de la capture d'un grand individu le 20 Avril 1725 au 30"°° degrd de latitude boréale
entre les îles Açores et Bahama. Les Tortues de merj que l'on a prises quelquefois
sur les cotes de France'*', sur celles de Hollande P), et même près des OrcadesP), appartiennent
probablement cette espèce: on peut considérer leur apparition sur ces
côtes comme accidentelle. En Amérique W les Caoxiannes ne remontent pas vers
le Nord du Cap Floride. Sloane et Brown en font mention dans leurs descriptions
de la Jamaïque; le dernier dit, qu'elles se trouvent habituellement dans les mers
situées au Nord de la cette île. Rochefort P) décrit des sujets, observés aux petites
Antilles. Le Musée des Pays-Bas doit aux soins de Mr. Dieperink à Paramaribo plusieurs
individus, qui sont parfaitement semblables à ceux de la Méditerranée. Le Prince
de NeuAvied croit avoir des preuves que cette tortue fréquente aussi les côtes dn Brésil.
Nos recherches pour constater l'existence de la Caouanne dans les autres mers de
l'hémisphère austral ont été infructueuses, quoiqu'il paraisse qu'elle habite quelques
parages du grand Océan pacifique boréal. Mr. von Siebold tient des communications
faites par les indigènes du Japon, qu'elle est connue dans ce pays sous le nom chinois
de Tai-jnei on Pie-kia. Eschvvège P) figure une tortue de mer, qu'il nomme: Chelonia
o l i v a c e a , et qu'il dit être différente de la Caouanne par le grand nombre des lames
de la carapace. En examinant cette planche, on se convaincra facilement, que
les traits distinctifs empruntés de cette anomalie doivent être aussi fugitifs que la forme
de ces organes; mais elle sert en même temps à constater, que les anomalies de cette
nature sont dans la Caouanne plus fréquentes que dans aucune autre espèce: les
caractères pris de la disposition des parties de la tête conviennent parfaitement avec
notre description fournie dans cet article; la différence peu marquée des couleurs
offre, si toutefois elles sont constantes dans les individus de ces mers, des caractères
propres pour servir à les désigner, dans les systèmes, comme variété de climat: cet
individu et un autre plus âgé ont été capturés dans la Baie de Manille.
Nous manquons de notions précises sur l'existence de la Caou anne dans les mers australes
de la Polynésie et dans le Sud du grand Océan pacifique. La capture d'un individu
isolé, rencontré dans ces mers, ne met pas obstacle à statuer, que la Caouanne
est confinée dans les mers de l'hémisphère boréal; car nous savons que ces animaux
peuvent s'éloigner accidentellement de leur demeure habituelle, dans im élément dont
les limites n'ont point de bornes déterminées. Peut-être que les deux Caouannes
isolées, que Cook a prises parmi un grand nombre de Tortues franches dans
l'embouchure de la rivière Endeavour à la nouvelle Hollande, doivent-être considérées
comme ayant été entraînées accidentellement par les courans, des lieux de
(1) Diet. d. so. rat. t. 8. p. 373.
(2) Schneider Nat. d. Schildltr. p. 40. d'après MiiUcr.
(3) Sibbsdd Prodr. hist. nat. Scot.
(•S) Catesby p. 40.
(5) L. c. II. p. 331.
(6) L. c. p. 465.
(') L. c. chap. 21. art. 3.
(S) L. c. p. 25.
(9) Zoolog. Allas. Berlin 1829. fol. 1 Uefl. Taf. 3.
(10) Toy. 8°. to], 7. chap. i.
leur demeure habituelle. Nous avons dit plus haut, que la Tor tue franche se nourrit
presque exclusivement de végétaux; la Caouanne au contraire vit principalement
de substances animales. En examinant un individu provenant de l'Adriatique, nous nous
sommes assurés qu'elle préfère les mollusques, spécialement les buecinum, comme
l'a déjà observé Catesby <'); Brown P) dit qu'elle recherche les méduses et les galathées.
Mr. Kuhn a trouvé dans .l'estomac de cette espèce des squilles et des
murex; ses appétits fout présumer avec quelque fondement qu'elle est complètement
carnivore.
LES TRIONYX. TRIONYX.
Les animaux de ce petit groupe méritent sous tous les rapports la dénomination de
tortues d'eau. Leur corps déprimé; les tégumens généraux dont il est enveloppé et
qui ont la faculté, par leur organisation molle, de se prêter facilement aux mouvemens
des membranes natatoires du corps, formées par les prolongemens élargis du bord de
la carapace; la réunion de cette partie avec le plastron au moyen d'une substance
cartilagineuse, qui facilite l'extension de ces organes; la position écartée et plane des
extrémités; la réunion des doigts en une membrane large et molle; l'ouverture des
yeux, dirigés en haut; celle des narines, qui se trouvent très-rapprochées au bout
d'un nez allongé en tube et propre en même temps à servir d'organe du toucher: tous
ces caractères font déjà présumer que l'organisation entière de ces animaux, les assujétit
à vivre habituellement dans l'eau, et annoncent chez eux une faculté parfaite
et des moyens vigoureux de locomotion dans cet élément.
La carapace des Trionyx est formée comme celle des Chéloniens proprement
d i t s par la réunion des côtes avec les dix vertèbres dorsales: mais le corps de ses
dernières est plus déprimé; les côtes sont soudées presque dans toute leur longueur;
l'os qui sert à terminer la carapace antérieurement, est lié à la première paire de
côtes par son bord postérieur large et droit; la dernière paire de côtes, dont les
bords internes sont soudés, terminent la carapace postérieurement; enfin les os, qui
forment chez les Chéloniens proprement dits un bord circulaire autour de la
carapace, manquent chez les Trionyx. Le nombre des côtes est de huit; mais la
forme de ces organes et celle de l'os impair antérieur diffèrent beaucoup dans les
jeunes individus: les côtes dans cette période de la vie ne sont soudées qu'à la première
moitié de leur longueur; l'os impair est très-peu développé; enfin les intervalles
assez larges entre cet os et les côtes sont remplis par une masse cartilagineuse
seulement apparente lorsque ces parties ont été séchées
Le nombre des os du plastron est le même que chez le genre précédent, quoique
(1) L. c. p. 40.
(2) L. c. p. 4G5.
(3) De hist. nal. Clielon. ccphalo. Marb. 1832. 8°. p. 9.
(4) Il est évident d'apròs ces obscrvalions, que l'individu, qui a servi de type à la figure du Tr ionyx aegypt. de
Geofl'roy (Annales d. Musée d'hisl. nal. vol. 14. p. 1 et suiv.) était adulte; ceux au conti'aire, sur lesquels reposent ses
T r i o n y x subplanus et e a r i n a t u s étaient des jeunes. Sa figure A de la 3™ planche représentant le T r . j a v a n i c u s ,
n'oITia point d'os impair (pièce marginale Geoll'r,): cet os a probablement été perdu, vu que tous nos individus en
sont pourvus et qu'il ne manque jamais dans auenno espèce.
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