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 des  indigènes,  que  cette  espèce,  pour  faire  sa  poute,  visite  en  société  des  autres  
 tortues  de  mer,  les  côtes  du  Brésil,  comprises  entre  les  rivières  Doce,  St.  Matheo,  
 Mucurie,  Belmonte  et  Pardo.  Molina  O  en  parle  comme  habitant  les  côtes  du  Chili.  
 Le  Musée  des  Pays-Bas  possède  outre  vui  individu  trè.s-adulte,  des  jeunes  à  peine  
 sortis  de  l'oeuf,  dont  l'uu  communiqué  au  Musée  de  Munich,  a  été  figuré  par  
 Mr.  Wagler:  on  les  doit  aux  soins  du  docteur  van  Ilorstok,  qui  leur  indique  pour  
 patrie  la  Baie  de  la  table  au  Cap  de  bonne  espérance.  Son  existence  dans  les  mers  
 qui  baignent  le  Japon,  a  été  démontrée  par  Mr.  von  Siebold,  non-seulement  ])ar  l'individu, 
   dont  il  a  rapporté  les  dépouilles,  mais  aussi  par  un  dessein  japonais,  que  
 ce  voyageur  a  vu  dans  ce  pays.  
 CHÉLONIENS  PROPREMENT  DITS.  CHELONIA.  
 On  réunit  sous  cette  dénomination  toutes  les  Tortues  de  mer,  à  l'exception  du  
 S p h a r g i s ,  dont  elles  se  distinguent  par  l'organisation  de  la  carapace  et  par  la  nature  
 des  tégumeus  généraux.  
 Les  pièces  qui  forment  la  colonne  dorsale  ne  se  soudent  guère  que  dans  mi  âge  trèsavancé; 
   elles  sont  au  nombre  de  dix:  leurs  apophyses  épineuses,  élargies  et  aplaties,  
 sont  réunies  au  moyen  de  sutures  dentelées,  qui  garnissent  les  bords  dans  leur  pourtour; 
   ti'ois  ou  quatre  petits  os,  semblables  à  ceux-ci,  occupent  l'espace  derrière  la  
 dernière  vertèbre  dorsale  et  servent  à  compléter  la  voûte  de  la  carapace,  tandis  que  
 les  trois  vertèbres  suivantes  se  rapprochent  des  os  du  bassin,  pour  composer  le  sacrum,  
 auquel  succèdent  les  18  ou  19  vertèbres  de  la  queue.  Il  n'y  a  que  huit  paires  de  
 côtes  qui  sont  libres  vers  leur  pointe,  la  surface  du  reste  étant  élargie;  elles  sont  
 réunies  entr'  elles  et  tiennent  aux  apophyses  des  vertèbres  par  des  sutures  dentelées  
 si  fortement  unies,  que  l'ensemble  présente  une  voûte  osseuse  parfaitement  immobile.  
 L'extrémité  vertébrale  des  côtes  est  représentée  par  une  petite  apophyse,  terminée  
 par  line  facette  articulaire,  qui  aboutit  à  la  jonction  des  vertèbres,  de  manière  qu'il  
 reste  ime  ouverture  entr'  elle  et  la  vertèbre:  l'ensemble  de  ces  ouvertures  forme  un  
 canal  propre  à  donner  passage  aux  nerfs  et  aux  vaisseaux  dorsaux.  Les  côtes,  en  produisant  
 latéralement  une  irradiation,  touchent  à  une  série  de  petits  os  trigones,  réunis  
 entr'  eux  par  des  sutures  dentelées,  qui  forment  la  bordure  de  la  carapace;  ces  osselets  
 ont  leur  bord  interne  évasé  pour  recevoir  l'extrémité  sternale  de  la  côte.  On  ne  voit  
 aucune  trace  de  ces  os  chez  les  Sphargis;  il  s'en  trouve  chez  les  Chéloniens  
 dix  paires  de  chaque  coté,  qui  sont  réunis  en  avant  et  en  arrière  par  un  os  impaire:  
 celui  de  devant  est  large;  il  présente  deux  cornes  latérales,  et  se  lie  avec  la  première  
 paire  des  côtes,  étant  supporté  par  deux  petits  os,  qui  partent  de  sa  face  interne, 
   et  viennent  s'unir  à  la  dernière  vertèbre  du  cou:  l'os  impaire  qui  sert  à  terminer  
 la  carapace  postérieurement,  est  un  pou  fendu.  La  carapace,  ainsi  formée,  
 est  recouverte  à  l'extérieur  par  des  lames  cornées,  dont  les  bords  s'engrènent  les  uns  
 avec  les  autres;  une  espèce  cependant,  a  ces  bords  libres,  et  les  lames  sont  disposées  
 en  manière  de  tuiles.  Les  lames  garnissant  le  milieu  du  dos,  se  trouvent  au  
 nombre  de  cinq;  elles  ont  de  chaque  côté  quatre  autre  paires,  appelées  latérales  ou  
 (1)  Hist.  iVat.  du  Chili,  p.  290.  
 costales,  
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 mais  leur  nombre  diffère  constamment  chez  la  Chelonia  cephalo,  oii  la  
 nremièï4  lame  latérale  se  trouve  précédée  d'une  autre  plus  petite.  Les  os  du  bord  
 Lut  enveloppés,  par  de  petites  lames,  analogues  à  ceux-là  par  leurs  formes  et  disposées  
 de  telle  manière,  que  l'os  impaire  antérieur  répond  à  une  lame  impaire  appelée  
 michale  tandis  que  l'os  impaire  postérieur  est  recouvert  par  une  lame  fendue  en  deux;  
 le  re'stc'de  la  circonférence  est  complété  par  onze  paires  de  lames  à  bord  tranchant.  
 Chez  la  Caouanne  (Chelonia  cephalo)  oii  il  se  trouve  cinq  paires  de  lames  latérales  
 le  nombre  des  marginales  est  également  augmenté  d'une  paire.  
 Le  plastron  est  supporté  par  neuf  pièces;  les  espaces  entre  celles-ci  sont  remplis  
 comme  ceux  qui  existent  entre  les  côtes  par  une  membrane  épaisse,  qui  sert  également  
 à  lier  le  plastron  à  la  carapace.  Les  os  du  plastron  sont  disposés  en  forme  
 de  croix,  dont  le  milieu  présente  un  espace  vide  et  oblong.  Les  os  du  milieu  se  
 ressemblent  par  leur  forme  et  se  trouvent  au  nombre  de  deux  paires.  On  peut  leur  
 reconnaître  trois  apophyses,  dont  l'une  sert  pour  réunir  les  deux  os  contigus  au  moyen  
 d'une  suture  qui  se  porte  latéralement,  et  touche  par  son  extrémité  palmée  k  la  carapace; 
   l'autre,  d'une  forme  semblable,  reçoit  les  pièces  par  lesquelles  le  plastron  est  
 terminé:  elles  consistent  en  une  paire  d'os  minces  et  courbés,  dont  l'antérieur  reçoit  
 aussi  ime  pièce  impaire,  subulée  et  déliée.  Le  mouvement  de  ces  os  entr'  eux  et  avec  
 la  carapace  doit  être  si  borné,  qu'il  ne  peut  produire  qu'une  dilatation  peu  considérable  
 de  la  cavité  abdominale.  
 Les  lames,  qui  recouvrent  la  carapace  de  ces  animaux,  se  ressemblent  sous  plusieurs  
 rapports;  leur  épaisseur,  la  manière  dont  elles  sont  jointes,  le  nombre  des  lames  latérales  
 et  marginales,  les  dimensions  relatives  des  parties  du  corps,  la  forme  de  la  
 té te  et  des  mâchoires  offrent,  suivant  les  espèces,  des  différences  marquées.  Quelques  
 navigateurs  et  plusieurs  naturalistes,  ont  admis,  depuis  des  siècles,  trois  espèces  distinctes, 
   auxquelles  les  auteurs  modernes  ont  ajouté  plusieurs  espèces  purement  nominales. 
   Avant  de  tracer  l'histoire  de  ces  animaux,  nous  avons  mis  tous  nos  soins,  
 pour  réimir  dans  les  galeries  du  Musée  des  Pays-Bas,  un  très-grand  nombre  de  tortues  
 dans  toutes  les  périodes  de  l'âge;  les  envois  nombreux  rapportés  des  diverses  
 parties  du  globe  et  les  sujets  capturés  sur  des  mors  différentes  et  à  de  grandes  distances  
 les  unes  des  autres,  ont  servi  à  fixer  notre  opinion,  et  à  nous  persuader  qu'on  
 ne  doit  admettre  dans  ce  genre  que  les  trois  espèces  anciennement  connues,  et  que  
 toutes  celles  formées  plus  récemment  doivent  être  considérées  connue  variétés  constantes  
 ou  accidentelles  de  ces  trois  espèces  types.  Les  descriptions  comparatives  fournies  
 dans  les  chapitres  suivans  sont  le  résultat  d'observations  rigoureuses  et  souvent  
 renouvelées  sur  une  multitude  d'individus,  et  sur  des  séries  complètes  dans  toutes  
 les  périodes  de  la  vie.  
 1 -  ESP.  LE  CARET.  CUE  LO  NI  A  I3IBRICATA.  
 De  toutes  les  Tortues  de  mer,  celle-ci  a  les  lames,  qui  recouvrent  sa  carapace,  
 les  plus  épaisses  et  le  plus  agréablement  nuancées;  aussi  s'en  sert-on  de  préférence  
 dans  les  arts.  Elle  est  très-recherchée;  on  estime  ses  écailles,  désignées  dans  le  commerce  
 sous  le  nom  de  Caret  en  raison  de  leur  volume  et  de  l'épaisseur  des  tables;  
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