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si les formes bizarres de sa tète et des parties qui la composent, ne Tiiloignaicnt de
toutes les tortues connues, en retraçant une ressemblance frappante avec le batracien
singulier, connu sous le nom de P ipa , et qui habite les mômes pays que le
Chelj'S. Les formes anomales de la tète consistent en ce qu'elle est extrêmement
déprimée, large, triangulaire, conique vers le museau qui, allongé en trompe, porte
à sou extrémité les narines; les yeux, d'une extrême petitesse, se trouvent peu de
distance du nez. La gueule large et l'enveloppe membraneuse des mandibules, ainsi
que leur forme, contribuent à rendre parfaite l'analogie entre le Chelys et les Crap
a u d s . La tête et le con sont pourvus d'un grand nombre d'appendices frangés, représentant
les organes du toucher, qui augmentent l'étendue déji\ plane de la tète, et entourent
les tempes sous la forme de membranes assez larges. Les appendices de la
partie supérieure du cou sont disposés sur quatre rangées; on en voit deux petites au
menton, et le dessons du cou est traversé par tuie série de quatre autres se dirigeant
d'une oreille à l'autre. Les pieds et la peau ressemblent par leur conformation
à l'espèce précédente, mais les ongles sont moins longs et les membranes natatoires
plus petites. La tète est revêtue de nombreuses écailles de forme irrégulière; la
queue est courte, grosse et conique. Aucune tortue n'offre des lames de la carapace
aussi relevées en pyramide que le Chelys; l'ensemble de ces himes forme trois arêtes
à collines interrompues, qui sont divisées par autant de sillons très-profonds.
Les stries rugueuses, qui partent en rayons depuis le sommet de ces lames, sont interceptées
par des lignes concentriques également scabres; et c'est par celte disposition,
que ces organes portent une ressemblance parfaite avec certaines coquilles du
genre patelle. Le plastron a des dimensions trè.s-considérables tant en longueur qu'en
largeur; récliancrure semi-lunaire au bout postérieur est revêtu de six paires de lames
et d'une impaire. La couleur brune domine uniformément sur les parties supérieures;
mais les côtés du cou sont ornés de larges raies ondulées et longitudinalesle
dessous est d'un jaune tirant sur le brun, et chaque lame porte des rayons bruns.
On connaît peu de chose de la manière de vivre de cette singulière tortue ; c'est probablement
un animal nocturne, qui préfère les eaux stagnantes et les marais aux rivières
<•) et aux eaux limpides. Elle atteint une très-forte taille: la.carapace de l'individu
adulte de la collection au Musée porte treize pouces en longueur. Cet établissement
a reçu plusieurs individus du Chelys de Cayenne, mais jamais de Surinam, quoique
Fermin en fasse mention comme habitant de cette colonie; mais peut-on se fier au
témoignage de cet auteur, qui dans la composition de son ouvrage a souvent eu
recours à celui de Barrère. Spix P) a rapporté des sujets de Para au Brésil dont
Waglcr parait s'être également servi pour ses travaux. Les figui'es de SchôpiT (">
sont bonnes; celles de Guérin sont trop petites pour être utiles. Le Chelys est
désigné dans les sj'stèmes sous les épithètes de fimbriata et sous celle de matamat
a, que lui donnent les indigènes.
(1) Spii et Fermin. 1. 1.
P) Illst, nat. d. 1. IMI. équinoct. p. CO.
(3) Animal, nova Test. pl. 11.
(5) Systema amph. pl. 3. fig. 1—24.
(5, Ilist. lestud. pl. 21.
(G) Iconojr. Replil. pl. 1. Dg. 5.
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3 ESP. L'EMYDE TETRAONYX. £ylfrs TETRAONYX.
Mr Lesson a décrit et figuré dans ses Illustrations zoologiques pl. 7. une tortue
d'eau douce, qui se rapproche selon cet auteur tellement des ï r ionyx, qu'elle constitue
pour lui un nouveau genre de cette famille, qu'il désigne sous le nom de Tetraonyx^
ajoutant comme épithète celle de longicollis. A en juger d'après le
portrait publié dans le recueil précité, nous y reconnaissons une véritable Emyde:
car les ouvertures au centre du plastron se trouvent également chez les trois espèces
suivantes; les espaces membraneux, qui séparent leS lames latérales et marginales,
nous paraissent être la suite de ce que les côtes n'ont point encore atteint leiu- développement
complet; enfin, toutes les Émydes, à l'exception d'une seule espèce,
oiTrent quatre doigts aux pieds postérieurs. Cette belle espèce est d'ailleurs distinguée
par son nez prolongé en tube. Nous regrettons, que l'élégance de cette planche
ne réponde pas à l'exéculion des détails, qui laissent beaucoup à désirer. Mr. Béranger
a découvert cette Émyde dans l'Irrawady, fleuve du royaume de Pégu. Le seul sujet
connu, long de 7 pouces 6 lignes, se trouve au Musée de Paris. C'est probablement
la même tortue, dont Mr. Cuvier a fait mention verbalement à Mr. Gray O, et que
celui-ci a nommée Trionyx Cuvierii.
4 ESP. EMYDE A LONG COU. £J7/rS LONGICOLLIS.
Il existe dans les rivières de la nouvelle Hollande une Emyde, l'espèce unique
connue dans cette grande ile, qui est caractérisée par un cou tellement allongé que,
dans l'état de contraction des membres, il se courbe latéralement, ne pouvant être
retiré dans la cuirasse. Les deux espèces suivantes participent à cette forme organique
qui est la cause de leur rapprochement dans la série méthodique; on les a
même réunies en un genre distinct sous les noms de Chelodina (Fitzinger), de Hyd
r a s p i s (Bell) et plusieurs autres noms que Mr. Waglcr a inventés, pour désigner
les coupes nombreuses qu'il publie dans son système des amphibies.
L'intime conviction que nous avons de l'imperfection de nos connaissances dans ces
branches de la science, même après avoir fait usage des matériaux nombreux que le
Musée nous offre, nous a engagé de ne pas suivre l'exemple de ces savans; nous avons
par conséquent rapproché les espèces selon leurs aiTinités naturelles sans les subdiviser
en sous-genres, dont il aurait fallu, pour être conséquent, multiplier de beaucoup
le nombre déjà existant: car les Emys serpent ina, le Chelys, le Tetraonyx,
l'Einys couro, l'Emys d a n s a devraient, d'après cette manière de voir, former autant
de genres différens; il serait dès-lors nécessaire de réunir l'Emys scorpioides
et odorata sous une nouvelle dénomination générique, si toutefois la différence spécifique
attribuée i ces deux tortues se trouve constatée d'une manière précise; on
pourrait placer en ce cas dans un sous-genre l'Emys longicollis, platycephala
et galeata; mais nous demandons s'il convient alors, de réunir l'Emys expansa
avec le Dumér i l iana et s'il ne faudrait pas distraire l'une de l'autre pour en former
encore des coupes intermédiaires; enfin le reste des Emydes ne pvésentcrait-il
(1) Gray Synopsis p. 50.