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vivent Sumatra ¡\ des élévations de deux mille pieds au dessus du niveau de la
mer; le Cervus equinus dans les régions de quatre cent pieds et les Éléphans
daus les forêts qui descendent des montagnes, vers la côte maritime. Tous ces
animaux ne vivent point à Java.
Les oiseaux, particulièrement ceux de la classe des Gal l inacés et des P i g e o n s , puis
les Calaos, les Brèves, les Ba rbus , les Euryl a ime s , les Couroucous, et toutes
les petites espèces qui vivent habituellement sous l'ombre protectrice des vastes
forêts, se trouvent être des espèces différentes de celles de Java, ou bien, lorsqu'elles
sont les mêmes, leur taille est toujours plus forte, et les couleurs du plumage
sont constamment plus pures et plus brillantes dans les sujets de Sumatra <'>: un petit
nombre est propre aux deux îles et les sujets ne diffèrent point; tandis que quelquesunes
plus ou moins erratiques ou bien cosmopolites, sont exactement les mêmes et
ne diffèrent en rien des individus qui vivent sur toute l'étendue du grand archipel;
d'autres n'offrent pas la plus légère disparité d'avec leur semblable sur les côtes
d'Afrique; enfin un assez grand nombre et ce sont les espèces complètement cosmopolites,
se retrouvent aussi dans une livrée exactement semblable, daus plusieurs
parties de l'Europe; car on trouve à Java, ¿i Sumatra, à Bornéo, à la Nouvelle
Guinée, même jusqu'au Japon, un grand nombre d'espèces d'oiseaux européens, dont
les formes et les couleurs du plumage sont exactement les mêmes. D'une part, cette
disparité si grande dans la Faune de deux îles adjacentes comme Java et Siunatra,
et d'autre part, des rapports si nombreux, une identité si parfaite chez quelques
espèces réparties sur une aussi vaste portion du globe, à une telle distance et sous
l'influence de climats et de températures totalement différons! A quel vaste champ de
recherche de tels faits, bien constatés, n'ouvrent-ils pas la voie? Ce n'est point ici
notre intention d'entrer dans les détails auxquels ces observations donnent ample
matière à refléchir; elles nous écarteraient trop loin du sujet auquel ce mémoire est
principalement consacré. Il est cependant de sa compétence et même nécessaire de
remarquer que, de ces données fournies par les observations géologiques, botaniques
et zoologiques, on serait porté à ne point admettre l'hypothèse spécieuse d'une réunion
primordiale des îles sondaiques avec le continent de l'Inde; les observations que
nous venons de passer rapidement eu revue, tendent du moins à faii-e naître quelque
doute relativement à l'opinion, émise très récemment par les zoologistes français
qui ont fait partie de l'expédition maritime de la corvette la Coquille, page 19
de la partie zoologique du voyage du capitaine Duperrey, oii il est dit: »La
»zoologie des îles malaisiennes, aussi riche que vai-iée par les nombreuses espèces
»qui lui sont propres, semble attester que cette portion centrale de l'Inde orientale
»a fait partie d'un continent, puisque ces îles sont peuplées de grands quadrupèdes
»vivants, qui sont communs à plusieurs d'entre-elles. D'ailleurs, les canaux qui les
»séparent sont peu profonds, et ils sont encombrés de bancs qui semblent complè-
(1) J'ai déjà été dans le cas de faire remarquer dans mes Monograpliies de Mammalogie, que la teinte du pelage
Tarie plus ou moins cliez quelques espèces qui se trouvent dans plusieurs îles des archipels do celte portion du globeils
Tarieut aussi quelquefois pour la taille et souvent, surtout dans la classe des C li e i r o p t è r e s , par la longueur
plus ou moins marquée da museau; c'est au point que, s'il fallait avoir égard à toutes les diUerences dans la teinte
des robes, on finirait par former de ces variétés locales d'une même espccc, autant d'espèces distinctes qu'il se
trouve d'îles oii l'on rencontre de ces animauï.
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»tement légitimer cette idée. Mais toutefois, chaque ile de ces grandes terres
»équatoriales de l'archipel des Indes recèle quelques espèces qui seraient aujourd'hui
»isolées, et plusieurs ont fourni la singularité de reproduire des individus de genres
»qu'on avait jusqu'à ce jour regardés comme essentiellement propres au Nouveau-
»Monde: tels sont, dans deus branches différentes, un Tapi r , des Gourourous et
»le Rupicole verdin." Il me parait que les faits que je viens de soumettre à
l'opinion des savans, démontrent le contraire de ce que les naturalistes français
avancent.
La fertilité incomparable de la volcanique Java; le caractère doux, hospitalier et
soumis de ses habitans; sa position géographique et ses rades sures y attirent sintous
les points le commerce, l'un des premiers agens de la civilisation des peuples
et la source de la prospérité de ces contrées. Java est par conséquent le point le
mieux connu et la terre la plus explorée <'), non-seulement des îles sondaiques, mais
aussi de toute cette immense partie de l'Asie orientale et de la totalité des Archipels.
A l'instar de l'homme civilisé, et plus ou moins par suite des progrès rapides de
l'agriculture, des animaux de toutes les classes ont fixé leur séjour sous les voiitcs
profondes des solitaires et antiques forêts dont l'île est couverte ; les habitans des
lisières des bois viennent participer à l'abondance fournie par les trésors d'une culture
active, partout et dans toutes les saisons animée. Les plages maritimes sont couvertes
de mollusques, les rivières et les rades poissonneuses y attirent une foule d'oiseaux
aquatiques; tandis que le sol et les plantes qui fourmillent d'insectes et qui font,
en quelque sorte, vibrer l'air de leurs essaims tumultueux, y servent de pâture à ce
nombre très-remarquable d'oiseaux insectivores, à cette série d'espèces différentes de
F o u r m i l i e r s (Myiotbera). Ces oiseaux et l'abondance prodigieuse du gibier appellent,
à leur tour, à la curée ces troupes voraces d'oiseaux de rapine, et le nombre
très-remarquable d'espèces différentes de mammifères carnassiers, réunis sur une aussi
petite portion du globe P).
Plusieurs petites îles bordent le littoral de Java, ou n'en sont séparées que par des
détroits ou des canaux de peu de profondeur: on peut présumer que ces îlots ont
fait partie de la grande île, et qu'une commotion violente les en détacha avant
l'époque des éruptions volcaniques dont Java fut le théiUre et dont elle porte partout
les traces; quelques-unes de ces éruptions se perpétuent encore de nos joui'S
sur plusieurs points de son territoire. Ces petites îles sont toutes madréporiques ou
de formation calcaire ; elles ne portent aucune trace de l'influence des volcans. Telles
sont les îles Bavian, dont il a déjà été fait mention plus haut: elles nourrissent
la jolie petite espèce de Cerf (Cervus Ruhlii) moins grande que notre Chev
r e u i l d'Europe et qu'on ne trouve jamais sur la grande île de Java; on peut citer
encore quelques oiseaux de petite taille, Appartenant à l'ordre des Chanteurs.
Madure, la plus grande de ces îles adjacentes, est entièrement de formation calcaire;
(1) Voici le dénombrement des animaux connus et bien étudiés qui habitent la seule île de Java : on y compte
aujourd'hui 82 mammifères, 455 oiseauï et 90 amphibies; et toutes les parties de l'interîeur ne sont point encore
esplorées.
(2) On counoit aujourd'hui treize espèces du genre F e l î s , dans les parties connues des îles de la Sonde.
(3) Taille moindre que notre Chevreui l d'Europe, à peu-près de celle du Cerf munt jak de Java. Bois grêles
divisés comme ceu.v du Cerf axis, mais à andouliers supérieurs égaux.
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