des sujets qui y sont déposés, aux soins de Mr. Dieperink à Paramaribo; les plus
grands individus ont une carapace de vingt pouces en longueur. Mr. Richard a envoyé
de Cayenne ceux du Musée de Paris, et le Prince de Neuwiod et Spix l'ont trouvé
dans la plupart des contrées que ces voyageurs ont parcourues. On doit i\ ces savans
des notices intéressantes sur la manière de vivre de cette tortue. Elle parait habiter
toute l'Amérique intertropicale. Brown « raconte qu'elle a souvent été introduite h
la Jamaïque; des voyageurs plus anciens parlent d'une grande tortue de terre aux
Antilles, dont on a peut-être exterminé la race dans ces iles; Dampier P) dit que
les tortues de terre sont très-abondantes sur l'île des Pins au Sud de Cuba, et Sloane <3)
alBrme la même chose au sujet d'une grande espèce dans les forêts de la Jamaïque;
Lacépède ('') enfin fait mention d'une tortue terrestre, qui lui fut envoyée de l'Ile
St. Domingue. Il nous parait convenable de citer ces faits il l'article de cette espèce
et nous sommes portés à croire, que la grande tortue de terre des provinces méridionales
des Etats-Unis, doit à juste titre être rapportée à la Test, tabulata.
Les naturalistes, qui en font une espèce, l'ont décrite d'une manière trop concise, et
ont négligé la comparaison établie sur les individus de l'Amérique méridionale.
Bartram (=) en a parlé le premier; puis, elle a été confondue dans d'autres genres;
mais le nom de Test, polyphemus, imposé par Daudin obtint la préférence,
jusqu'à ce qu'elle eût été donnée très-récemment, sous ceux de Test, carolina
et Test, depressa
2 ESP. TORTUE GRECQUE. TESTUBO GRAECA.
On devrait présumer qu'une tortue dont la patrie est si peu éloignée de nous,
serait connue dune manière précise; cependant il n'en est point ainsi; les données
sur cette espèce sont à-peu-près aussi imparfaites que celles qu'on a sur le plus
grand nombre des Chéloniens exotiques. Les individus dans l'âge moyen ont une
carapace de forme orhiculaire: les plaques marginales sont latéralement perpendiculaires,
du reste horizontales et larges; l'impaire postérieure est recourbée vers le
plastron. Les lames dorsales moyennes sont hexagones, plus larges que longues; les
lignes concentriques des lames sont en général saillantes. La couleur du bouclier
est d'un noir profond, tacheté de jaune, particulièrement aux deux bouts: il faut
cependant observer, que ces deux couleurs s'y rencontrent dans toutes les nuances
possibles. Le plastron est large, échancré aux bouts: sa partie libre postérieure a
très-peu d'étendue; les lames antérieures sont exiguës. Les ongles sont presque droits,
et ressemblent à ceux des Tatous; les grandes écailles saillantes, dont les pieds
sont armés, peuvent être comparées, quant à leur forme, à de faux ongles. Le bord
(1) Jamaica pag. 465,
(-) Toy. Toi. i . chap. 5.
(3) Jamaica, pag. 331.
(i) Quadr. OTip. -vol. 2, pag. 488.
(5) Trarels, TOI. 1, pag. 55 et 314. (Gopher).
(6) Hist. Nat. d. Kept. Toi. 2 , pag. 250.
(') Ann. Lyc. IS^ew-York, TOI. 3. pag. 97.
(8) Règne Animal, TOI. 2. pag. 10. et Guérin , Iconographie, Rept. pl. 1, lig. 1.
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des mâchoires est le plus souvent dentelé, à pointe prolongée, tronquée ou échancrée.
La manière dont la tête est revêtue de ses lames, est très-caractéristique: il y a sur
le museau, qui est court et conique, une lame large, accompagnée latéralement
d'une autre plus petite et précédée d'une paire très-exiguë; le reste du sommet de
la tête est recouvert par de nombreuses plaques de forme irrégulière, dont celles du
vertex se réunissent souvent pour composer une lame grande et polymorphe.
La couleur dominante est chez les jeunes d'un brun jaunâtre: les lames de la carapace
ont leurs aréoles marquées d'une tache obscure; le plastron est très-concentré,
sans échancrures, noir ou brun et orné d'un bord jaune et large. Les formes de cette
tortue subissent, avec l'âge, des changemens semblables à celles que nous avons indiquées
chez d'autres Chéloniens. L'adulte a une carapace très-oblonguc, remarquable
par son rétrécissement latéral comme par les plaques marginales larges et
recourbées, la postérieure même non exceptée; le plastron dans cet âge est profondément
échancré et d'un brun foncé uniforme. Le bout postérieur du plastron devient
quelquefois mobile. Schôpff, ne se doutant point de l'influence du développement
des formes chez les tortues, a décrit l'adulte comme espèce distincte qu'il considérait
plutôt semblable à la Test, tabulata, ainsi qu'il résulte par la comparaison,
faite de sa douzième planche : cette erreur a été répétée par la plupart de ses
successeurs. Mr. le docteur Michahelles de Munich, qu'une mort prématurée vient
d'enlever aux sciences, a rapporté de ses voyages en Dalmatie un individu adulte de
la Test, graeca, qu'il a bien voulu céder au Musée des Pays-Bas; cet individu ressemble
parfaitement à celui que SchopflF a figuré sous le nom de Test, marginata:
c'est le même, qui a servi de type au genre Chersus de Wagler P), que cet auteur a
créé à cause de la mobilité du bout postérieur du plastron. La figure de la tortue
grecque, fournie par Lacépède P), est également faite d'après l'adulte. Celles de
Schôpff W sont bonnes et représentent l'animal à l'âge moyen.
Les individus, que possède le Musée des Pays-Bas, sont originaires de Dalmatie,
des environs de Triest et de Gène, de l'Italie, de la Sardaigne et de Tunis. Nous
avons vu au Musée de Vienne des sujets provenant de la Hongrie méridionale et
quelques autres d'Égypte. Il est évident, que la Test. Jolhafae de Forskal t^)
observée par ce voyageur au Liban et près d'Alep, n'est que la Tortue grecque.
Les notions que nous fournissent les auteurs de l'ancienne Grèce, suffisent pour établir
comme patrie de notre tortue cette terre classique <®); on peut présumer encore
qu'elle habite la plus grande partie des pays riverains de la Méditerranée. Il serait
presque superflu de mentionner que Lacépède, en assignant des contrées exotiques
très-distantes les unes des autres, comme patrie de notre tortue, confond sans doute
(') Ilist. Test. pl. 11 et 12: %. 1, Test, marginata.
P) Syst, Ampli, pag. 138,
(3) ()nadr, ÛTip, pl, 5. fig. 2.
("i) Hist. Tosi. pl. 8 et 0.
(5) Dcscript, Animal, pag, 12.
(ü) L'ciistcnce de la T o r t u e g recque dans la Morée a été depuis constatée par Mr. Bory de St. Vincent: Eipédition
Zool, pl, VII. et pl. IX. fig. 4: Test, graeca et marginata. — Voyez les ollservations intéressantes sur
cclLe tortue: Relation, pag. 3 suiv.