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daert ont tellement ombarrassë les naturalistes, qu'on a été long-temps sans pouvoir
assigner à ces animaux une place dans les systèmes; même aujourd'hui, grdce à ces
indications incomplètes, ces difficultés n'ont pu être totalement levées. Nous devons
à Mr. GeoiTroy St. Hilaire des ligures très-exactes de l'espèce Africaine O; elle habite
principalement le Nil, d'où le Musée des Pays-Bas en a reçu plusieurs sujets par les
soins de Mr. Ruppell; mais il parait qu'elle se trouve aussi dans la plus grande partie
de l'Afrique, puisque Mr. Gray (-) fait mention de son existence au Congo, et que
GeoiTroy P) en parle comme habitant le Sénégal ('').
Cette espèce est parfaitement caractérisée par le nombre infmi de petits points
ronds, blanchâtres, dont la surface d'un vert obscur de la carapace est comme parsemée;
les pai-ties inférieures sont claires, la tète ondulée et marbrée des deux teintes
dominantes. Le plastron ressemble à celui de l'espèce Américaine, en exceptant
que son apophyse interne de la seconde paire des pièces moyennes est plus large et
divisée en plusieurs branches, et que le plastron est plus étroit à son extrémité postérieure.
Les bords membraneux, dont la carapace est entourée, sont plus étendus
cjue dans aucune autre espèce du genre; la tète est étroite et très-comprimée, et le
museau allongé. Elle atteint un taille considérable.
3 ESP. TRIONYX ÉTOILE. TRIONYX STELLATUS.
Le Trionyx étoilé est une des espèces les plus répandues et les plus vulgaires.
Le jeune Trionyx, décrit par Boddaert et figuré par Schneider P>, doit probablement
être rapporté ici; ce sujet a été reçu dans les systèmes sous les noms de Testudo
cartilaginea et Test. Boddaertii. Le Testudo membranacea W de
Blumenbach appai-tient également à notre espèce; mais cette figure, comme celle du
Test, rostrata de Thunberg, est dessinée sur un individu séché. On trouve
dans l'omTage erpétologique de Mr. Wagler W d'excellentes figures d'un jeune Trionyx
stellatus; celles du sternum ont été fourmes par Geoffroy
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(1) Aimales (les scienc. natur. TO). 14. pag. 1. SUIT. pl. 1 et 2. — Descript. de l'Égyple 2™" édit. Toi. 24. pag. 1 ;
Allas Tol. 1. Rept. pl. 1. fig. 1 et 1'.
(2) Gray 1. c. p. 46.
(3) Bescript. de l'Égjple TOI. 24. p. 2.
(i) n nous était pénible de ne pouToir nous procurer un ouTrage sur les tortues publié récemment , qu'au momenL de liTrer
ces feuilles à Timpression ; nous Tenons de recevoir les quatre premières lÎTraisons de cette belle monographie, ornée de tout le
l i n e typographique et de figures sur le Tirant, d'une exécution très-soignée et qui ne laissent rien à désirer. HXr. Bell
y décrit et donne la figure d'une espèce, sous le nom de Tr ionyï labiatus que, d'après toutes ses formes eitérieures
et selon les couleurs, nous jugeons être la même que notre Tr ionyx niloticus: les diniirences osléologiques
signalées par Mr. Bell dans le texte, et qu'il croit erronément être disparates de celles du T. ni lot icus nous
fournissent la preuTC, que le sujet dont il décrit la charpente osseuse est un jeune niloticus: (voyez nos observations
sur le développement du squelette des Tr ionyx) . — Celte indication d'un individu originaire de Sierra-Leona sert de
preuTC nouvelle de l'existence de notre espèce, sur une grande étendue de l'Afrique. — .Mr. Gray vient de publier le
portrait d'un individu de ce T r i o n y ï proTcnant des grands fleuves de l'Indouslan, où respccc parvient ii une (aille
énorme; voyez Indian Zoologie; Tr. aegypLiacus var. indica.
P ) Naturgesch. d. Schadtr. 1 Beitr. lab. 1. fig. 1 cl 2.
(6) Ibid. tab. 2.
(7) Neue Schvved. Abhandl. vol. 8. p. 172. pl. 7.
(8) L. c. tab. 2. f. 1—9.
(9) Aon. d. Musée t. 14. pl. 3. f. J et B. sous le nom de Tr. javanicus.
La carapace est aussi bombée que celle du Tr. niloticus; sa surface est comme
lagrinée par de nombreux petits grains, et pourvue en outre de plusieurs stries ir-
cliagi
réaulières et longitudinalement disposé
que chez la précédente. Le plastron est très-simple, rarement muni de plans raboteux
„t inTio-itudiualement disposées. Le bord membraneux a moins d'étendue
qui s'offi-ent quelquefois sous la forme de bandes transversales à la suture des
os niitoyens. La tête est un peu plus large que dans l'espèce du Nil; mais le museau
est plus court, et la trompe nasale moins longue que chez le Tr. ferox. La queue,
ordinairement exiguë, varie dans la longueur suivant les individus; nous en avons
trouvé le nombre des vertèbres de 15 jusqu'à 18. La couleur des parties supérieures
est partout d'un vert sal et foncé, parsemé d'un nombre infini de petits points ronds
et blanchâtres, qui ont plus d'étendue sur la tète, dont ils occupent les cotés en forme
de grandes taches : ce dessein se perd dans la teinte jaunâtre uniforme, dont les parties
inférieures sont colorées. Cette distribution des couleurs est peu distincte dans l'adulte.
Les jeunes se reconnaissent à la crête saillante du dos et aux stries raboteuses,
dont lem- carapace est munie, et qui ne disparaissent qu'avec l'âge. Les petits points
semés confusément sur les parties supérieures sont très-peu apparens, souvent presqu'
imperceptibles, ou interceptés par des taches en forme d'étoiles; quelquefois la carapace
est ondulée par des nuances foncées, et quelquefois sa surface offre de grandes
taches isolées en forme d'oeil.
M. M. Reinwardt, Kuhl et van Hasselt, Boie et Macklot ont fait des observations sur
cette espèce, et nous devons aux soins de ces voyageurs, qui ont parcouru l ile de
Java dans toutes les directions, une suite complète composée d'une vingtaine d'individus
dans toutes les périodes de l'âge; les plus grands ont trois pieds de longueur
totale. Hamilton W a observé l'espèce sur le Gange.
Mr. von Siebold a trouvé au Japon un Tr ionyx, que nous rapportons provisoirement
à cette espèce, comme variété constante de climat; car les différences très-peu marquées
qu'elle nous offre, ne sont pas de nature, comme on va le voir, à en former une
espèce distincte du Trionyx stellatus. N'ayant pu examiner que de jeunes individus
de la variété japonaise, et croyant pouvoir supposer l'existence de l'espèce en
Chine et dans plusieurs iles du grand Archipel des Indes, où sans doute elle aura produit
des variétés intermédiaires entre celles de Java et du Japon, nous avons préféré
de suivre l'opinion énoncée, appuyée par les observations que nous donnerons à l'article
de l'Emys Spengleri. Si au contraire, notre manière de voir ne se trouvait
pas confirmée, on pourrait choisir notre seconde épitliète pour désigner le Trionyx
du Japon. Nous croyons cependant qu'il est toujours plus prudent de s'abstenir de
toute introduction d'espèce nouvelle, qui ne serait pas suffisamment constatée et basée
sur des formes disparates.
Mr. Gray fait observer dans la diagnose du Trion. stellatus, que cette espèce
se distingue par une ligne noire entre les yeux; nous ajoutons comme caractère de
la variété du Japon, qu'une ligue semblable existe de chaque côté du museau: elle
prend naissance à la hase du nez, passe sur les yeux et aboutit à l'occiput; la tache
centrale de la tête et les lignes irradiantes dont Mr. Gray fait mention dans sa
description, sont remplacées chez nos individus du Japon par quelques taches et lignes
(I) Gray 1. c. p.