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Les Salamandres aquatiques, observées en Europe, se réduisent également à
trois espèces dont l'une est peu connue, tandis que les deux autres forment plusieurs
variétés assez remarquables.
Une des plus répandues est la Salamanilre créte, qui a été souvent figurée
et décrite sous un grand nombre de noms divers. On observe, dans cette espèce,
outre plusieurs variétés accidentelles, deux variétés ou races distinctes. L'une, l'ordinaire,
est d'une taille plus forte, et le mâle porte une crête dorsale assez développée
dans le temps des amours. De très-belles figures publiées récemment de cette race
se trouvent dans la Fauna italica et dans Rusconi Pl. l, fig. 3 et 4 et Pl. 2.
L'autre race habite, de préférence, les contrées élevées du centre de l'Europe^ el
se trouve également en Italie. D'une taille moindre que la race ordinaire, sa crête
dorsale est rudimentaire et souvent marquée d'une raie jaune; les parties supérieures
sont quelquefois d'un brun foncé ou noir, et le dessous jaune-orange sans aucune
marque de taches: c'est le Tri ton alpestris et carnifex de L aur ent ius , dont
une bonne figure a été publiée dans la Fauna italica. La Salamandra ignea de
B e c h s t e i n , traduct . de Lacépède, II, Pl. 20 p. 260, appartient encore à cette
race, et forme en même temps une variété accidentelle à ventre orange uniforme et
à flancs pointillés de noir. Feu le Docteur Michahelles nous a adressé, sous le nom de
T r i t o n nycthemerus, un individu recueilli en Tyrol: cet individu est d'un noir
foncé, avec des traces de taches orangées sur le ventre; la ligne médiane dorsale et
les bords tranchans de la queue sont de la même teinte. Deux autres individus
des environs d'Abbé ville dans la Picardie offrent un système de coloration semblable;
mais la raie dorsale est effacée, le ventre est plus clair et tacheté de noir, les flancl
enfin sont parsemés de petits points blancs serrés. La Salamandre de Gesner du
midi de la France ressemble un peu à cette dernière variété, mais les points blancs
s'étendent sur toutes les parties inférieures dont la couleur du fond est un brun rougeâtre,
tandis que le dessus de l'animal est marbré et tacheté de cette dernière teinte
SUI- un fond d'un vert olivâtre; la teinte jaune du dos est quelquefois comme festonnée
par des taches foncées. Une autre variété, à teintes beaucoup plus claires que celle
dont nous venons de parler, est la Sal. marmorata , qui se trouve en France et en
Espagne, d'où nous avons reçu des individus. Il serait superflu d'énumérer toutes les
petites nuances observées dans cette espèce relativement au système de coloration,
à l'organisation de la peau qui est quelquefois tout-â-fait lisse, et sans la moindre
trace de tubercules; etc. Notre Musée possède une suite nombreuse d'individus de
toutes les contrées qu'habite cette Salamandre; et nous terminons par conséquent
ces observations en constatant, que les individus recueillis par M. le Colonel Humbert
dans les environs de Tunis, ne diffèrent guère de ceux de la variété ordinaire.
L'autre espèce de Salamandre aquatique commune dans le centre et le Sud de l'Europe
est la Salam. taeniat a ou punctata. D'une taille moins forte que la précédente,
elle s'en distingue en outre par des teintes beaucoup moins vives, dont la nuance
foncée distribuée en guise de taches rondes sur le corps, forme sur la tête, plusieurs
raies ou bandes longitudinales. Les appendices membraneuses de la peau prenncnl
chez le mâle, dans le temps des amours, un très grand développement et se montrent
souvent, aux pieds postérieurs, en forme de palmures entourant les doigts en guise
de disque, (Rusconi Pl. 1 fig. ]); c'est alors le Triton palmé des auteurs.' Les
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femelles qui n'offrent point de traces de ces appendices", ont les habitudes plus exclusivement
terrestres, et se trouvent au sec pendant tout le reste de l'année; elles
ont les teintes ordinairement plus claires que les mâles, et sont quelquefois d'un jaune
brunâtre, et couleur orange en dessous: voir Bechs tei n 1. 1. Pl . 21; Sal. abdomin
a l i s Latr. Pl. 5 fig. 4, et la Fauna ital.. Tr i ton exiguus Laur. (jeunes femelles).
Les individus de ce sexe ont souvent le dos orné d'une large raie plus claire
que la couleur du fond (Rusconi Pl. 1, f. 2). Le midi de l'Europe produit une variété
de cette espèce à teintes très vives: c'est le T r i ton carnifex de Laurentius,
figuré dernièrement dans la Fauna italica Livr. 1. Le système de coloration de
cette espèce n'est pas moins sujet à varier que celui de la précédente. Nous avons
déjà fait mention des variétés que présentent les femelles, et nous ajoutons ici que
les mâles ont quelquefois les côtés de l'abdomen et la queue ornés d'une large raie
blanche: un sujet semblable et d'assez forte taille, a cette raie d'un blanc-argentin, et
tout le corps est ponctué de brun noirâtre; pris dans le midi de la France, il nous a été
adressé du Musée de Paris sous le nom de T r i ton vittatus. M. Verster de Wulverhorst
à Noordwyk, qui a vérifié par ses recherches les belles observations consignées dans
l'ouvrage de Rusconi et dans la Faune allemande de Sturm, sur le développement et
les changemens qu'éprouve cette espèce à l'époque des amours, nous mande que la
S a l a m a n d r e ponctuée est la seule espèce du genre, qui habite les contrées de la
Hollande voisines de la mer; la Salam. à crête n'ayant été observée que dans la
Gueldre et dans le Brabant septentrional, tandis que notre Salam. terrestre ne
se trouve que sur les confins du Royaume, près de Clèves.
3.) Salamandra pleurodeles. Un individu de cette espèce nous a été envoyé
par feu le Docteur Michahelles qui l'a décrite, Isis 1832 p. 190, sous le nom de
P l e u r o d e l e s de Wal t l . C'est un animal très curieux: originaire de l'Espagne méridionale,
il est presque de la taille de notre Salam. terrestre, mais sa queue est
plus longue que le corps et très comprimée; ce qui rend l'espèce particulièrement
intéressante, c'est que les extrémités des côtes prolongées en pointes aiguës et
dures, percent la peau et forment aux flancs une rangée d'épines saillantes. La tête
est très déprimée, les doigts sont effilés et en nombre ordinaire. La couleur dominante
est un brun-noir; mais cette teinte forme sur le dessous, dont le fond est d'un
jaune assez sale et foncé, des taches orbiculaires et serrées.
Quant i\ l 'Afrique, ce continent ne parait pas produire un grand nombre d'espèces:
nous avons dit plus haut qu'il s'y trouve notre Salam. k c rête; et M. Gervais,
Ann. d. se. nat. VI p. 313, a décrit une Salamandre de l'Algérie, appelée Triton
P o i r e t i i , que je ne puis classer avec certitude.
Les Salamandres, observées par nos voyageurs au Japon, appartiennent à cinq
espèces distinctes, dont les deux premières se rapprochent, par leurs formes, des
Salamandres terrestres. Ce sont 1) Salam. naevia, espèce inédite, reconnaissable à
son système de coloration; 2) Sal. ungui cul a t a , indiquée par Houttuyn et Schneider
sous le nom de Sal. japonica, et remarquable par le caractère dont nous avons
emprunté le nom de l'espèce, mais qui n'est applicable qu'aux têtards et aux deux
sexes dans l'époque des amours; 3) Salam. subcristat a ou Molge pyrrliogaster
de Boie, espèce voisine pour le coup d'oeil de notre Salam. à crête d'Eux'ope, mais
très différente par l'organisation de sa tête; Salam. nebulosa, véritable Salamandre
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