grande étendue de l'Amérique intertropicale: toutefois, „ „ , ,
tortue, propre à plusieurs des Antilles, y a vécu primitivement, ou bien si l'espèce
y a été transplantée. On doit présumer que ce dernier cas a eu lieu relativement
à la T o r t u e i n d i e n n e , qui se trouve répandue aujourd'hui sur les
côtes occidentales des deux Amériques, depuis la Californie jusqu'au Chili: on
serait même tenté de croire, que cette grande tortue a été naturalisée aux iles
Galapagos dans la mer pacifique, quoique éloignées à si grande distance de la véritable
patrie de cette espèce; si les premiers navigateurs espagnols ne l'avaient pas
déjà rencontrée en abondance dans ces lies solitaires et désertes. Nous avons déjà dit
plus haut que l'Amérique septentrionale ne nourrit qu'une seule espèce de T r i o n y x ,
le T r i o n y x f e r o x , et que cette contrée est par contre très-riche en Emy d e s ; il
s'en faut cependant, que toutes les espèces de ce dernier genre conviennent entr'
elles dans les habitudes, ou qu'elles puissent être considérées comme tortues habitant
indifféremment la terre ou les eaux: l'une de ces Emy d e s , l ' Emy s s e r p e n t i n a , répandue
dans la plupart des provinces des États-Unis, est plus particulièrement aquatique
et fait évidemment le passage au genre T r i o n y x ; l'autre au contraire, l ' Emy s
c l a u s a , commune depuis la Baie de Hudson jusqu'aux Florides est rapprochée par
sa manière de vivre des Tortues terrestres, qu'elle semble destinée à lier avec
le genre, auquel elle appartient d'après son organisation. D'autres espèces, telles
que l ' Emy s p u n c t a t a et o d o r a t a , se rapprochent également, quoique dans un
moindre degré, des Tortues terrestres: elles sont communes dans les États-Unis
mais la première n'existe plus dans les provinces méridionales, que la seconde habiteou
la trouve jusqu'au Mexique, où elle a été observée dans le fleuve Alvarado. Les
autres Emy d e s de l'Amérique du Nord sont les Emy s p i c t a , Mû h l e n b e r g i i , et
c e n t r a t a , espèces plus particulièrement propres aux États septentrionaux, jusqu'au Canada;
plus, les Emy s s e r r a t a , r e t i c u l a r i a et g e o g r a p h i c a , qui ont été capturées
en plusieurs endroits très-distans les uns des autres. L'Amérique méridionale produit
également des Emy d e s a n oma l e s , organisées de manière à pouvoir vivre habituellement
dans les eaux: le Ch e l y s , espèce très-singulière par la configuration bizarre de quelques
unes de ses parties, habite les marais de Cayenne et de la province de Paral
'Emy s p l a t y c e p h a l a , commune dans tout le Brésil et à Surinam, appartient au
nombre des Emy d e s à long c o u , petit groupe caractérisé par des habitudes plus
particulièrement aquatiques. A la suite de ces Emy d e s se rattachent les Emy s
e x p a n s a et Dumé r i l i i , espèces de grande taille, qui fréquentent les bords du Maranon
et de ses affluens ; enfin, les Emy s p u n c t u l a r i a et s c o r p i o i d e s , communes
dans ces lieux ainsi que dans les Guyanes, s'éloignent des précédentes pour se rapprocher,
la première des espèces types du genre, la seconde de l 'Emy s o d o r a t a
qu'elle remplace dans l'Amérique australe, et dont elle n'est peut-être qu'une variété
de Climat.
L'Afrique nous offre relativement à la répartition géographique des Chéloniens, des
phénomènes tout-à-fait différens de ceux que nous trouvons dans le nouveau monde.
Les plateaux stériles de cette immense presqu'île ne donnent naissance, qu'à des torrens
plus ou moins rapides, dont les eaux absorbées, pendant l'été dans les sables
mouvans, tarissent et se déssèchent par l'influence des chaleurs tropicales. C'est à
ces causes qu'il faut attribuer l'existence de ce petit nombre d'animaux des eaux
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douces, comparé au nombre bien plus considérable reparti en Amérique; c'est aussi
pourquoi l'Afrique nourrit une telle quantité d'espèces de Chéloniens terrestres. Une
seule Emyde , l 'Emy s g a l e a t a , de la tribu des Emy d e s à l ong cou, vit dans
les rivières du Cap et se rencontre peut-être aussi au Sénégal; il parait que le Nil
en est totalement dépourvu, car ce fleuve ne nourrit qu'une espèce du genre T r i o n y x ,
répandue aussi dans la plus grande partie de l'Afrique située sous les tropiques. Mais
ce vaste continent avec les iles voisines produit sept espèces différentes de T o r t u e s
de t e r r e , ou pour être plus vrai, toutes les espèces connues de ce genre, à l'exception
de la seule espèce américaine: trois d'entr' elles, les T e s t u d o a n g u l a t a , a r e o -
l a t a et g e ome t r i c a habitent les environs de la ville du Cap, mais elles se trouvent
également à Madagascar et la première a aussi été observée à Sierra-Leona; la
Te s t , p a r d a l i s se rencontre dans la partie orientale de la Colonie du Cap; la
Tes t , r a d i a t a à Madagascar et peut-être aussi au Sénégal et en Abyssinie; la Tes t ,
indica est encore originaire de Madagascar et vit égalemeut sur les ilôts voisins,
quoiqu'elle ait été exterminée sur ceux oii les Européens se sont établis; la Te s tudo
graeca enfin ne se trouve que le long de la côte septentrionale de l'Afrique, depuis
les Etats barbaresques jusqu'en Syrie.
Cette même tortue terrestre, Te s t u d o g r a e c a , la seule Européenne, fréquente
dans cette partie du monde, les pays riverains de la Méditerrannée, depuis la Morée
jusqu'à la France. Ces lieux produisent une Emyde, l ' Emy s e u r o p a e a , qui habite
l'Allemagne jusqu'en Prus se; on l'a même rencontrée sur le Wolga , mais la seconde
espèce européenne de ce genre, l 'Emys vul g a r i s , n'a été observée qu'en Espagne,
en Dalmatie, dans la Morée et sur les bords de la mer Caspienne.
L'Asie est peuplée par un nombre très-considérable de tortues d'eau douce ; mais
cette vaste étendue de terre ne nourrit que quelques espèces de tortues terrestres:
nous venons de constater que la Te s t , g r a e c a habite une partie de la Syrie; la Te s t ,
g e ome t r i c a , espèce africaine, se rencontre aussi à l'ile de Ceylan; mais l'existence
à l'état sauvage de la Te s t , indi c a à la côte de Coromandel mérite encore d'être
confirmée par des observations exactes. Des six espèces connues du genre Tr i ony x ,
il n'en est pas moins de cinq, qui fréquentent les fleuves du Sud de l'Asie : ou en
a observé une dans l'Euphrate, qui est peut-être identique avec le Tr i onyx du Ni l ,
qu'on voit aussi dans l'Indoustan. Le Gange nourrit une espèce, le Tr ionyx gang
e t i cus , propre à ce qu'il parai t , à ce fleuve; iine autre, le Tr ion. g r ano s u s , qui
forme le passage aux Emy d e s , se trouve également à la côte de Coromandel; deux
autres enfin, les Tr ionyx s t e l l a tus et subp l anus ont été observées depuis le Bengale
jusqu'à l'ile de Java. Le Tr ionyx du Japon appartient probablement à cette première
espèce, qui serait alors presque aussi répandue que l 'Emy s v u l g a r i s , dout on rencontre
une variété de climat dans les iles de cet empire. Les autres Emy de s
du Sud-Est de l'Asie sont les Emys t e c t um; l 'Emys me g a c e p h a l a , si caractéristique
par ses formes lourdes; l 'Emys t e t r a o u y x , intermédiaire entre les
Emyde s et les Tr i o n y x , et originaire du fleuve Iravvaddy; l 'Emys S p e n g l e r i ,
dont ou connaît plusieurs variétés intéressantes, observées à Ile de france, à Ceylan,
sur l'île Penaug, à Malacca, à Sumatra, J a v a , Borneo et en Chine; enfin
deux espèces qui s'éloignent des autres par leur carapace bombée et dont l'une à
plastron mobile; l 'Emy s c our o habite la Chine, la pointe méridionale de Célèbe, et