83
habitent O le Japon^ se borne six espèces; ou a observó dans les mers voisines de ce
pays quatre espèces de serpens de mer^ ce qui porte à dix le nombre total des ophidiens
qui font partie de la Faune du Japon. Nous avons eu soin de faire figurer tous
ces reptiles. Les quatre espèces de serpens pélagiques habitant également d'antres
mers, elles étaient déjà connues des naturalistes, mais il n'en existait point encore
de bonnes figures; les serpens de terre au contraire sont tous nouveaux pour la science.
On remarque parmi ces derniers trois Couleuvres, deux Tropidonotes et un
Trigonocephale: plusieurs espèces de ces deux premiers genres portent une grande
ressemblance avec quelques uns de nos serpens d'Europe qu'ils paraissent représenter
au Japon; tandis que l'existence d'une espèce du genre Trigonocéphale dans cet empire
établit l'analogie de la faune du Japon avec celles des Indes ou des régions tropicales
en général.
Les naturalistes japonais distinguent deux familles de serpens, savoir les ^N-AN+N^
Kuisi-naha, ce qui veut dire fil-en-bouche, mot dérivé de la forme de la langue
des serpens; ensuite, les Eebi, mot formé du chinois Fanjn, et qui signifie nez
r e t r o u s s é : la première de ces familles comprend les serpens innocens; les Ilebi
composent la division des serpens venimeux. Les serpens de mer portent au Japon
le nom de isw Umi-hebi: ce nom exprime à la fois que ces serpens habitent
l'océan et qu'ils sont venimeux, ce qui prouve que le caractère malfaisant de ces
reptiles n'a jamais été revoqué en doute chez ce peuple, tandis que plusieurs zoologistes
d'Europe se sont attachés à prouver le contrairc-
(1) EQ supposant même Peiistence de plusieurs espèces mconnues d'ophidiens, ce serait seulement en des lieui peu
eiplorés, incultes ou sauTages, comme dans l'ile de Sikok ou sur les montagnes des profinces Uiiiga et Higo dans
l'ile de Kiusiu , que l'on pourrait faire des découvertes d'espèces qui nous sont inconnues.
COULEUVRE A BANDES. COLUBER VIRGATUS.
PL. I.
Les deux Couleuvres dont nous allons traiter d'abord sont si extrêmement voisines
qu'il est impossible de les distinguer, sans avoir eu sous les yeux une suite complète,
composée d'individus de tous les âges de chacune d'elle.
On peut comparer celle du présent article à la Couleuvre quatre raies de l'Europe
méridionale. Son tronc est long et un peu comprimé, sa téte grosse et arrondie au
bout, l'abdomen anguleux, la queue déliée mais robuste. Ce membre occupe le cinquième
environ de la longueur totale, qui s'élève quelquefois jusqu'tY six pieds. Les lames
abdominales sont au nombre de 240, celles du dessous de la queue de 110 environ.
Cette espèce a les écailles surmontées d'une carène et disposées sur 23 rangées.
Son anatomie n'offre rien de particulier: la bouche est garnie de dents semblables
absolument à celles de la plupart des autres Couleuvres. Les teintes sont extrêmement
sujettes iY varier: elle ne varient pas seulement d'un individu à l'autre, mais
elles éprouvent aussi de grands changemens par le développement de l'animal. Dans le
jeune âge, la couleur du fond est un gris tirant au jaune: cette couleur est relevée,
sur les parties supérieures, par un grand nombre de taches eu forme de bandes transversales
d'un brun plus ou moins foncé et bordées de noir; une autre suite de taches
moins grandes régnent le long des flancs; on voit derrière l'oeil une raie noire qui
s'étend jusqu'à l'angle de la bouche. A l'âge moyen, les teintes sont plus foncées
elles taches moins distinctes. Elles disparaissent presque totalement dans les adultes,
qui ont le corps d'un gris brun tirant à l'olivâtre, et il ne reste du joli dessin qui
orne la robe des jeunes, que deux ou quatre bandes longitudinales foncées, le plus
souvent interrompues et peu distinctes. Les angles de l'abdomen sont ordinairement
marqués d'une raie jaunâtre assez fine, et cette teinte jaune s'étend également sur
la gorge qui est nuancée et marbrée de teintes plus foncées.
C'est de tous les serpens du Japon, l'espèce qui parvient à la plus grande taille.
Elle fréquente ordinairement les lieux cultivés et s'établit souvent sons les toits de
paille, ou même sons le plancher des maisons, dont la construction particulière contribue
à offrir à ces animaux vm asyle commode et sur: c'est là qu'ils font la chasse
aux jeunes rats et qu'ils s'emparent des jeunes moineaux et des hirondelles. Certain
auteur japonais ajoute à ces faits, que ce serpent poursuit les femelles des rats lorsqu'elles
sont pleines afin de leur ouvrir le ventre pour dévorer les foetus, dont cette
Couleuvre est assez friande. Elle s'appele en japonais Nezumidori, nom qui
signifie chasseur aux rats; elle est aussi connue sous la dénomination de
Saio-mcguri, ce qui vent dire se promenant autour des villages.
Notre rianche 1 représente un individu à l'âge moyen; la téte de ce même individu
se voit sous fig. 4 (le profil) et fig. 5 (le dessous); fig. 2 représente la plaque rostrale,
ri g. 5 la coupe horizontale du tronc et fig. 6 cclle de la queue; fig, 7 fait voir une
portion du tronc et de la queue vus en dessous. Les fig. 8 et 9 sont faites d'après
le joute: la première indique très-bien le joli dessin dont le dessus de la téte est
orné dans cet âge; la seconde représente nn morceau du tronc vu de côté.
f v