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COULEUVRE QUATRE-BANDES. COLUBER qUAüRIVIRGATUS.
PL. 2.
Pour distinguer cette espèce de Ici précédente avec laquelle elle a de nombreux rapports,
il suffit de remarquer que sa téte est moins grosse, plus conique, le plus sou-
Tent d'une teinte claire et revêtue, au sommet, de plaques de forme plus alongée;
que la couleur dominante est ordinairement plus loncée; que le tronc est entouré
de 19 rangées d'écaillés seulement; qu'elle ne parvient pas à une aussi forte taille
que la Couleuvre à bandes et qu'on lui compte un nombre moins élevé de lames
abdominales et souscaudales.
Cette espèce décrite par feu Boie O, sous le nom que nous adoptons, a été rapportée
du Japon par M.M. BlomlioiF, de Siebold et Bürger. Les jeunes ressemblent,
pour le système de coloration, à ceux de la Couleuvre à bandes; mais lès taches du
dos, dans cello du présent article, sont moins serrées et consequemment moins nombreuses:
elles se réunissent avec l'âge et forment, dans les adultes, quatre raies longitudinales,
foncées et assez distinctes, surtout lorsque la couleur du fond est claire;
mais, dans un grand nombre d'individus, cette teinte est tellement foncée que l'on
ne distingue que des marbrures irrégulières sur un fond presque noir.
Les très-vieux individus de cette espèce sont longs de quatre pieds, dont la queue
occupe à-peu-près le cinquième. Le nombre moyeu des plaques abdominales et souscaudales
est de 205-f-88.
Les figures de profil et de la téte vue en dessus, se trouvent dans mon Essai sur la
physionomie des serpens Pl. 5 fig. 15 et 16. La planche 2 de la faune du Japon
offre les autres détails de l'organisation extérieure de cette Couleuvre: fig. 1, indi-r
vidu à-peu-près adulte; fig. 2 téte vue en dessous: fig. 3 plaque rostrale; fig. 4 et 5
coupe horizontale du tronc et de la queue; fig. 8 portion du tronc, vue en dessous;
fig. 6 et 7 parties antérieures et une portion du tronc vues de côté: ces deux dernières
figures sont faites d'après un jeime sujet.
Les Japonais désignent cette Couleuvre sous le nom de Karasu
Kuisinaha, ce qui veut dire serpent corbeau, épithète qui fait allusion à la
couleur noire qu'offre souvent la livrée de cette espèce. Les naturalistes chinois
veulent que ce serpent habite les joncs et les broussailles, et qu'il ne fait pas de mal
à l'homme; ils ajoutent ensuite qu'il n'attaque jamais un être vivant quelconque,
mais se nourrit simplement de la rosée dont les ileurs sont couvertes. — Il appartient
au nombre des espèces rares au Japon et se tient de préférence dans les buissons
et dans les haies qui bordent les chemins et les champs situés dans les hautes
vallées. Il est assez leste dans ses mouvemens et très-farouche, ce qui fait qu'on
en prend rarement et avec difficulté. Persuadés de l'innocence de ce serpent et fidèles
à la foi qui leur défend de tuer sans nécessité des êtres vivans, les paysans japonais
épargnent cette Couleuvre d'autant plus volontiers que la croyance populaire
attribue à ces reptiles un naturel doux et paisible.
(1) Isis 1826 p. 200.
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COULEUVRE A BANDES. COLUBER VIRGATUS.
Pl. 2. (')
Les deux Couleuvres dont nous allons traiter d'abord, sont si extrêmement voisines,
qu'il est impossible de les distinguer sans avoir eu sous les yeux une suite complète,
composée d'individus de tous les âges de chacune d'elle.
On peut comparer celle du présent article à la Couleuvre quatre-raies de l'Europe
méridionale. Son tronc est long et im peu comprimé, sa téte grosse et arrondie au
bout, l'abdomen anguleux, la queue déliée mais robuste: ce membre occupe un cinquième
environ de la longueur totale, qui s'élève quelquefois jusqu'à six pieds. Les
lames abdominales sont au nombre de 240, celles du dessous de la queue de 110
environ. Cette espèce a les écailles surmontées d'une carène et disposées sur 23 rangées.
Son anatomie n'offre rien de particulier: la bouche est garnie de dents, semblables
absolument à celles de la plupart des autres Couleuvres. Les teintes sont extrêmement
sujettes à varier: elle ne varient pas seulement d'un individu à l'autre, mais
elles éprouvent aussi de grands changemens par le développement de l'animal. Dans le
jeune âge, la couleur du fond est un gris tirant au jaune: cette couleur est relevée,
sur les parties supérieures, par un grand nombre de taches en forme de bandes transversales
d'un brun plus ou moins foncé et bordées de noir; une autre série de taches
moins grandes régnent le long des flancs; on voit derrière l'oeil une raie noire qui
s'étend jusqu'à l'angle de la bouche. A l'âge moyen, les teintes sont plus foncées et
les taches moins distinctes. Elles disparaissent pi-esque totalement dans les adultes,
qui ont le corps d'un gris-brun tirant à l'olivâtre, et il ne reste du joli dessin qui
orne la robe des jeunes, que deux ou quatre bandes longitudinales et foncées, le plus
souvent interrompues et peu distinctes. Les angles de l'abdomen sont ordinairement
marqués d'une raie jaunâtre assez fine, et cette couleur jaune s'étend également sur
la gorge qui est nuancée et marbrée de teintes plus foncées.
C'est de tous les serpens du Japon, l'espèce qui parvient à la plus grande taille.
Elle fréquente ordinairement les lieux cultivés et s'établit souvent sous les toits de
paille, ou même sous le plancher des maisons, dont la construction particulière contribue
à offrir à ces animaux un asyle commode et sur: c'est là qu'ils font la chasse
aux jeimes rats et qu'ils s'emparent des jeunes moineaux et des hirondelles. Certain
auteur japonais ajoute à ces faits, que ce serpent poursuit les femelles des rats lorsqu'elles
sont pleines, afin de leur ouvrir le ventre pour dévorer les foetus, dont cette
Couleuvre est assez friande. Eelle s'appele en japonais Nesumidori, nom qui
signifie chasseur aux rats; elle est aussi connue sous la dénomination de
Saio-mcgui-i, ce qui vent dire se promenant autour des villages.
Notre Planche 2 représente un individu à l'âge moyen; la tête de ce même individu
se voit sous fig. 2 (le dessous); fig. 3 représente la plaque rostrale, fig. 4 la coupe
horizontale du tronc et fig. 5 celle de la queue; fig. 8 fait voir une portion du tronc
et de la queue vue en dessous. Les fig. 6 et 7 sont faites d'après le jeune: elles
représentent im morceau du tronc vu en dessus et de côté.
(1) Colle pianelle porlo par miprise le nom de Coluber guadrivirgahis.