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II
Aujourd'hui je puis ollVir au public le premier volume de la Faune du Japon,
contenant la description des reptiles. Des motifs d'une haute importance m'ont
déterminé i\ entrer dans cette voie nouvelle, et a donner à la publication des reptiles
la priorité sur celle des autres animaux vertèbres. L'auteur de l'Essai sur la physionomie
des serpens W M. Schlegel, soutenu par la coopération bienveillante de M.
Temminck, s'est chargé de la rédaction de la partie des reptiles, au moment oii il
s'occupait spécialement d'herpétologie. Ce savant vient de disposer les beaux matériaux
qui abondent au musée des Pays-Bas, et de décrire les Ophidiens, suivant
une méthode aussi nouvelle qu'ingénieuse. Je me suis empressé d'établir cette partie
de ma Faune sur une base posée par M. Schlegel, après de profondes études, et stir
la foi des découvertes les plus récentes.
Un autre motif non moins puissant nous porta à faire paraître la partie erpétologique
avant celles qui traitent des autres animaux vertébrés. Ce fut la conviction
que le sol japonais, en ce qui concerne les reptiles, est exploité avec la plus scrupuleuse
exactitude, et qu'après la catégorie que nous publions aujourd'hui, on ne
saurait plus attendre dans cette spécialité de faits nouveaux de quelque valeur.
Dans les collections de M. Bürger, on trouve, à l'exception d'une rainette-Batrac
i e n dont l'origine japonaise me parait encore douteuse, le même nombre d'espèces
des reptiles que j'avais observé et indiqué dans un mémoire rédigé pour servir d'intruction
à mon successeur. Si l'on considère que les ouvrages japonais ne citent
pas un seul reptile du pays, que je n'aie effectivement trouvé; que les renseignemens
qui m'ont été fournis par des naturalistes indigènes très-instruits conßrment en tous
points mes assertions, on arrivera à conclure que ce volume de notre Faune, qui
parait sous la forme la plus en harmonie avec les publications récentes de ce genre,
ne laisse rien à désirer, et que notre ouvrage mérite le nom de F aune du Japon,
puisqu'il embrasse, dans son ensemble et dans tous ses détails, le règne animal de
ce grand empire.
On pensera peut-être cependant que le nombre d'espèces de reptiles, observées dans
l'archipel japonais, est extraordinairement borné, quand surtout on en déduit les
C h é I o n i e n s proprement dits et quelques Ophidiens, habitant la mer, qui sont
.Généralement répandus dans le grand Océan. Il sufBra, pour éclaircir ce point, de
comparer aux connaissances qui nous sont acquises aujourd'hui ce que Kaempfer et
Thunberg nous ont rapporté sur les reptiles du Japon.
Le premier de ces deux naturaliste, qui a emprunté ses descriptions et ses
dessins à des originaux japonais, nous a fait connaître, hors la tortue fabuleuse
Mino game et le serpent exotique Jamabagais, quatre espèces, qui sont l'Emyde
v u l g a i r e , le Trionyx étoilé, le Trigonocéphale de Blomhoff, et la
S a l a m a n d r e à crête oblitérée. Selon lui les serpens sont jares dans ce pays et les
lézards y ressemblent• à nos lézards communs.'^)
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Les observations faites par Thunberg sur les reptiles du Japon, et insérées dans la
relation de son voyage, sont plus insigniñantes encore. Voici tout ce que l'illustre
Suédois dit sur ce sujet dans ses écrits zoologiques:
»Quoique ce royaume soit environné par la mer, les amphibies n'y sont pas com-
»muns. Les interprètes massurèrent qu'il s'y trouvait des serpens; mais ils ne purent
»jamais m'en procurer un seul. Ils me montrèrent quelques tortues (Testudo Japónica),
» et je sais aussi que l'on voit souvent courir dans les cantons montagneux de la pro-
»vince de Fakonié, une espèce de lézard long et mince (Laceria Japónica), que les
»interprètes prenaient pour un scinque marin (Strincus ?narinus) et que les natura-
» listes nomment Sandjonoivo. On en vend de secs dans beaucoup de boutiques.
» Il y en a plusieurs enfilés à une cheville de bois. Ce lézard pris en poudre, passe pour un
»excellent corroborant. On le donne pour la pulmonic et pour les vers des enfans.'' '''
J'a'i transcris ce passage en entier, parcequ'il manque d'exactitude, et que l'existence
même des reptiles dont il est parlé est sujette à contestation. La tortue décrite
et représentée par Thunberg P) sous le nom de Testudo Japónica, n'est probablement
qu'un individu jeune et mutilé de notre variété de l'Emyde vulgaire. Dans la
L a c e r t a Japónica, t®) nous avons reconnu avec Houtuyn une espèce nouvelle de
la Salamandre. Les remarques du voyageurs Suédois relativement à cette dernière et
à l'usage qu'on en fait dans la médecine, la font reconnaître pour notre Salamandre
o n g u i c u l é e , animal au pas lourds, qui se cache dans les lieux humides, et qu'on
ne voit pas courir dans les cantons montagneux.
Je crois en avoir dit assez, pour prouver que jusqu'à la fin du dix-huitième siècle,
les naturalistes n'ont possédé sur les reptiles du Japon que des notions aussi vagues
que partielles. Depuis, un simple amateur a porté un riche tribut à l'histoire naturelle;
je veux parler de M. Cock Blomholf, ancien chef de notre factorerie à Dezima,
qui, pendant son séjour au Japon, a formé, outre un musée précieux d'objets d'ethnographie,
une collection zoologique. Cette collection, que je pus examiner à mon arriver
à Dezima eu 1S23, appela mon attention sur les reptiles du pays, et m'éclaira
dans mes recherches ultérieures. Elle renfermait plusieurs individus qui, ainsi qui
je le reconnus plus tard, n'appartiennent point au Japon, et qui probablement y ont
été apportés des Indes-Orientales. L'erreur de M. Boié, qui a décrit'®' comme habitans
du Japon, tous les reptiles de la collection de M. Blomlioff, a été faite sur l'autorité
de ce dernier, qui les avait reçus lui même des naturalistes-médecins de cet
empire. Les médecins et les pharmaciens japonais conservent des curiosités exotiques
et des produits bizarres de la nature; et non moins charlatans que ne l'étaient autrefois
les hommes de l'art de nos pays, ils les exposent à la vue du peuple, [dans le
but d'augmenter ainsi leur réputation.
Les reptiles rapportés par M. BlomhoiT méritent cependant d'être signalés aux savans.
Nous donnons ici le tableau des espèces décrites par M. Boié:'®'
(1) Essai sur la physionomie des serpens, par JI. Scl.lejîel. La Haye 18.37 II Vol. in 8» avec un Allas in V.
(2) Uebersicht des Zuslandes meiner wissenschaftlichen ünlersnehungen auf Japan im Jahre 1829, M. S.
(3) E. Kaempfer, Geschichte und Beschreibung i'on Japan, herausgegeben von C. W. Dohm, II Vol. 4°.
Lemgo 1777. liand I pag. 144.
(1) Voyage de C. P. T h u u b e r g au Japon. Paris 1796 IV Vol. in 8° Tom. III pag. 431.
(2) Neue schwedische Abhandlungen 1787 p. 171. PI. 7 flg. 1.
(3) Eodcm pag. IIG PI. 4 üg. 1.
(4) Vllssing. Vcrhandelingen. Vol. IX pag. 328 Tab. 9 fig. 3.
(5) Isis 182G page 206.
(G) Les espèces marquées du signe ' n'apparliennenl point aus îles japonaises.