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séparation des intestins. Les reins sont très-petits; la vessie est spacieuse et de forme
ovale; la rate est de grandeur médiocre; le foie est volumineux, divisé en trois
lobes, dont le premier porte dans la courbure de l'eslomac; la vésicule du fiel se trouve
dans le dernier de ces lobes: elle se décharge du fluide sécrété par le foie, en
un seul canal, qui perfore le duodénum une distance considérable du pylore.
On a rarement observé jusqu'à présent des variétés chez les Trionyx: celles qui
nous sont connues paraissent offrir toutes les indices de légères différences dues i\ l'influence
du climat; il en est aussi de purement accidentelles, produites, le plus souvent,
par la contraction et le racornissement qu'éprouvent les parties molles dont les tégumens
sont composés: telles sont le plus grand nombre des individus montés et séchés.
Les petits diffèrent sous beaucoup de rapports de l'adulte. Nous avons rendu compte
plus haut des modifications que subissent chez les jeunes individus, durant leur développement,
les côtes et l'os impair de la carapace; nous remarquons encore que
la distribution des couleurs, dans cette période de la vie, est plus distincte et plus
vive, ce qui fait que leur carapace est ornée de taches oeillées quelquefois très-bien
dessinées. Les callosités ou plutôt les plans raboteux du Sternum ne se développent
guère qu'avec l'âge; ils sont très-oblitérés dans les jeunes.
Il parait que les anciens ont connu les Trionyx, quoique d'une manière trèsimparfaite;
la seule autorité que l'on cite à cet égard est Aristote <•); l'espèce décrite
par lui, doit être considérée comme le Trion. aegyptiacus, si toutefois son
a^ifios est un animal de ce genre. Mr. Geoffroy St. Hilaire P), auquel la science doit
les meilleures observations relativement à la manière de vivre de ces tortues, a établi
le genre Trionyx. Nous savons principalement par les recherches de ce savant,
comme par celles de Sonnini, Bartram et Bosc, que les Trionyx habitent toujours
les rivières, qu'ils sont très-agiles, vigoureux, farouches et féroces, qu'ils se mettent
en embuscade, cachés sous les racines des joncs et des plantes aquatiques, pour
guetter leur proie, consistant en jeunes crocodiles, reptiles, molusques et même en
oiseaux, et qu'ils sont si voraces, qu'ils ne dédaignent pas même les cadavres P).
Nous avons trouvé dans l'estomac de l'espèce de Java de nombreux débris de coquilles,
que ces tortues brisent probablement avec leurs mandibules fortes, en dévorant l'animal
avec son enveloppe calcaire.
Cette famille est propre aux climats chauds; on en connaît plusieurs espèces des
rivières d'Afrique, d'Asie et de l'Amérique septentrionale.
1 ESP. TRIONYX FÉROCE. TRIONYX FEROX.
Cette espèce est l'unique représentant, connu de ce genre dans le nouveau monde;
on ne l'a trouvé juscpi'à présent que dans les contrées chaudes de l'Amérique du Nord;
le Musée des Pays-Bas en a reçu, par les soins du professeur Trost de Nashville, une
suite complète d'individus capturés dans les rivières Cumberland, Tenessy et Ohio.
C'est de toutes les espèces de Trionyx celle qui a la carapace la moins bombée;
mais les pièces, qui correspondent aux apophyses épineuses des vertèbres dorsales sont
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relevées et forment, le lóng du dos, une ligne saillante; particularité qui détermina
Mr. Geoffroy St. Hilaire, à considérer un individu chez lequel ce caractère est
très-prononcé, comme espèce distincte: c'est son Trion. carinatus.
La pièce impaire se soude aux côtes dans l'âge moyen; elle sert alors de complément
au contour de la carapace, qui se présente sous une forme ovoïde, dont le bord
membraneux est particulièrement évasé à sa partie postérieure. Le cou est très-allongé
et peu gros, la tête étroite; le museau et le nez sont effilés.
" La belle teinte d'un jaune verdâtre, propre à cette espèce, est plus foncée sur la
carapace; elle est nuancée sur les parties supérieures par de petites taches en forme de
points, dont une série disposée en cercle, borde la carapace, tandis qu'elle est variée
sur le centre de grandes taches irrégulières et oblitérées. Les parties inférieures
sont plus claires et uniformes. Deux raies noires naissant du museau sont prolongées,
en passant sur les yeux, jusqu'à l'occiput; leur intervalle est d'une couleur
claire: elles forment un dessein très-beau et parfaitement disposé pour servir de premier
moyen de distinction spécifique.
Le plastron est pointu en avant, arrondi au bout postérieur, et se distingue par
quatre callosités qui occupent la majeure partie de la surface des os postérieurs et
moyens. La seconde paire des os moyens est réunie au milieu du plastron par une
apophyse mince. La queue est plus longue que dans les autres espèces. Nous avons
représenté la tête d'un individu à l'âge moyen, planche 5 fig. 5.
La distribution des teintes varie souvent dans cette espèce: tantôt les taches noirâtres
dominent tellement sur les extrémités, qu'elles obscurcissent totalement la couleur
du fond de ces parties; chez d'autres, la carapace est ornée de lignes noires semi
circulaires, formant des taches en forme d'oeil; enfin il en est qui ont cette partie
d'une teinte absolument uniforme, sans dessein apparent. Les petits sont très-reconnaissables
par la délicatesse des formes et la distribution des couleurs: la teinte olivâtre
domine dans cet âge; la bande aux côtés de la tête est très-distincte; la carapace
bordée d'un liseré clair, a sa surface parsemée symétriquement de petits points
obscurs; les autres parties sont finement marbrées.
Bartram W a le premier décrit et figuré cette espèce ; nous devons à ce voyageur ainsi
qu'à Bosc P) des renseignemens sur sa manière de vivre. Daudin l'a dédié au premier
de ces naturalistes; mais le nom qu'il a inventé, a été changé par Schopff en celui de Testudo
verrucosa. Pennant l'a d'abord introduite dans les catalogues méthodiques
sous la dénomination qu'elle porte en tête de notre article, et que Mr. Geoflroy a
changée en celle de Trion. georgicus, qui a depuis été adoptée par tous les naturalistes.
L'existence de l'espèce, désignée par Lesueur sous Trion. muticus, nous
parait fort suspecte.
2 ESP. TRIONYX DU NIL. TRIONYX NILOTICUS.
La découverte du Test, triunguis do Forskâl et les descriptions de jeunes individus
de différentes espèces de Trionyx fournies par Thunberg, Lacépède et Bod-
(1) Ilist. Animal, 1. 8. c. 2.
(-) Annales du Mus. d'iiisl. nat. Toi. XIV. pag. 1. suh ; et Desor. de l'ÉgypIe 2°. edit. vol. 24. p. 1. suiv.
Î3) Gray Synopsis of Reptiles part, 1. p. 45.
(1) Voyage 8". pl. II. pag. 307.
(2) Daiuliii Kept. vol. II. p. 72^
(3) Philos, Transact, vol. Gl. p], 10. Eg. 1—3.