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Le squelette de la grande Salamandre du Japon, oiTre de nombreux rapports
avec ceux de la Salam. mënopome et de la grande Salamandre fossile d'Oeuingen.
Comme dans les Poissons et les P rotées , le corps des vertèbres de ces
Batraciens est creusé par dessus et en dessous d'une cavité conique, et ces cavités
sont remplies d'une substance cartilagineuse en forme de cône, de sorte que ces cônes
réunis deux ¿\ deux par leur base, lient les vertèbres entre elles, en produisant un
mode d'articulation tout particulier. Le nombre des vertèbres est encore absolument
le même dans notre Salamandre que dans le Ménopome; c'est-à-dire, ou compte à
ces espèces vingt vertèbres du tronc et vingt-quatre caudales. La forme des pièces
qui composent le bassin et le sternum, celle des os des extrémités, le nombre des
doigts, enfin.celui des côtes et même des phalanges, ne présentent aucune différence
dans ces espèces, qui offrent en outre cette particularité que, comme les Protées,
elles manquent totalement d'os métacarpiens et métatarsiens qui sont remplacés par un
cartilage. L'examen du squelette de la grande Salamandre du Japon nous a encore donné
lieu à une observation que l'on peut cgalemeut appliquer au Ménopome et aux Prot
é e s : on sait que les os des reptiles en général sont solides, c'est-à-dire qu'ils ne présentent
pas des cavités creusées dans leur masse et destinées à renfermer les matières
uonrrissières; les os des B a t r a c i ens que nous venons de citer sont au contraire tous
creux à l'intérieur; mais il ne serait pas exact de comparer ces creux aux cavités médullaires
des os des oiseaux ou des mammifères; car, dans notre Salamandre, ces cavités
étant ouvertes à l'extérieur, sont seulement fermées par une membrane ou bouchées par
ia substance cartilagineuse qui forme les articulations entre les os du corps: or, les os
des extrémités et les pièces qui composent l'hyo'ide étant réunis entre eux, uniquement
au moyen de cartilage, au lieu de jointures, il résulte de ce mode d'articulation,
tfue ces parties jouissent d'un mouvement extrêmement libre et en tout sens.
La première vertèbre, offrant des cavités articulaires pour les condyles occipitaux,
et portant entre ces cavités un condyle remplaçant l'apophyse odonto'ide, on doit
regarder cette vertèbre comme l'atlas et l'épistrophée réunis: cette vertèbre doit être
considérée en même temps comme vertèbre du cou unique, puisque, dépourvue d'apophyses
transversales, elle ne porte pas de vestige de côte. Toutes les autres vertèbres
se ressemblent assez sous le rapport de leur conformation en général. Les apophyses
obliques sont assez prononcées, elles offrent un plan d'articulation très régulier et de forme
ovale. Les apophyses transversales, dirigées un peu en arrière, sont très développées,
longues et portent à leur bout un os conique de forme comprimée: ces os rudimentaires
qui représentent les côtes, diminuent en volume vers les parties postérieures
Les vertèbres du tronc sont toutes dépourvues d'apophyses épineuses inférieures, mais
on leur voit des rudimens de supérieures, en forme d'une saillie, au bout de laquelle
s'ouvre la cavité creusée dans la substance de l'os, quoique cette ouverture soit tendue
et fermée par une espèce de membrane. Le bassin est suspendu à la vin"-t-unième
vertèbre, que l'on peut considérer comme l'analogue du sacrum: cette vertèbre offre
deux apophyses transversales beaucoup plus vigoureuses que celles des autres vertèbres
et ces apophyses portent dfux os (»), semblables aux côtes, mais également beaucoup
plus vigoureux: à ces os sont suspendus deux autres os (ID) plus grands, courbés,
dirigés en avant et élargis au bout en un pied volumineux, derrière lequel on
voit une troisième paire d'os un peu coniques et réunis avec leur bord interne.
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Cet ensemble de pièces, complété en avant par un cartilage (s) de forme bizarre,
alongé et bifurqué au bout, compose le bassin: on peut comparer la première paire
d'os que nous venons de décrire, aux os ilions; la seconde répond aux ischions, tandis
que la troisième correspond par sa disposition aux os pubis des animaux des classes
supérieures. Le sternum consiste en grande partie en deux lames cartilagineuses (r),
assez larges et de forme irrégulière, qui se recouvrent en grande partie et qui sont
collées l'une contre l'autre. 11 existe une omoplate (s) évasée et à bord sphérique à
son bout inférieur, échancrée au bout supérieur et surmontée d'uu cartilage (i). Les
os des pieds ont beaucoup de rapports entre eux, de sorte que l'humérus (u) ressemble
au fémur (y), et les os de l'avant-bras à ceux de la jambe. Les extrémités antérieures
offrent quatre doigts, supportés chacun, à l'exception du troisième qui en a quatre,
de trois phalanges. On voit cinq doigts aux pieds postérieurs, dont le troisième et
quatrième sont chacun composés de quatre phalanges. Les vertèbres de la queue,
au nombre de vingt-quatre environ, diminuent assez en volume vers l'extrémité de ce
membre : assez comprimées et hautes, elles sont armées d'apophyses épineuses, dont
les inférieures offrent un développement assez considérable. Les apophyses transversales
disparaissent vers le milieu de la queue, quoique celles des premières vertèbres
soient assez longues et même pourvues d'uu petit os correspondant aux côtes rudimentaires
des vertèbres du tronc.
11 nous reste à parler de l'appareil qui compose l'os hyo'ide, et qui, moins compliqué
que dans le Ménopome, se rapproche pour la disposition générale de celui
de nos Salamandres aquatiques. Les branches qui réunissent cet appareil à la
tète sont très développées quoique simplement cartilagineuses, au lieu qu'elles sont supportées
par un os assez large dans le Ménopome; ces branches se confondent par
devant avec la pièce impaire, qui est également cartilagineuse ou plutôt membraneuse :
c'est à cette pièce intermédiaire ou à ce corps que s'attachent les deux branches postérieures
ou cornes, dont la première est réduite à un simple filament cartilagineux, tandis que
la seconde est composée de deux paires d'os de forme alongée. Le Ménopome s'éloigne
encore sous ce dernier aspect, car on lui trouve de plus deux arcs branchiaux osseux, indépendamment
des branches décrites, dont la première est également supportée par un os.
En comparant à notre Salamandre les restes que l'on possède de la grande Salamandre
f o s s i l e d'Oeningen, on voit que cette dernière doit avoir eu rme grande analogie
avec notre espèce, tant par sa taille que par ses formes, et même par l'organisation.
Les vertèbres ressemblent, autant que l'on peut en juger, en tout point à celles de
l'espèce fossile, et leur nombre parait avoir été à-peu-près le même dans les deux
espèces; l'articulation des corps de ces organes entre eux se fait, dans les deux espèces,
au moyen d'une masse cartilagineuse, remplissant les cavités coniques creusées dans
les corps des vertèbres; toutes les deux sont dépourvues d'os métatarsiens et métacarpiens,
à la place desquels ou voit une masse cartilagineuse, absolument comme
dans les Protées; mais le crâne de l'espèce fossile, tout en offrant la même disposition
des os que dans la Salam. du Japon, se rapproche cependant par sa forme
large et applatie, plutôt de la Salam. ménopome. Les pièces incomplètes qui nous
I I ) Celte obsi3rvulion punùl expliquer la grande force de reproduction que Ton observe dans ces aaimau.T, surtout
l elativcrnout à leurs doigts, d'oit rcsulteiU de nombreuses anomalies.
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