que celui, figuré par Wagler; il en est, dont les arêtes dorsales sont oblitérées, et
d'autres, oii l'on ne peut retrouver que des vestiges obsolètes des raies, dont le plastron
est communément orné.
La variété japonaise est modelée sur le même type, mais les plaques marginales
postérieures ont le plus souvent des angles saillans; les arêtes des lames latérales
sont moins prononcées; le plastron est plus étroit, et le bord des mâchoires n'a point
d'échancrures. Les couleurs obscures dont tout l'animal est couvert, frappent d'abord
l'oeil du naturaliste: c'est un noir profond eu-dessous, un jaune d'ocre tirant sur le
brun en-dessus, en un mot, de toutes les belles couleurs dont nous avons fait mention,
il ne reste d'autres traces, que quelques lignes noires sur les tempes: comme
si le sol volcanique que cette variété habite, avait pu coopérer, conjointement avec
liniluenee d'un climat différent, pour lui donner cette teinte sombre. Les changemens
dans les formes, selon l'âge des individus, sont très-remarquables. Les petits
ont la carapace orbiculaire et à bords festonnés, la queue plus déliée, les lames dorsales
plus larges que longues et les mâchoires descendant, depuis les narines, en
arrière. Nous renvoyons, pour mieux saisir ces diiFérenees, aux portraits que nous
avons fait tracer d'après des individus dans les trois périodes principales de la vie.
Notre planche 8. fig. 1. représente le jeune de la variété japonaise; fig. 2 et 3. est
un individu à l'âge moyen; un sujet très-vieux, déjà remarquable, parce que ses lames
sont totalement usées et mutilées, est dessiné au trait, planche 9. On peut consulter
pour la comparaison des variétés les profils, planche 8. fig. 4 et 5; la 4™ figure
représente la variété du Japon; la 5"" est d'un individu de Dalmatie.
Il n'est pas rare de trouver parmi les tortues rapportées du Japon ou des iles
de la Sonde quelques individus dont le bord postérieur de la carapace est perforé
par un petit trou rond. Les habitans de ces contrées ont la coutume d'apprivoiser
plusieurs de ces animaux à cuirasse, comme les To r tue s ou les Pang o l ins : ils
perforent dans ce but une de leurs écailles pour y passer un fil, qui tient l'animal
attaché et qui sert de limite à ses excursions. Thunberg applique un fait semblable
à une tortue marine, erreur qui a engagé des naturalistes modernes à en tirer des
conclusions erronées. Mr. von Siebold ayant été à même d'établir des observations sur
des sujets vivans du Japon, nous communiquons ici les notes consignées par lui.
»L'adulte est appelé chez les Japonais: Game , ou I s i - g ame ce qui
»signifie: To r tue des p i e r r e s ; le jeime, regardé par les indigènes comme espèce
»différente, est au contraire désigné sous le nom de Ko - g ame , ce qui veut dire
» p e t i t e Tor tue. Cette Emyde habite les bords des rivières et des ruisseaux de
»presque toutes les provinces du Japon; mais elle ne se trouve nulle part en abondance.
»Les petits fréquentent en société les endroits peu profonds des rivières, dont le fond
»est rocailleux ou couvert de pierres roulées; plus avancés en âge, ils vont aussi à
»terre et se portent souvent à des distances considérables des eaux, ce qui leur a fait
»donner par les Japonais le nom de î-Vî^a J ama - g ame , Tor tue des mont a gne s :
»les adultes enfin vivent solitairement, et peuvent se passer du séjour des eaux du-
»rant des mois entiers. Leur nourriture consiste principalement en vers, en insectes,
»en petits poissons et en autres substances, dont le limon abonde. Elles viennent
»de temps à autre la surface des eaux pour respirer. J'ai vu sortir intervalles
»réguliers, de l'anus d'un individu adulte reposant sur le fond sablonneux d'un ruis-
»seau limpide, une bulle d'air ou d'eau, qui dispersait le sable d'alentour O. Atta-
»quée elle retire les membres dans la cuirasse comme les autres tortues. Il est
»souvent fait mention dans la mythologie japonaise, d'une tortue de terre à queue
»large, longue et poilue, sous la dénomination de -yViçA Mino- g ame , ce qui si-
»gnifîe: Tor tue à mant e au: cet animal merveilleux est représenté comme symbole
»de bonheur et de longévité; on en voit les images sur des dessins ou sculptées, soit
»en bronze, soit en pierre, dans les maisons comme dans les temples japonais et
» chinois P). Les Japonais conservent une autre tradition sur un géant, fameux par
»les fables nombreuses que l'on débite sur sou compte: ce monstre habite, dit-on,
»les rivières; il est doué d'une force irrésistible et enlève les enfans. Les indigè-
»nes le nomment îç^vSN.TsÇn Kawa - t a - r o o , ou S u i k o , ce qui signifie: tigre
»aquatique. Tout le monde en a entendu parler; beaucoup de personnes prétendent
»l'avoir vu, et Kawa t a r o o est le signal de la terreur chez les hommes de tous les
»âges. Des Japonais instruits, même quelques savans de cette nation, quoique gé-
»néralement peu enclins à la superstition, affirment l'existence de cet être; et le
»prince de Tsiku-zen prétend être en possession d'un individu monté, dont ce uatu-
»raliste Japonais a bien voulu me commimiquer le portrait. En l'examinant on
»s'aperçoit facilement que le tronc et les extrémités sont empruntés d'un Chélonien,
»dont on a tellement défiguré la forme, qu'il est impossible de reconnaître l'espèce,
»qui a servi de modèle à. cette invention monstrueuse."
14 ESP. EMYDE PONCTULAIRE. EMYS PVJSCTULARIA.
Une des espèces les plus communes de la Guyane d'oii, fréquemment apportée par
des bâtimens, elle nous arrive souvent vivante. Elle a des dimensions peu fortes.
On la distingue à sa carapace ovale et bombée ; à l'arête dorsale prononcée ; au
plastron à partie postérieure large; enfin, à une tache eu fourche d'un beau rouge
vermillon sur la tête, accompagnée quelquefois de plusieurs autres taches ou points
de la même couleur. Le rouge orne également quelques parties du cou et les grandes
écailles des extrémités sont, en outre, bordées de noir. Les lames de la carapace
portent des stries en rayons et des lignes concentriques très-prononcées, ce qui les
rend assez rudes au toucher ; celles du dos ont peu d'étendue. Le plastron est d'mi
brun noir bordé de jaune et échancré à son bout postérieur, de même que la carapace.
La couleur des autres parties est d'un beau vert olivâtre très-foncé, ou tirant sur
le brun. La queue est peu longue. On trouve quelquefois des variétés ; mais elles
se bornent particulièrement à une disposition différente dans les taches qui ornent
la tête.
Daudin a décrit cette Émyde sous le nom que nous lui avons conservé, mais en
(1) Ce fait s'accorde pnrfailement ,lTec une obserTation de Mr. Bory de St . Tinc ent ; E i p é d . Eel a t . p . 113. L a
ïoi c i : Elles semblent receToir aTCC plaisir l ' e au, qu'on leur verse dans la gueule ou plutôt dans le bec. Cette eau
passe avec une surprenante prompt i tude; quelques individus le rendent presqu'à mesure qu'ils l 'avalent , mais ternie et
de la couleur du petit lait.
(2) On a porté si loin la manie de faire des espèces, que cet être imaginaire a été introduit dans la métliode.
Voyez la ligure de cette tortue symbolique sur le titre de notre Faune.