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ce naturaliste n'a pas balancé à se joindre^ avec M. Zipelius, à la troisième expédition
dont nous allons indiquer sommairement les travaux.
M. BhimOj botaniste distingué j l'un de ceux qui marcbèrent sur les traces du professeur
ReinAvardt, a revu le sol de l'Europe: des collections nombreuses en botanique
et en zoologie, rassemblées à Java, ont été rapportées par lui; il se trouve placé aujourd'hui
dans une sphère où ses acquisitions en botanique peuvent servir à l'illustration
de cette science. Java ne poiirra guère nous olTrir psir la suite qu'un nombre
très-borné d'espèces d'animaux inconnus; tandis qu' avant l'époque des vojages du
naturaliste anglais, M. le docteur Uorshcld, on connaissait peine nue cinquantaine
d'espèces de mammifères et d'oiseaux de cette vaste partie des lies sondaiques.
A la nouvelle de la mort de Kuhl et de van llassclt, le gouvernement du Roi ordonna
incontinent une expédition nouvelle; M.M. Boie, Macklot, Mûller et van Oort,
employés depuis quelques années au Musée des Pays-bas, oii ils ont été formés par
une étude pratique assidue, furent chargés de continuer les travaux scientifiques dans
rinde. Il aurait été difficile de faire un choix de personnes mieux à même de remplir,
avec la persévérance requise, ime telle mission; Boie doué d'un zèle ardent pour
les sciences, et non moins recommaudable par ses vastes connaissances que par les qualités
excellentes du coeur, est tombé, comme ses deux prédécesseurs, victime de cette
ardeur outrée qui néglige les soins à prendre dans ces climats pour la conservations
des forces et de la santé.
Pendant ce tems M. le Dr. von Siebold continuait ses travaux fructueux au Japon^
contrée si intéressante à connaître, sur laquelle la science porte depuis bien des années
un regard curieux, et que notre voyageur peut se glorifier d'avoir rendue tributaire
an monde savant. Nous avons déjà rendu compte de cettfe mission dans im
autre ouvrage W et nous osons le promettre avec confiance, elle remplit à tous égards
au besoin de la science. Les nombreux matériaux rassemblés par M. von Sieljold,
surtout ceux en histoire naturelle que son successeur au Japon, M. le Dr. Biirger
eontiirae d'adresser au Musée des Pays-Bas, nous mettront bientôt à même de publier
une faune à-pen-près complète de cette partie du monde, naguère si peu connue.
Après la mort de Boie, S. E. le commissaire Général Dubus de Ghisignies, appréciant
à sa juste valeur les talens de JI. Diard, chargea ce naturaliste de remplir
les fonctions de notre défunt ami; il s'était distingué à Bencoulen dans l'ile de Sumatra
du tems du gouverneur anglais Sir Stamford Raffles ; depuis que M. Diard est passé au service
des Pays-Bas dans l'Inde, il ne cesse de se vouer, avec une assiduité appréciée à
sa juste valeur, à tout ce qui peut être utile à l'économie rurale et aux progrès des
cultures; ses travaux s'étendent également dans les recherches en zoologie. Le voyage
exécuté par lui à Bornéo, a enrichi considérablement le Musée national, quoiqu'il n'eut
lieu que sur un seul point de la côte, à Pontianak.
A-peu-près à la même époque fut ordonné par le gouvernement colonial une expédition
de découvertes vers les côtes de la Nouvelle-Guinée et qui devait prendre terre
dans les principales îles du groupe des Moluques; la corvette Triton et une gabare
furent équipées à cette fin à Batavia. M.M. Macklot, Miillcr et van Raalten comme zoologistes,
un peintre, M. van Oort et un botaniste, M. Zipelius, accompagnés de chas--
(1) Voyez le discours prclirainaire de mes Monographies de Mammalogie.
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seurs indigènes furent embarqués pour faire partie de celte expédition, que M. Macklot
a remplie avec l'activité qui le caractérise, et le succès qu'on était en droit d'attendre
de ses connaissances très-étendues. Des collections d'une conservation parfaite et
du plus grand intérêt pour la science, des dessins soignés et des notes très-circonstanciées
sont les fruits de cette campagne maritime, dont les résultats n'ont rien laissé
à désirer, mais qui fut, hélas, fatale à deux membres de la commission, van Raalten
et Zipélius: ces courageux voyageurs succombèrent à Timor aux suites des maladies
endurées sur les côtes de la Nouvelle-Guinée; M. Macklot leur fit ériger une tombe
sur le littoral de Timor. Tous les manuscrits et plusieurs dessins destinés à la
publication historique du voyage, restèrent entre les mains de M. Macklot et devinrent
plus-tard la proie" des flammes, lors de la revolte qui eut lieu peu de tems après
son retour à Java, dans la province de Krawang où notre ami, trop confiant dans
l'extrême force corporelle dont il était doué, prit une part trop active contre les rebelles
et périt misérablement sous leurs mains, peu de jours après qu'il avait vu
détruire le fruit de ses travaux scientifiques.
Depuis ce tems, la commission réduite à deux membres, M.M. Müller et van Oort
fut recrutée en employés du Musée dans les personnes de M.M. van Gelder et Overdyk;
M. Korthals se rendit aussi a Batavia pour remplacer le botaniste Zipélius. M. Müller,
chef de cette mission nouvelle, vient d'être envoyé l'année dernière, avec tous ses
compagnons à Sumatra, dans le but de visiter les parties de l'intérieur, où leur zèle
a déjà trouvé l'occasion de se manifester par des envois nombreux arrivés à bon port
i\ Java, et qu'on attend sous peu en Europe. Cette lie vient encore d'ouvrir un tombeau
à l'un des membres de cette expédition: M. van Oort y périt à la fleur de l'âge.
Puisse notre jeune et savant ami, M. Horner, chirurgien de la marine, arriver sous
peu à sa destination, y remplacer le vide dans les cadres de notre mission scientifique
et conserver la santé robuste, dont il jouissait en prenant congé de nous.
Les pertes éprouvées, coup sur coup, par le Musée des Pays-Bas dans les personnes
attachées à cet établissement en qualité de naturalistes voyageurs, sont remarquables;
elles sont, nous devons en convenir, de nature à décourager ceux qui veulent se livrer
à la carrière honorable des recherches scientifiques dans des climats encore peu
connus; hélas! il n'y a presque aucune des iles visitées par nos amis, où il ne se
trouve un tombeau consacré leur mémoire. A peine avons nous pu tracer quelques
lignes, dans le but de porter à la connaissance de leurs collègues et de leurs contemporains,
les mérites de nos compatriotes en mission dans l'Inde, que la nouvelle de
leur mort vient nous frapper de consternation et de douleur. Lorsque notre plume
s'empressait d'exprimer notre admiration et se faisait un devoir de publier leur éloge,
les restes de nos jeunes amis se trouvaient déjiY réunis sous leur demeure dernière;
tristes monumens, sur lesquels l'amitié de vos collaborateurs déposa un dernier souvenir
et le dernier adieu! C'est ainsi que les sciences naturelles ont a déplorer
la mort d'im Kuhl et d'un van llassclt, d'un Boie et d'un Macklot, de van Raalten,
Zipelius, van Oort et avant eux, d'un Baierlcin sur la côte de Guinée. Pour récompense
de vos travaux, pour votre dévouement, l'amitié ne peut vous offrir que
le souvenir tracé sur le marbre des cénotaphes, érigés en votre honneur dans le
Musée national, où votre mémoire sera toujours chère à ceux qui ont été à même
d'apprécier vos connaissances étendues, votre zèle pour coopérer l'avancement des