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Kuma, aussi Tsukinsiva kuma ce qui signifie Ours à tache en croissant. Elle
est répandue dans toutes les parties montagneuses des iles de cet archipel. Ses moeurs
sont à-peu-près les mêmes que celles de l'espèce européenne ; elle monte aux arbres
et se retire pendant l'hiver dans des tanières qu'elle creuse ; ses alimens consistent
le plus habituellement en substances végétales, fruits ou racines: en captivité on la
nourrit de bâtâtes, de riz cuit et d'autres céréales ou de fruits farineux. Les jeunes
que l'on voit souvent captifs en cage ou tenus à la chaine, sont doux et traitables
jusqu'à l'âge de trois ou de quatre ans; passé ce terme, ils deviennent hargneux et on
est obligé de s'en défaire; les jongleurs Japonais leur apprennent des tours de force
et s'en servent pour l'amusement du public dans les réunions populaires.
Mr. de Siebold, dans le voyage qu'il fit à la capitale, vit dans le village de Nama
mugi mura, non loin de Kawazaki, à quelques lieues de Jedo, un ours de cette espèce
captif depuis dix-huit ans; sa taille en longueur totale était de quatre pieds;
il exécutait plusieurs évolutions et tours d'adresse. Le même voyageur en vit un tout
blanc à Jedo; c'était un albinos pris dans la partie septentrionale de Nippon; on le
nonrissait de gousses de fèves de Hoya mélées avec une espèce de Séleni (Apium). Les
Japonais font grand cas de la chair de cet ours; la peau est exportée par le commerce
; la graisse sert à plusieurs besoins et se vend fort chèr; on fait usage du fiel
dans les pharmacies.
Nous ne saurions affirmer que les sujets du Japon et ceux de l'Inde soient parfaitement
identiques, vu que le musée ne possède pas d'individus de l 'Ursus thibetanus
de l'Inde qui puisse servir de comparaisson. Les deux belles dépouilles de notre ours
du Japon et le crâne de cet animal ne diffèrent en aucune manière des figures et des
descriptions qui ont été fournies du thibetanus de l'Inde, et c'est d'après cet
examen comparatif que l'identité n'offre aucun doute à nos yeux.
OURS MARITIME. (URSÜS MARITIMDS.)
L'ours blanc ou polaire vient aussi prendre rang parmi les mammifères du Japon.
Cette espèce y est connue, suivant les légendes du pays, depuis l'année 658; elle y
porte le nom de Si-guma, dont l'étymologie ne nous est pas connue. En l'année
1690, les annales font mention que plusieurs ours polaires se sont montrés sur les côtes
de la province de Jetsigo, située entre le 37° et 83° de latitude de nord, et Mr. de Siebold
présume que ces animaux y ont pu aborder sur des iles de glace flottantes.
BLAIREAU ANAKUMA. (MELES AKAMMA.)
PL. VI et détails du crâne.
Le genre Meles borné jusqu'ici aux deux espèces connucs et décrites depuis l'époque
de la publication du systema naturalis de Linné, se trouve maintenant enrichi
d'une troisième espèce découverte au Japon par Mr. de Siebold. Cette espèce
nouvelle de Blaireau ressemble plus par la taille et par les formes ostéologiques au
Meles labradoricus, propre à l'Amérique du nord, qu'à notre Meles taxus
d'Europe; la coloration du pelage est également différente des deux espèces citées.
Un feutre abondant, serré et jaunâtre couvre toutes les parties du corps; il se
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montre sur la presque totalité des différentes parties et n'est recouvert, qu'à claire
voie, par les poils soyeux annelés de jaunâtre terne et de brun noirâtre sur toutes
les parties supérieures, tandis qu'ils sont totalement colorés de cette dernière teinte
sur les parties inférieures. Ce pelage terne et peu varié dans les teintes ne forme
pas, comme dans les deux autres espèces, de dessin marqué sur la partie supérieure
du museau, et qui sert à caractériser celles-ci.
L'adulte de forte taille a tout le pelage soyeux des parties supérieures d'une teinte
brune noirâtre; entre les poils clair-semés qui les couvrent se voit le feutre jaunâtre;
une petite bande jaunâtre s'étend du muffle aux yeux et cette teinte couvre les côtés
du museau et les joues. L'oeil est entouré par un grand espace brun-noirâtre. Les
oreilles sont totalement velues et blanches. La queue déprimée et couverte de longs
poils soyeux est d'un roux clair et ses poils sont annelés, vers le milieu de leur longueur,
par une bande brune. Toutes les parties inférieures et les pieds sont noirs.
Les sujets complètement adultes ont de 2 pieds 7 à 10 pouces en longueur totale,
dont la queue prend de 5 à 6 pouces. '
Les jeunes de l'année ont des teintes plus roussâtres, les poils soyeux se trouvant
annelés de jaunâtre et de roux; la bande jaunâtre du muffle monte plus avant sur le
front et la teinte des côtés du museau et des joues est plus blanchâtre que dans les
sujets adultes.
La forme du crâne; le nombre, la forme et la disposition des dents sont absolument
les mêmes que dans notre Meles taxus.
La dénomination japonaise d'An a k u m a que nous conservons à cette espèce signifie
o u r s des ter r ières; elle vit en effet, comme notre espèce européenne, dans les^conduits
souterrains qu'elle creuse dans le sol, le plus souvent parmi les racines des
arbres; elle y demeure cachée pendant le jour et ne sort de sa retraite que de nuit
pour se nourrir, dans les environs, de racines, de fruits, surtout de bâtâtes qu'elle
déterre facilement à de grandes profondeurs; indépendamment de cette nourriture
végétale, elle poursuit aussi avec avidité les grenouilles, les lézards et les vers de
terre. Sa portée ordinaire est de trois petits qu'elle dépose dans une excavation de
sa loge souterraine et dont la première livrée est beaucoup plus claire que celle propre
à l'état adulte.
L'anakuma est répandu dans toutes les iles de l'empire, mais l'espèce est peu nombreuse
en individus; sou séjour habituel est dans les contrées couvertes de montagnes
boisées ; on la voit fort rarement dcins les pays en plaine. Les sujets du musée sont
des environs de Nagasaki et d'Avra et font partie des recherches de Mr. de Siebold.
MARTE A PIEDS NOIRS. (MCSIELA MELAITTPES.)
P L . VII, fig. 3 et 4.
Dans ce genre d'animaux se trouvent compris plusieurs espèces dont le pelage
abondant et lustré est d'une finesse remarquable, elles nous donnent ces fourrures
précieuses et fort recherchées que le commerce exploite, et dont il retire annuellement
un bénéfice très considérable. Quoique les dépouilles des espèces de Martes
inédites qui habitent les parties les plus froides du Japon ne puissent prendre rang
parmi les fourrures d'un prix élevé, elles servent toutefois dans le pays et y sont
employées comme pelleteries communes.