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DESCRIPTION DES BATRACIENS ANOURES JAPONAIS.
CRAPAUD COMMUN DU JAPON. BUFO VULGARIS JAPONICUS.
PL. 2 , Fig. 5 et 6.
La confusion qui règne dans la synonymie des Batraciens est extrêmement grande;
elle est particulièrement due à l'introduction dans les systèmes d'un nombre d'espèces du
double plus grand peut-être qu'il n'en existe dans la nature. Le travail que je publie
aujourd'Iiui me fournit l'occasion de rectifier quelques nues des nombreuses erreurs
commises par mes devanciers; cette critique peut en même temps servir de
preuve à l'observation que je viens de faire, et justifier ma manière de voir.
La plupart des Crapauds recueillis au Brésil et dans lesGuyanes.O appartiennent
à l'espèce répandue dans presque toute l'Amérique méridionale, espèce connue des
imturalistes depuis longtemps sous les noms de Bufo agna ou B. marinus. P) Le
Crapaud commun de l'Amérique du Nord, qui se trouve aussi dans quelquesunes
des Antilles, a été décrit par Latreille sous le nom de Bufo musi eus , et c'est
à cette espèce qu'il faut rapporter tous les Crapauds décrits jusqu'à présent comme
provenant des pays que je viens de citer. P) Ces deux espèces, comme les deux grands
Crotales et plusieurs autres reptiles se représentent mutuellement dans les" deux
Amériques; fait qui a également lieu à l'égard de deux espèces de Grenouilles,
Rana pacliypus (Spix) du Brésil, et Rana mugiens de l'Amérique du Nord; la
première espèce, ayant été décrite par Spix et d'autres voyageurs, sous plusieurs noms
divers; la seconde n'étant autre chose que le Bul lfrog des Anglo-Américains. P)
Ces erreurs ont pris leur origine de la négligence, q,i'on a mis à étudier les changemens
qu'éprouvent ces animaux pendant leur croissance; oubli moins pardonnable,
(1) On conçoi t q u e dans c e n omb r e ne sont p a s c ompr i s les B u f o l y p h o n i u s , s p i n u l o s u s et plus i eur s aut res
qui se r a ppr o chent de s B omb i n a t e u r s .
(2) S p i i a p o r l e une g r ande confus ion dans le s y s t ème , en f a i s ant des e spè c e s de tous les individus d e c e c r a p a u d
recuei l l i s pa r lui . Ay ant été à même d ' e i ami n c r les individus qui ont servi à forme r ces espèces n omi n a l e s , j e pui s
a s sure r que l 'on doi t r éuni r au B u f o a g u a , les B u f o m a c u l i v c n 1 e r , s c a b c r , d o r s a l i s , o r n a t u s , a l b i c a n s ,
i c t e r i c u s , s c a b i o s u s , s e m i l i n e a t u s e t c . de S p i j , ainsi que l e B u f o c i n c t u s du Pr inc e de Neuwied' .
J ' a i dé j à cons t a t é a i l l e u r s , que le t ravai l de S p i i mé r i t e très p e u de c onf i anc e ; il f aut donc l e consul ter ave c b e a u -
coup de c i r conspe c t ion. Po u r les c r a p a u ds déc r i t s p a r l u i , j ' o b s e r v e encore que que l que s -uns d' ent r e eux a p p a r t i e n -
nent p r o b a b l eme n t au g enr e B o m b i n a t o r ; l ' i f e m i p h r a c t u s P l . f V , f i g . 2 , est un j e u n e C é r a t o p h r y s et c .
( S ) L e Mus é e de Pa r i s po s s ède plus i eur s Cr a p a u ds i n é d i t s , or igina i res des Ant i l l e s .
( 4 ) El l e se r e conna î t f a c i l ement à ses doigt s tout - à - f a i t l i b r e s , et à une p r o t u bé r anc e a u i p i e d s de devant en gui se
de c inq u i ème doigt plus déve loppé e dans le mi l e q u e dans les f eme l l e s ; dans le j eune â g e , l 'on n'en voit guè r e de t race
Ce sont les R a n a m a r g i n a t a , o c e l l a t a , s y b i l l a t r i i (Ne uwi e d ) , g i g a s , c o r i a c e a et p a c l i y p u s de Spi.v:
enfin l e Dorypl iorus de Ma y e r (Ana l e c t . p . 2 3 ) .
(5) E s p è c e qui difTere de cel le qu' e l l e r epr é s ent e dans l 'Amé r i q u e du S u d , pa r ses p i e d s pos t é r i eur s un peu p a lmé s ;
on la t rouve aussi à la Ma r t i n i q u e , et elle a été int rodui l e dans le sys t ème sous les noms de l i a n a m u g i e n s !
p i p i e n s , v i r g i n i c a , plus sous que l que s a u t r e s , inventés p a r L c c o n t e .
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parcequ'il est généralement connu que ces animaux parviennent à une taille extrêmement
forte, et que les reptiles atteignent un âge très-avancé. On pourrait citer des
erreurs semblables, commises par les naturalistes dans la détermination des espèces
des genres Ilyla, <') R ana , Bombinator etc.; mais nous bornant ici à ce qui est
relatif à celui des Crapauds, nous constatons qu'il convient de réunir comme variétés
locales ou comme variétés de climat du Crapaud d'Egypte (Bufo arabicus), les
Crapauds découverts jusqu'à présent au Sénégal et au Cap; ce dernier, le Bufo
pantherinus de Boie ne présentant d'autres traits distinctifs qu'un système de
coloration plus pur et plus vif. Les Crapauds, rapportés du Bengale ou des lies du
grand Archipel indien, appartiennent, à l'exception de plusieurs espèces nouvelles, à
deux espèces. Bufo asper et scaber, dont la dernière est la plus commune. 11 est
connu que notre Crapaud commun d'Europe a fourni matière à l'erreur: les naturalistes
ont décrit les jeunes individus sous les noms de Buf o Roeselii et roseus, et
ils ont fait de la variété commune de l'Europe méridionale une espèce particulière,
sous le nom de Bufo spinosus. P)
Le Crapaud du Japon ressemble tellement à notre Crapaud commun, que nous
jugeons convenable de le considérer comme formant une variété de climat ou race
de cette espèce européenne. Les seuls caractères qu'on puisse trouver pour distinguer
ces deux Crapauds, sont que celui du Japon offre un système de coloration plus vif,
une tête un peu plus large à la base et par conséquent plus conique, puisqu'il a le
museau plus saillant à la région des narines. Les squelettes des Crapauds communs
du Japon et d'Europe n'offrent des différences dans aucune de leurs parties. Les
jeunes individus présentent souvent des taches d'Une belle teinte rose sur les côtés de
tontes les parties. Le dessin réticulaire noir des parties inférieures est plus prononcé
dans le Crapaud commun du Japon que dans celui de l'Europe; il en est de même
de la raie foncée qui se dirige sur le bord inférieur de la glande parotide, s'étendant
même sur les flancs où elle est confondue avec le dessin réticulaire des parties inférieures;
elle est souvent bordée d'une raie plus claire qui sépare la couleur du dos
de celle des flancs. Ce Crapaud est sujet à varier d'un individu à l'autre: quelquefois,
comme c'est le cas dans l'individu figuré, les tubercules de la peau sont assez
saillans, répartis en petites épines, et d'une couleur plus foncée; chez d'autres les tubercules
sont très émoussés, et il y en a dont la peau est presque lisse ou ridée lono-itudinalement.
La disposition des teintes ne varie guère moins; car nous possédons des
individus chez lesquels les parties supérieures sont d'un brun olivâtre presque uniforme,
tandis que plusieurs sujets très jeunes, offrent un gris cendré ou brunâtre.
(1) No u s avons déjà c ons t a t é ai l leur s que l l y l a v e n u l o s a d e D a u d i n est le j e u n e de H y l a p a l m a t a , ce qui p r o u -
verait que la pa t r i e de cet te e spè c e est la Gu y ane et p a s la Vi r g i n i e , c omme on l ' a avancé d' a p r è s les donné e s f a u -
tives d e S e b a . L e s U y l a n i g e r r i m a et t r i v i t t a t a de S p i x ne me pa r a i s sent p a s di f férer de f l y l a t i n c t o r i a .
Le s U y l a f e m o r a l i s et h y p o c h o n d r a l i s sont les j e i ine s de l l y l a b i c o l o r . L e s H y l a l u t e o l a d e Ne uwi e d et
v a r i o l o s a de S p i s doivent ê t r e r appo r t é s à i a R a i n e t t e p o n c t u é e . L a Ra ine t t e c ommu n e dans la Ma l a i s i e ne f o rme
dans la plupa r t de ces îles qu'une seule e s p è c e , dont les teintes va r ient à l ' i n f i n i , ce qui a donné lieu à l ' é t a bl i s s e -
ment des U y l a l e u c o m y s t a s , q u a d r i v i r g a t a , l e u c o p o g o n , q ua d r i l i n e a t a et d ' a u t r e s : c e t t e e s p è c e , dont
nous pos s édons des sujet s de ,Tava , de S uma t r a , de Bo rné o etc.., se t rouve é g a l ement a n i iles Phi l ippine s ( H y l a q u a d r i -
l i n e a t a "VVicgman N . Ac t a vol . 1 7 , T a b . 2 2 , f . 1 ) ; elle h a b i l e aus s i le cont inent de l ' I nd e ( U y l a m a c u l a t a de
l ' Indl an Zo o l o g y ) , et on en t rouve une var iété il Timo r ,
(2) B o s o Diet, d'/iisl. nal. 6 , p . 4 S 8 ; D a u d i n 8 . p . 1 9 9 .