 9
lignes: la queue a 1 pouce, 1-2 ou 3 lignes. Nous avons déjà dit que le boutoir dépasse
les incisives de 5 lignes.
Les habitudes de cette espèce ressemblent plus à celles des taupes que des desmans
et des musaraignes; elle fouit la terre et se creuse des conduits souterrains comme les
taupes: ces conduits sont seulement moins visibles, en ce qu'elle fouit plus profondément
et parait ne pas former de buttes ou élévations à la surface du sol. On ne la voit
jamais dans les plaines, séjour ordinaire des taupes; elfo établit toujours sa demeure
dans les contrées couvertes de hautes montagnes, à une élévation de mille à douze cent
pieds au dessus du niveau de la mer, et c'est dans ces localités seulement qu'on peut
espérer de trouver des individus morts sur le sol; c'est du moins dans cet état qu'ont
été recueillis tous les sujets rapportés par nos voyageurs.
L'Urotrique talpoïde est assez répandu au Japon dans les pays montagneux II est
connu des Japonais sous les noms de i l imisu ou Doiuezumi, ce qui exprime souris
de terre. Les campagnards le nomment Jama-ugura ou taupe de montagne. On le
trouve dans les parties méridionales et orientales, tels que Kiu-siu et Sikok , mais
rarement plus vers le Nord.
GENRE MUSARAIGNE. (GEBTUS SOREX.)
SECTION I. Aquatiques, (Crossopus).
Cette coupe a été formée par Wagler et isolée en un genre distinct do celui du
S o r e x de Linné, afin de réunir les espèces qui nagent et plongent avec une égale
facilité, et dont l'organe de l'ouie, caché par le pelage, n'offre point de conque extérieure
comme dans les espèces terrestres. Leurs pieds postérieurs sont larges, bordés
de cils roides, servant de moyen pour accélérer la natation. Leur queue est longue,
plus ou moins comprimée, garnie en dessous d'une rangée de longs poils soyeux,
qui la rendent propre à servir en guise de pagaye. Ces espèces aquatiques sont peu
différentes par leurs habitudes de celles qui se trouvent classées dans le genre Myog
a l e ; quoique, eu égard à leur système dentaire et à leurs formes extérieures, elles
s'éloignent moins des Sorex qui vivent dans les bois, dans les plaines et jusque dans
les habitations, et dont les espèces sont pourvues de grandes oreilles non cachées
par le pelage. Celles-ci ont toutes des formes extérieures analogues et ne diffèrent
entre-elles que par la grandeur, toutefois leur système dentaire se trouve être différent,
tant par la forme que par le nombre des dents; anomalies qui ont servies de
motifs pour les séparer les unes des autres. L'une de ces coupes, que nous admettons
comme section du genre Sorex, compte aussi quelques représentants au Japon;
mais on n'en trouve pas du groupe représenté en Europe par notre S. leucodon et
notre araneus, classés dans la section Crocidura. Notre Musaraigne d'eau, la même
que le Porte rame des naturalistes français, qui figure dans les catalogues méthodiques
sous ce grand nombre de noms de genres et d'espèces, ne se trouve pas au
Japon; elle y est représentée par une espèce nouvelle très remarquable, plus caractéristique
par ses formes extérieures qui la rendent propre à la natation que ne le
sont celles, échues en partage à l'espèce type de nos climats, connue sous le nom de
S o r e x fodiens.
MUSARAIGNE PLATYCÉPHALE. (SOREX PLAITCEPIIILUS).
PL. y. fig. 1 et PL. V. fig. a, a.
La taille de cette intéressante espèce est d'un tiers plus forte que celle de notre
Musaraigne d'eau ou porte rame, mais les dimensions relatives sont différentes; les
sujets parfaitement adultes sont de la grandeur de Sorex indicus; sa fourrure est
absolument semblable, quoique les couleurs de la robe diffèrent de celles du fodiens.
Le museau est long, large et déprimé, d'une venue avec la boite cérébrale, qui est
aussi fortement déprimée; l'espace comprise entre les rudimens des arcades sygomatiques
est aussi plus étranglée que dans les espèces de la seconde section. Une rangée
de poils très nombreux forme la longue moustache, disposée comme chez le fodiens.
Les yeux et les oreilles sont totalement cachés par le pelage. La robe est feutrée,
composée de poils courts, très serrés et veloutés; toutes les parties supérieures, la
base de la queue et les parties extérieures des membres ont une teinte brune foncée
nuancée de cendré bleuâtre, vu que les poils sont colorés de cette dernière teinte
depuis leur base, et que leur pointe seulement est brune; quelques poils soyeux plus