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teinte de blanc. La ligne qui détermine le bord supérieur de la mâchoire supérieure,
est, vers l'extrémité du museau, un peu moins courbée que dans la Baleine
arctique; eu arrière, au contraire^ elle forme une courbure extrêmement forte, et
se dirige en bas et en dehors, pour se recourber ensuite jusque derrière l'oeil. La
ligne de la mâchoire inférieure offre également une courbure différente; sa partie
horizontale est beaucoup plus courte que dans la Baleine arctique, et en avant, elle
s'incline insensiblement vers l'extrémité de la mâchoire, au lieu de descendre brusquement
comme dans cette dernière espèce. Les fanons paraissent être un peu plus
courts que ceux de la Baleine arctique, fait également constaté par Scoresby. Les
nageoires pectorales sont plus grandes et plus prolongées en pointe; les lobes de la
caudale sont séparés par une échanchrure beaucoup moins profonde que dans la Baleine
arctique. Quant aux formes générales du tronc, nous n'osons établir une comparaison
entre les deux espèces, vu les grandes différences individuelles qu'on observe
dans ces animaux, selon que leur lard a acquis un développement plus ou moins
considérable. Les couleurs au contraire paraissent le plus souvent offrir des différences
marquées. Dans la Baleine antarctique, le blanc des parties inférieures occupe
un espace assez limité; il s'étend depuis la gorge jusqu'à l'anus, et n'atteint
pas même, sur les côtés du ventre, la base des nageoires pectorales. Cette couleur
parait être séparée nettement, mais par une ligne assez irrégulière, de la
t e i n t e générale noire. On observe enfin iine tache blanche au dessus de l'oeil et une
autre sur le dessus du museau. Dans la Baleine arctique au contraire, ces taches
n'existent pas, et le blanc, occupant toute la moitié inférieure de l'animal, se mêle
par degrés à la couleur noire des parties supérieures.
Cette Baleine porte au Japon le nom de S e b i -Ku z i r a , ce qui signifie Baleine à
dos sec; elle est ainsi nommée, parcequ'elle a l'habitude de nager à fleur d'eau, de
sorte que son dos, sortant des flots, n'est pas humecté par l'eau. On distingue, au
Japon, deux variétés de Sebi, que les Japonais disent cependant offrir entre elles
des différences peu sensibles de forme et de couleur. La couleur de celte Baleine
est noire, suivant les descriptions des Japonais; mais leur ventre est blanc, et elles
ont une tache blanche sur le museau, ainsi qu'au dessus des yeux; les lèvres sont
également bordées de blanc. Les yeux sont très-petits et n'offrent, dans les individus
de très-grande taille, qu'un diamètre de six pouces; ils sont très-saillants,
particulièrement lorsque l'animal a la bouche fermée. Cette première variété se distingue,
dit ce même auteur Japonais, par sa nuque pourvue de plis, de la deuxième
variété qui offre au contraire un dos plus élevé et sa mâchoire inférieure ainsi que
les nageoires pectorales sont parsemées de taches de couleur pourpre qui ressemblent
à des fleurs. Les très-vieux individus portent trente mètres en longueur W, et fournissent
plus de soixante mille litres d'huile. Les Japonais préfèrent la chair et le
lard de cette Baleine à ceux de tous les autres cétacées; on en mange généralement,
bouilli à l'eau, et ni la chair ni le lard n'en sont d'un goût désagréable.
Le K.o-kuzira, (c'est à dire petite Baleine), des Japonais ne paraît pas diffé-
(1) On a lieu de clouter de l'exactitude de cette assertion; car on sait que les Baleines proprement dites
ne surpassent jamais cinquante à soixante pieds en longueur, et que ce sont au contraire les lialeiuoptèrcs
qui parviennent à une longueur de quatre-vingt dix à cent pieds.
rer spécifiquement du Sebi-Kuzira. On dit qu'il parvient i une taille de vingt
mètres P) et qu'il est également dépourvu de nageoire dorsale. La chair en est
excellente.
On voit sur la planche 28, iig. 1, la figure de la Baleine des mers australes, vue
de côte; fig. 2, la coupe du corps prise entre les nageoires pectorales et les yeux;
pl. 29, fig. 1, cette même Baleine, vue en dessous; fig. 3, coupe de la tête.
L E S BÂLEINOPTÈRES.
LA BALEINOPTÈRE DES MERS AUSTRALES. (Balaenoltera ANTARCTICA).
Pl. XXX.
La figure publiée sur notre trentième planche, est celle d'une Baleinoptère, prise
sur les côtes méridionales du Japon, et dont Mr. Bürger a fait faire le dessin sur les
lieux mêmes par le Japonais Toioske. En comparant ce dessin à ceux publiés jusqu'à
ce jour de Baleinoptères, il est évident qu'il ne peut représenter l'espèce des
mers antiques, et qu'il offre au contraire tant d'analogie avec la Baleinoptère décrite
et figurée par Rudolphi , Mém. Acad. Berlin, 1829, p. 133 Pl. 5, sous le nom de
B a l a e n a longimana, d'après un individu échoué au mois de Novembre 1824 à l'embouchure
de l'Elbe, que l'on ne peut guère douter que ces deux individus n'appartiennent
à la même espèce. Cette Baleine à longues mains de Rudolphi ne diffère cependant
par aucun caractère essentiel du Rorqual du Cap, dont le squelette a été
décrit par Cuvier, et sur lequel est fondeé l'espèce appelée Baleinoptère antarctique:
ce que nous chercherons maintenant à prouver.
Rudolphi lui-même a reconnu la grande affinité qui existe entre sa Baleine à longues
mains et le Rorqual du Cap de Cuvier; mais il a été induit à démontrer leur
différence spécifique par l'erreur toute particulière de référer au Rorqual du Cap la
description que Cuvier a donnée de la Baleine du Cap. C'est ainsi que Rudolphi
a t t r i b u e , à la pag. 138 de son mémoire, au Rorqual du Cap, ce que Cuvier, Oss. foss.
V. L p. 378, a dit des cotes de la Baleine du Cap; probablement se doutant peu que
la description des côtes de ce Rorqual se trouve à la page 382 des Ossemens fossiles;
que cette description coïncide parfaitement avec ses propres observations faites sur les
côtes de la Baleine à longues mains; et que le caractère tiré de la conformation différente
des côtes, étant propre h toutes les Baleinoptères, peut bien servir à distinguer
ce sous-genre de celui des Baleines, mais non pas entre elles les diverses espèces de
Baleinoptères. A la page 139 de son travail, Mr. Rudolphi commet une autre erreur
(1) Les Baleiniers japonais ont une méthode toute particulière de mesurer les Baleines. Voulant indiquer
la taille des Baleines proprement dites, on marque la distance comprise entre les events et la nageoire caudale;
la longueur des Baleinoptères est au contraire indiquée par la distance comprise entre les events et la nageoire
dorsale. Le Sebi parvient, suivant les communications d'un Baleinier japonais, i une taille d'environ cinquante
mètresI Ce Baleinier prétendait en avoir pris lui même, qui portaient trente mètres eu longueur.
Le Sato (Balninoptera antarctica) n'oflVe que quinze mètres, mesuré depuis les évents jusqu' à la nageoire
dorsale, tandis que le Nagasii, (qui ne paraît pas diflerer du Sato), porte souvent jusqu'à trente cinq mètres
en longueur. Les très-jeunes Baleines ne surpassent guère cinq mètres en longueur.
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