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vent de petites plaques surnuméraires au bord des lèvres; les temporales sont au
nombre de deux.
A juger par la figure qu'en a publié Gray et qui problablement a été faite sur le vivant,
il parait que les couleurs de cet opliidien éprouvent, après la mort, des changemens marqués.
Les individus, conservés dans les collections, sont d'un jaune uniforme assez pâle,
relevé en dessus d'un grand nombre de taches rbomboïdales : ces taches, disposées
transversalement, sont d'une teinte plus ou moins foncée selon les individus.
Cette espèce ne parvient guère à une taille plus forte que la précédente. Les dimensions
relatives du tronc et de la queue sont à-peu-près les mômes dans ces deux
ophidiens.
HYDROPHIS COLUBRIN. HYDROPHIS COLUBRINA.
PL. 10.
Plusieurs figures de cet ophidien ont été publiées dans les ouvrages des erpétologistes;
mais elles sont pour la plupart si peu exactes, qu'elles servent à peine pour reconnaître
l'animal qu'elles doivent représenter. M'occupant autrefois d'une monographie des serpens
de mer, travail dont on trouvera l'extrait dans mon ouvrage sur la physionomie
des serpens, je m'attachai particulièrement à faire des portraits exacts des diverses
espèces qui composent ce groupe intéressant d'animaux. Nous publions quelques unes
de ces figures, représentant l'adulte de l'IIydrophis colubrina et plusieurs détails de sa
structure Pl. 19, planche qui accompagne la description plus détaillée queje donnerai
de cette espèce; les figures de la tète de l'adulte et d'un individu l'âge moyen se
trouvent dans mon Essai sur la physion. des serpens Pl. 18-22.
Le serpent dont nous nous occupons porte plusieurs noms dans les systèmes; l'épithète
que nous conservons à l'espèce, a été inventée par Schneider, llist. amph. 4.
p. 238; mais la plupart des auteurs ont préféré le nom de Platurus fasciatus,
proposé par Latreille Rept. 4. p. 183.
L ' ï l y d r o p h i s colubrin a été observé sur les côtes de Pondichery; on en prend
beaucoup près des lies Lioukiou ; il est commun dans la mer des Moluques et habite
également le grand Océan pacifique.
Il s'éloigne des autres serpens de mer par les lames plus développées dont l'abdomen
est revêtu; par ses écailles carrées, arrondies, à surface unie et revêtues d'un épiderme
dur, enfin par ses narines latérales : ces caractères le rapprochent de certains
serpens de ter re, particulièrement des B o n g a r e s , dont il tient aussi par la physionomie.
Il parvient, au dire des voyageurs, à une taille considérable, quoique les individus
conservés dans les collections ne dépassent guère quatre pieds en longueur totale,
dont la queue occupe environ le huitième.
Les jeunes ont le corps entouré d'un grand nombre d'anneaux alternes de jaune
et de noir profond; cette dernière teinte forme, sur l'occiput, une tache assez
large à plusieurs angles, dont l'un se prolonge sur le sommet de la tête; un autre
s'étend en raie jusqu'à l'oeil; un troisième descend en guise de collier sur les côtés
du cou, où il se réunit au noir des parties inférieures. Ces teintes, notamment le
n o i r , deviennent plus ternes chez l'adulte et le dessin en est plus ou moins
distinct.
Le corps de cet Ilydrophis est assez robuste, fig. 4, et comprimé fig. 6; le
dos fig. 5 est tranchant, l'abdomen fig. 5 muni sur la ligue médiane d'un sillon
peu profond. La queue, applatie jusqu'au bout qui est obtus, offre très-peu de
largeur relativement à sa hauteur, fig. 7. La tête est d'une venue avec le tronc,
grosse, obtuse et un peu conique; les plaques, dont elle est revêtue, varient souvent
par rapport à la forme et par la disposition. On remarque en avant de la verticale qui
est en pentagone, une frontale surnuméraire enchâssée entre les deu.v paires de frontales
qui sont peu développées; les occipitales sont petites; il existe plusieurs rangées
de temporales et une double rangée de labiales inférieures; les labiales supérieures
sont assez hautes; on voit une plaque peu volumineuse en avant de l'oeil
et deux derrière cet organe; les. nasales, percées par des narines très-ouvertes, sont
complètement latérales; la rostrale est pourvue en-dessous de deux échancrures,
fig. 2; les mentales enfm sont, à l'exception de la deuxième paire, très-petites.
On compte à cette espèce 23 rangées d'écaillés et 198 à 242 lames abdominales.
L'anatomie de ce serpent présente plusieurs détails assez intéressans, particulièrement
par la conformation des poumons dont les cellules s'étendent sur la trachée,
tandis que sa partie inférieure est prolongée en un sac aërien, tantôt étroit, tantôt
renflé et d'une telle longueur que son bout atteint jusqu'à la région anale.
Ce serpent se pèche en abondance sur les côtes des îles Lioukiou; on vend les
dépouilles séchées et elles sont renommées comme médicament à la Chine et au Japon.