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XIV
puisse à peine être citée comme ayant été parcourue dans toutes les directions et sur
tous les points par d'habiles obserYateurs de la nature.
En effet, ce rayon tropical dont plus de la moitié n'a pas encore été visité par
les européens j nous oiTre, dès à présent, un nombre bien plus considérable d'animaux
que n'en fournit l'Europe entière. La quantité yraimcnt prodigieuse de mammifères,
d'oiseaux, de reptiles, de poissons, d'insectes, de mollusques et de zoophytes, trouvée
dans les îles malaisiennes ou dans les mers dont leurs côtes sont baignées, égale,
surpasse même de beaucoup dans quelques classes les productions du règne animal
de la vaste Afrique, les Anti lopes de cette partie du monde seules exceptées, dont
le très-grand nombre d'espèces est de plus du double plus abondant que celui des
C e r f s et des Antilopes des iles sondaïques. On peut établir, sans crainte de
s'abuser considérablement dans ce calcul approximatif, que la population ailée de ces
iles, égale, peut-être même surpasse en nombre la grande multitude d'espèces d'oiseaux
trouvée dans toute l'Amérique méridionale: sous l'un comme sous l'autre hémisphère,
sont des portions très-étendues de pays vers lesquelles le naturaliste n'a point
encore pu diriger ses pas. L'intérieur de l'Amérique du sud, ¿i-peu-près inconnu,
les côtes du Chili et du Pérou visitées seulement depuis un ou deux ans, promettent
encore ime récolté abondante; mais, quelle riche moisson n'est on pas en droit d'attendre
des travaux qui restent à faire dans l'intérieur de Sumatra, que la commission
des naturalistes Néerlandais exploite eu ce moment. Bornéo, dont Sir St. Railles dit
à juste titre, cet espace de blanc sur la carte du monde, ne peut manquer
d'offrir une foule d'objets nouveaux; quel vaste champ de découverte nous présente
Célèbes, aussi peu connue que Bornéo ; ces deux terres de promission du naturaliste
paieront avec usure, par les richesses qu'elles possèdent, toutes les tentatives faites
dans le but d'en étudier les productions. Les deux iles dont il est question méritent
de fixer, d'une manière toute particulière, l'attention du Gouvernement colonial de la
Néerlande ; aucune nation n'est mieux à même que la nôtre d'en entreprendre l'exploration
scientifique et d'en recueillir les fruits, sans qu'il soit nécessaire de faire pour
cet objet des expéditions dispendieuses.
Les mers, dont les côtes de ces fertiles contrées sont baignées, recèlent encore des
productions non moins rares et importantes que celles découvertes seulement depuis
im très-petit nombre d'années. La riche collection ichtyologique, les acquisitions
importantes dans les classes des animaux invertébrés, fruits des voyages récens, servent
à faire soupçonner des captures encore plus fructueuses si l'on dirigeait sur ces
points les travaux de notre commission scientifique.
Les terres dont nous venons d'offrir l'exquisse, gisent dans cette partie de la
Malaisie, connue sous le nom d'iles de la Sonde. Pour continuer cet aperçu zoologique
des possessions Néerlandaises dans les mers de l'Inde, il nous reste à parler
succintement de quelques iles moins connues du grand archipel asiatique. Ce groupe
porte plus spécialement le nom d'archipel des Moluques ou Malaisie proprement-dite;
dans ces parages, la nature ne se montre guère moins féconde et prodigue que dans
les iles sondaïques. L'agriculture, favorisée par les ressorts puissans que le commerce
fait mouvoir, rend ces iles depuis longtems tributaires, et y attire les européens
qui viennent y cultiver d'une manière plus soignée, on mieux entendue selon leurs
vues monopoliques, toutes ces plantes précieuses qui fournissent les épiccs et les aromates;
mais, et nous le disons ii regret, ce même esprit commercial parait avoir
tenu éloigné de ces belles possessions le cortège plus libéral des sciences et de la
civilisation des peuples ; il y reste encore beaucoup à tenter et immensément i\ faire
pour l'étude de la géographie, de la géologie et de la zoologie. La prévoyance
éclairée du Gouvernement du Roi ne laisse, il faut en convenir, échapper maintenant
aucune chance favorable pour obtenir, sur ces contrées peu connues, tous les renseignemens
dont les sciences pourront, par la suite, tirer parti; des hommes de
mérite, doués d'un zèle entreprenant et du désir de se rendre utile à des fins plus
nobles que celles de nos premiers navigateurs, se hasardent à pénétrer dans l'intérieur
do ces iles, si riches eu trésors de la nature, mais dont le sol productif est envahi
par des races barbares qui se montrent défians, rusés et sanguinaires, suivant les
progrès plus ou moins rapides, qu'ils ont fait dans cette demi-civilisation que leur
apportèrent les sectateurs de l'Islamisme.
Nous énumérons d'abord Célèbes, ile de premier rang; Timor une de second ordre;
et quelques autres moins grandes, telles que Céram, Flores, Boerong ou Bourou,
Gilolo, Amboine, Banda, Ternate, etc.: toutes sont placées sous le même parallèle
que Bornéo, Sumatra et Java, cependant on y a trouvé des mammifères, des oiseaux,
des reptiles et des insectes différons de ceux des îles Sondaïques.
Célèbes, guère mieux connue que Bornéo, offre, par les objets qui y ont été recueillis,
plusieurs espèces de mammifères, et un grand nombre d'oiseaux totalement
différens de ceux trouvés à Java et à Sumatra. Nous sommes encore dans le doute
s'il faut attribuer à Célèbes la même faune et la même flore qu'à Bornéo, dont elle
n'est séparée, dans toute son étendue, que par le détroit de Macassar; sa partie
méridionale ou cap de Macassar, et l'extrémité septentrionale de l'île formée des
districts connus sous les noms de Manado et de Gorontalo, sont les seules parties où
le commerce entretient des factoreries: ces points n'ont été visités que très-superficiellement
par les naturalistes français de l'expédition de l'Astrolabe, et avant eux par le
Professeur Reinwardt, qui n'a fait qu'un court séjour à Gorontalo. Célèbes fournit quelques
plantes nouvelles; des animaux des genres Hylobat e et Semnopithèque ; des
P h a l a n g e r s , nouveau genre d'animaux à bourse qu'on ne trouve point dans les iles
de la Sonde et qui sont, dans l'ancien continent, les vrais représentans des Sarigues
(Didelphis) des contrées parallèles du Nouveau-Monde; enfin lasingulière espèce de Cochon
(Sus babirussa) , dont les crimes du male sont si communs partout, mais dont l'animal
entier et les dépouilles parfaites sont seulement connues depuis l'époque de la circumnavigation
de la corvette française l'Astrolabe: les naturalistes de cette expédition, furent
favorisés, par l'extrême complaisance de notre Gouverneur des Moluques M. Merkus, des
premiers sujets vivans et des premières dépouilles complètes qui ont été vues en Europe O;
le Babirussa vit, dit-on, aussi à Bornéo, mais il n'est nulle-part aussi abondant qu'à
Bourou, oil il habite les marais et les forêts les moins accessibles. On voit encore à
Célèbes dcvix Ant i l ope s , l'une Ant i l o p e depressicornis, le S a p i -Ou t a n des malais;
espèce très remarquable, dont nous devons les premiers sujets au voyage du
(1) Voyez les clolails sur ces animauï; Zoologie du Toyage et parlie historique de l'Astrolabe, où la remise des
baliirussas ii l'oxpodilion française se trouve illustrée par une rlanche lilliograpliiée, Atlas pl. 216, et par de belles
iiîïurcs du mille et de la rcniellc de ce rare mamniirère.