caractérisent tellement, que l'association des idées le grave facilement dans la mémoire. <")
Souvent ils indiquent des rapports de ressemblance (ratio similitudinis) entre les divers
produits du règne animal et végétal (2) et les noms des minéraux sont même l'expression
de la nature de leurs élémens. l^) Les noms des espèces et des variétés des plantes
et des animaux ont plus communément été empruntés aux formes et aux qualités
marquantes, à leurs habitations, à leurs habitudes ou quelque circonstance qui les
caractérise. (*> Jamais les termes ainsi créés ne sont dépourvus de toute signification
comme des milliers de ceux que nous trouvons dans nos systèmes; et quand les Japonais
joignent quelquefois aux espèces des plantes et des animaux les noms propres
des pays", des provinces ou même des hommes, ils établissent constamment entre les
objets et leur dénomination une liaison historique, ce qui, il faut le dire, fait preuve
d'intelligence et est conforme à la vérité. Loin de nous, pourtant, la pensée d'introduire
dans nos terminologies, soit ces noms orientaux, soit leur traduction, et de
les mettre à la place des noms plus appropriés à notre usage; nous ne les proposons
que lorsque leur acceptation est évidemment utile. Les nombreux synonymes des langues
orientales méritent également un examen approfondi: beaucoup d'entr'eux forment
de belles images et pourraient varier agréablement nos nomenclatures arides et
épuisées.
Je terminerai ici cet aperçu historique et physique des reptiles qm habitent les
iles et les mers du Japon. Les éclaircissemens historiques, les réflexions sur leur
distribution géographique et sur leur nomenclature, et quelques autres idées que
j'y ai développées, entraient nécessairement dans le plan d'une exposition introductive.
Tout ce que j'ai dit sur les moeurs et l'habitation de ces reptiles, sur le bien ou
le mal qu'ils font à l'homme, n'est, en thèse générale, qu'un abrégé des descriptions
détaillées qu'on trouvera dans ce livre. J'ai cru toutefois devoir réunir moi-même
ces fds épars, pareeque c'est toujours le voyageur qui peut le mieux former un tableau
physique de ses observations partielles, faites dans le pays même, et d'autant plus
qu'il emprunte à la nature, dont il a reçu les impressions, le cadre et les couleurs
de son tableau. Peut-être les naturalistes de profession pourront-ils regarder comme
superflue cette répétition succincte des faits consignés dans la partie descriptive de
notre Faune; mais, lors même qu'ils méconnaîtraient' l'utilité d'un pareil résumé
pour la composition d'une géographie physique de notre globe; ils ne sauraient regretter
d'y trouver confirmées les observations sur les reptiles que leur présente cet
ouvrage. La pai-tie du public qui, par goût, s'occupe de zoologie, aura surtout suivi
avec intérêt dans l'exposé des particularités les plus remarquables des reptiles du
Japon, le voyageur qui a étudié ces animaux sous le ciel qui les a vu naître et dans
leur liberté sauvage.
LEIDE,
Mai d8S8. P I I FR DE STEBOLD,
(1) Outre les exemples qu'on trouve dans notre tableau synoptique el philologique tics lepliles, nous rapportons
ici en faveur de cette assertion qaelques autres Jénominations japonaises des objets d'histoire naturelle. Le pic s'appelle
i. e. frappeur d'arbre; le Syngnathe Oumikiri, foret de mer; l'Argonaute, Takofoimé, bateau
des sèches — nom dérivé de l'animal qui l'habite; le Taon, Ousi balsi, guêpe de boeuf; le Bourdon, Koumabatsi,
Tuépe-onrs; le Myrmélion, Souri hatsi moud, l'insecte à mortier; on se rappelle la manière ingénieuse de cette larve
d'attraper sa proie; le Kélumbo des Indes, Fa%ou, nid de guêpes — nom emprunté du fruit cellulaire; l'Osyris
Fanaikala, les fleurs sur les feuilles. La Quamoclitte, Jsagaho, vue du malin el le Liseron du Japon, Firougaho,
vue du midi, comme les fleurs du premier s'ouvrent le matin et ceux du dernier à midi; la Cuscute,
kadsmira, liane sans racine; l'Hélianthe, Fikoiirouma, chariot du soleil.
(2) Par eiempl. La Sertulaire, Oiimisougi, cyprès de mer; l'Oursin, Oumikauri, châtaigne de mer; la
S e r p u l e , Siakai, moulc-serpenl ; le Charançon, S6mousi, l'insecte-éléphanl ; le Cerf-volant, Onimm^si, l'inseclediable;
la Scutellère, Gamémousi, l'insecte-tortue ; TUippurite, Oumiloksa, prèle de mer; l'àne Ousagi mouma,
Cheval-lièvre. • , r,. i r • 7
(3) La Chaui , Isihdi, cendre de pierres; l'Asbeste, Isiwala, Coton de pierres. Le Petreole, Jstnoaboura,
huile de pier res; le Stéatite, Rfjseki, pierre de cire.
Î4) Le Pigeon, Falo; Jwo lato, pigeon vert; Kàihaio, pigeon-faisan; Tohalo, pigeon de la Chine;
Ginhato, pigeon argenté; Fou siak halo, pigeon-paon. Le Copie, Fa^i : Kimrofa'.i , gopie noir; Jkafa~.é,
copie ror.ge; Simafa'.é, gopie rayé; Torafa^i, gopie-tigre; Gavafazi, gopie de rivières; Hadajazé, gopie de
l'océan Le Pin, MaUon; Jka maison , pin rouge; Kouro maUou, pin noir; San kono maUuu, p.n a trois
feuilles (dans une gaine); Go}-omals, pin à cinq feuilles. Le Chalef, Goumi; Nals'goumi, chalef d'été; Ah gaum^,
ch d'automne; MarmAagoumi, ch. à feuilles rondes; Navasirogoumi, ch. i, feuilles blanches. La Palalo, Uoukiouimo
l'imo des îles de Lioukiou; les pommes de terre, Yakalraimo; l'imo de Yacatra (Iklavia). Le Piment,
Tôkarasi, poivre de la Chine. Le Cvgne, Tôgan: l'oie de la Chine. Une variété de Lilium eximium est nommée
Tametomoyouri i. e. lis de Tametomo, fameux guerrier, qui l'a rapporté de la conquête des îles de Lioukiou.
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