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le délroit tie Madure la sépare de la pollile orientale où se Irome la ville de
Soiirabaya. Cetle lie est eu grande partie inculte et, quoique à si petite distance
de Java, dime aridité qui contraste singulièrement avec la force végétative et les
riches productions botaniques de sa voisine. Le règne animal y est aussi chétif et
aussi pauvre en espèces que le règne végétal; les espèces de l'ordre des Chéiropt
è r e s ont établi leur demeure dans les cavernes calcaires, tandis qu'un très-petit
nombre d'oiseaux peuple les bois de cette contrée, qui ne nourrit aucun animal particulièrement
propre ou indigène à cette terre. C'est Madure et dans les provinces de
Chéribon et Bagalcn, districts de l'ile de Java, que se recueille chaque année cette immense
quantité de nids d'oiseaux, denrée qui passe presque exclusivement en Chine, et
dont le produit est extrêmement lucratif pour ceux qui en possèdent le monopole.
Deux espèces de très-petits Martinets, Cypselus esculentus et fuciphagus
fournissent ainsi, par leur travail et par les organes dont ces espèces sont douées,
des revenus très-considérables, aux possesseurs des cavernes calcaires, que ces oiseaux
choisissent pour demeure habituelle et où ils construisent ces nids si recherchés,
comme comestible, par les Chinois de qualité. Sur la côte méridionale se trouve
Wusa-baron, et plus vers le centre, en face de la province de Chéribon, Nusa-kambang,
toutes deux séparées de Java par des canaux de peu de largeur; leur formation
est madréporique. Nusa-kambang offre quelques plantes particulières, parmi lesquelles
on distingue les belles fleurs gigantesques du R a f f l e s i a , et dans la classe
des mammifères, un Pteroniys nouveau, d'un tiers moins grand que le Pt e r o my s
n i t i d u s , si commun k Java: nous désignons cette espèce, à robe peinte de couleurs
vives, sous le nom de Pteromys eie g a n s <•>; elle vit aussi dans quelques autres
îles, mais n'a pas été trouvée à Java.
La superficie de Java est de deux mille trois cents milles géographiques ; elle est
hérissée, dans toute son étendue, de hautes montagnes qui inclinent en pente douce
vers le rivage; ces chaînes montueuses, de dix c\ quatorze mille pieds d'élévation au
dessus du niveau de la mer, sont parsemées de volcans et de cratères éteints, et
couvertes d'épaisses forêts où, selon le témoignage de M. Reimvardt, on trouve à
peine un arbre au dessous de cent pieds de hauteur. Il est difficile de se faire une
idée de la fécondité du sol de cette île et de la profusion des végétaux groupés et
entassés en quelque sorte les uns sur les autres. Ces masses de plantes gigantesques
se disputent l'espace ; l'abondance en est telle qu'on ne saurait faire un pas hors
des sentiers tracés, sans se frayer à l'aide de la hache une route à travers les buissons
et les lierres qui obstruent l'espace entre les troncs dos arbres. Les plantes y
croissent sur les plantes ; des milliers de parasites se disputent les troncs de ces
géants des bois, s'entrelacent et fournissent à leur tour les moyens de nutrition à
une multitude de lierre dont les tiges, se croisant dans tous les sens , entourent
les branches, montent à la cime de ces arbres de haute futaye, en couronnent le
f a î t e , et forment de leur feuillage épais une masse compacte, à travers laquelle les
rayons du soleil ne sauraient pénétrer. On voit, sur cette terre féconde, des tiges de
graminées parvenir à des dimensions qui permettent d'en employer les troncs k la
(1) Pelage du dos marqué de ¡rrandes mèches d'un blanc ou d'un gris argenlin sur un fond d'un noir plein ; les
membranes, en dessus, d'un marron vif; la queue seulement de la longueur du corps et d'un noir parfait.
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confection des conduits d'eau, et qui peuvent servir à façonner des seaux et autres
ustensiles de ménage. Là les fougères parviennent à la hauteur des arbres do nos
forêts ; les plantes rampantes enlacent et serrent vigoureusement les troncs de leurs
tiges d'une grosseur extraordinaire ; et les végétaux, qu'en Europe chaque printems
voit renaître, se présentent sur ce sol en forêts que des siècles ont respectés.
C'est sous ce beau ciel que la pelouse s'orne des fleurs les plus élégantes et que
figure dans toute sa splendeur une flore, dont nos serres-chaudes d'Europe ne peuvent
parvenir à transmettre à l'imagination que des réjetons rabougris, ou une
floraison obtenue péniblement et loin d'égaler en splendeur les couleurs vives et
tranchées de leur souche primordiale, décorée de tout le luxe de leurs teintes
virginales.
En mammi fères, Java ne possède point l 'Or ang-out an, -NTilgairementhomme des
bois; une seule espèce d'IIylobate et trois espèces de Semnopi thèques (Uylobates
leuciscus, Semnopithecus maurus, mitratus et pyrrhus): les deux premiers de
ceux-ci, vivent dans les parties occidentales et le dernier dans les parties orientales
de l'île. Les autres grands animaux du sol primordial de Java sont Cercopithecus
c y n o m o l g u s ; le Rhinocéros unicorne désigné sous le nom de j avani cus , le
Cerf russa, nulle part aussi abondant que là, et les deux espèces du genre Sus
précédemment désignées, forment le grand gibier de cette contrée. Le Lièvr e (Lepus
melanauchen) O parait ne pas vivre ailleurs; c'est aussi la vraie patrie de la très
grande Rousset t e (Pteropus edulis seu javanicus), dont les plus forts individus ont
jusqu'à près de cinq pieds d'envergure; qui dévastent les vergers répandant, près de
leur repaire, une odeur fétide, mais qui sont réputés comme mets que l'on dit être
d'assez bon goîit. Le Pavo spicifer étale dans les bois son beau plumage, mais
l ' A r g u s giganteus ne vit pas dans cette île; on ne le trouve qu'à Sumatra et à
Malacca; Java est en revanche la patrie de ces beaux Coqs Bankiva et Aijamalas
et d'une perdrix (Perdi x javanica) qui ne vit point dans les autres îles; les
C a l a o s des espèces du lunatus, du pl icatus et du malabar icus se trouvent ici
comme représentans du genre, sans que les autres espèces de Bornéo ou de Sumatra
y aient été observées: le Merle prahu (Turdus varius) s'y trouve aussi à une élévation
de 6000 mille pieds au-dessus de la surface maritime et, chose surprenante,
cette même espèce vit également au Japon, sur des hauteurs correspondantes, visite
la Sibérie et est de passage accidentel dans le nord de l'Europe. Les poissons
sont en grand nombre: quelques-uns, tels que l ' Ikan-sousou et b abi , le Gorami , le
K a a l k o p , le Jacob-Evertse, le Koningsviseh et autres, sont très-recherchés
sur les tables et leur chair est d'un goût exquis. En insectes, on distingue une
espèce de Brentus de taille gigantesque, et le bizarre Mormolyce.
Cette cxquisse comparative, quoique extraordinairement succinte, peut nonobstant servir
de coup-d'oeil superficiel sur l'ensemble de ces belles et intéressantes contrées; elle fournit
les premières indices qui mettent à même de juger de la très petite étendue de terrain
jusqu'ici bien connue, comparativement au nombre très-remarquable d'espèces d'animaux
qu'on a rapporté de ces îles; quoique l'une d'elles, la moins étendue des trois grandes.
(1) Plus petit que le Lièvre d'ISurope, ou de taille moyenne entre celui-c! et le L api n ; il est caractérise par
la couleur noire de la nuque, qui est rousse dans l'espèce européenne.