CCS tortues fourmillent sur les rocs isolés d'Ascension. D'après Durand C)^ elles se trouvent
en grand nombre sur les côtes d'Afrique au Sud du Cap Blanc. Elles s'avancent
pendant leur courses jusque vers le Cap de Bonne Espérance, comme le prouvent plusieur.s
individus, envoyés par le Dr. van llorstok au Musée des Pays-Bas. Cet établissement
doit un sujet, pris dans le Canal de Mosambique, aux soins de Mr. Dussumicr, amateur
zélé d'histoire naturelle et voyageur infatigable. L'ile de Rodiguez P) fut autrefois,
peut-être comme la plupart des Iles isolées ou inhabitées du grand Océan, le
lieu de retraite favori des Tortues franches; mais ces animaux, refoulés par les
poursuites des hommes, ont quitté ces iles, et se sont retirés sur celles situées plus
vers l'Equateur, comme les Séchelles, oii les babitans de l'ile de France ont été
contraints, depuis les dernières années, d'en aller chercher P). L'individu, figuré par
Bruce W, était originaire de la Mer rouge, et il est probable que ces tortues fréquentent
les petites iles et les récifs de coraux, connus sous le nom de Laquedives et Maledives.
Elles sont très-communes dans tout l'Archipel Indien, et particulièrement dans
la mer des Moluques. Les envois multipliés de nos voyageurs et particulièrement
ceux faits par Kuhl et van Hasselt en contenaient les dépouilles. Elles ont été rencontrées
par Dampier sur la côte Sud-Est de Célèbe, au Word-Est de Bouton P).
Le Professeur Reimvardt a expédié au Musée des individus, provenant de Menado
sur les côtes de l'ile de Célèbe, et de la petite ile de Saparua. Mr. Macklot en a
souvent vu pendant son voyage de Java aux Moluques et à la nouvelle Guinée. Nous
devons à ses soins des sujets, capturés sur l'ile de Samao située à l'Est de Timor,
])rès des îles Aroo et dans la Baie Lobo sur la côte orientale de la nouvelle Guinée.
Dampier W en a vu jusqu'cà Mindanao et Mr. von Siebold sur tous les points, pendant son
voyage de Java au Japon. Ce même savant a eu l'occasion d'examiner un individu,
pris en mer près de Nagasaki; selon les babitans du pays, ces tortues fréquentent les
côtes orientales et méridionales des îles Sikok et Kiousjou. Les iles Mounin O en
fourmillent. Mr. Lesson P) en a vu sur les côtes de "Waigiou, sur les iles basses
d'Aiou et leurs récifs, dans le Havre Dorery à la nouvelle Guinée, et sur les côtes
de la nouvelle tlande; le Capitaine King P) sur la côte Nord-Ouest, Cook <•") sur la
côte Nord-Est de la nouvelle Hollande et Dampier dans la Baie des chiens marins
sur le même continent. Cook frappé de la multitude de ces animaux sur une
petite ile située entre les Archipels de Fidji et de la société, en a emprunté la dénomination;
elles n'étaient pas moins fréquentes sur l'ile solitaire de Noël Les ob-
(•) Voyage au Sénégal pag. 16. p]. 18.
i-) Léguât Toy. el aTCnt. roi. I. p. 9.3.
(3) Fieurieu voyage de Marchand vol. 4. p. 218.
i^) Trarels vol. 5. p. 215.
(5) L. c. Tol. II. chap. IS.
(6) L. c. TOL. II. chap. 14.
(') BuUet. des Sciences géographiques, année 1827.
(8) L. c. p. 13 SUiT.
(9) jN'arrat. ol a Surrey etc. Lond. 1827. vol. 2. Zooi, p. Mr. Gray,
(10) Toy. 8°. Toi. 7. chap. 4.
(11) L. c. Tol. 4. chap. 3.
(12) Second voy. p. 24.
(13) Trois. Toy. TOI. 2, p. 188.
servations récentes de Mr. Lesson -i') constatent leur abondance sur les iles des amis
et dans l'Archipel de la société. Dampier ('-) enfin, en a vu aux iles Galapagos, près
du Cap Blanc et à l'ile de la Plata sur les côtes occidentales d'Amérique.
Les observations d'une date reculée coirsignées dans le Dictionnaire de Bomare,
relativement à l'existcnce de ces animaux sur les côtes occidentales de la France,
sont trop vagues, pour les citer comme faits. Il serait ii désirer, que Mr. Clocfuet P),
qui dit avoir reçu de jeunes individus du Havre et de Dieppe, voulût établir la comparaison
des petits de cette espèce et de la suivante; car il importe de savoir précisément,
si la Tortue franche s'avance si loin vers le Nord.
La Tortue franche est appelée au Japon: .ÎN'y'i^^'s, Oumi game, qui veut dire
Tortue de mer. L'individu observé vivant par Mr. von Siebold pendant trois jours,
faisait entendre quand on le harcelait, un son beuglant. L'histoire ancienne du Japon
fait mention de la carapace d'une énorme Tortue de mer, dont le pilote du célèbre
Micado Japonais Zinmou se servait, dit-on, en guise d'embarcation, lors de son expédition,
effectuée 667 ans avant l'ère chrétienne, le long des côtes orientales de Kiousjou.
L'idée d'employer la carapace des grandes tortues à cet usage est si simple qu'elle
parait avoir pris son origine chez diiTérens peuples du littoral, puisque Diodore de
Sicile nous a conservé une pareille tradition d'individus naviguant sur la mer rouge.
Mais il est plus probable qu'ils auront emprunté la forme de leurs premières embarcations
de celle des carapaces des tortues; quoique Dampier assure, qu'un jeune marin
s'est servi de la cuirasse d'une grande Tortue de mer, pour se rendre de la côte au
vaisseau de sou père, alors à l'ancre dans la baie de Campêche.
Il parait que la Tortue franche se nourrit exclusivement de substances végétales
marines, comme il résulte des observations de Catesby, Feuillé et Cook.
3 ESP. LA CAOUANNE. CHELONIA CEPIIALO.
La Caouanne est la seule espèce parmi les Tortues de mer, qui habite les côtes
d'Europe; encore ne se trouve-t-elle que dans les parages méridionaux de cette
partie du monde. Elle n'offre pas une chaire aussi bonne que celle de la Tortue
f r a n c h e , ni des écailles aussi propres à être employées dans les arts que celles du
Caret: ces écailles sont dans la Caouanne très-minces, d'un brun terne et obscur,
peu variées et souvent raboteuses; la chair est rance, et sans autre utilité, que pour
en tirer le fluide huileux. La Caouanne réunit à une forte taille des formes plus
massives encore que le Sphargis, et se distingue particulièrement par la grosseur de
la tête. La carapace est plus large et plus bombée que celle des autres espèces, son
diamètre vertical étant plus élevé: sa forme est en coeur; le bord vers l'extrémité postérieure
est un peu concave et terminé en pointe recourbée vers le plastron. Les lames du
dos sont relevées en bosse. La première est très-petite: son étendue est diminuée par
l'existence d'une cinquième paire de lames latérales; le nombre des lames marginales
est également augmenté d'une paire, et cette disposition sert d'indice principal pour
reconnaître cette espèce et la distinguer des doux autres. Les lames d'un brun obscur
(1) L. c. pag. 9.
(-) L. c. vol. I. chap. 5.
(3) Dicüonn, d. sc. iialur. chez Levraull. torn. 8. p. 373.