Les parties inférieures présentent les mêmes miauces et la même distribution des
teintes que le Tropidonote à collier. Elles sont extrêmement sujettes i\ varier^
de sorte que l'on ne Yoit guère deux individus qui se ressemblent parfaitement sous
ce rapport. Les tuniques internes de la peau sont d'un beau bleu de schiste; mais
cette teinte ne s'aperçoit pas à travers l'épiderme, dont la couleur plus ou moins
foncée contribue relever le reflet métallique de l'enveloppe externe. Après le changement
de la peau, les parties supérieures offrent im brun couleur de bronze, tantôt
plus clair tantôt plus foncé, nuancé dans quelques individus de jaunâtre, tirant dans
d'autres sur l'olivâtre. On voit, selon les individus, tantôt ime ou deux, tantôt trois
ou quatre rangées de larges taches orbiculaires et d'un noir foncé, qui régnent le
long des parties supérieures: ces taches sont quelquefois en oeil, quelquefois irrégulières
ou même confluentes, particulièrement sur les parties antérieures. Le sommet
de la tête est d'une teinte assez foncée, et on observe des bordures noires aux plaques
labiales, absolument comme dans le Tropidonote à collier. La nuque est
ornée d'un large collier blanchâtre ou jaunâtre, bordé par derrière d'une bande transversale
d'im noir profond: caractère propre à un grand nombre d'espèces du genre
Tropidonote. Le crâne de cette espèce ressemble assez à celui de l'espèce européenne;
les maxillaires sont garnies de dents semblables, mais celles de l'extrémité postérieure
de chaque branche de cet os sont plus développées que le reste. Les plaques abdominales
et souscaudales varient depuis 154 + 62 jusqu'il 168+80. La queue occupe
un quart de la longueur totale, qui cependant ne parait guère excéder trois pieds
ou trois pieds et demi.
Le Tropidonote panthère parait se trouver en abondance au Japon. M. de
Siebold en a rapporté ime belle suite, composée d'individus de tout âge; depuis, M.
Bürger nous en a fait parvenir un grand nombre parmi lesquels on observe plussieurs
variétés assez jolies. 51. Blomhoff a le premier introduit cette espèce en Europe
et les individus conservés dans sa collection ont servi de type à la description que
Boie en a communiqué dans l'Isis, année 1826 p. 206.
Notre fig. 1 Pl. 4 représente un sujet à l'âge moyen; la tête de ce sujet se voit
fig. 2 et 3; les fig. 7 et 8 représentent la coupe transversale du tronc et de la
queue; fig. 4, 5 et 6 ont été faites d'après un jeime individu.
Le Tropidonote dont nous venons de donner la description porte au Japon deux
noms divers, savoir ^ Torano Kuisinaha (serpent panthère) et •VVN^-'ÎN+N^
Midsu Kuisinaha (serpent d'eau): le premier de ces noms exprime l'analogie qu'a
la robe de ce serpent avec celle de la panthère; le second se rapporte ii la manière
de vivre et confirme que ce Tropidonote a les mêmes habitudes que notre espèce si
commune dans toute l'Europe. Ce Tropidonote fréquente, suivant M. de Siebold,
les étangs, les ruisseaux, les champs de riz inondés et les lieux marécageux revêtus
d'un tapis de plantes aquatiques, telles que le INelumbium speciosum, Caladium
e x c u l e n t u m , Sagittaria edulis etc. Elle fait la cliasse aux grenouilles et aux
crapauds et se tient ordinairement dans des trous ou sous les racines des arbres. En
nageant, elle élève la tête, ce qui la distingue assez des serpens marins qui nagent
ordinairement la tête baissée.
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TROPIDONOTE VIBAKARL TROPIDONOfUS VJBAKARI.
PL. 5.
La seconde espèce du genre Tropidonote qui a été observée au Japon, s'éloigne
sous plusieurs rapports, non seulement de la précédente, mais aussi de toutes les
autres du genre. Elle offre cependant la physionomie et le port particulier du genre
dont elle fait partie, et se reconnaît Î\ la distribution des teintes dont sa livrée est
ornée et à sa petite taille. On voit par la figure que nous en avons donné et qui
a été faite d'après un sujet adulte, que cette espèce n'atteint guère deux pieds de
longueur totale, dont la queue occupe environ le quart.
Les formes de cet ophidieu sont très-délicates; la quetie est plus svelte qu'à l'ordinaire
et la tête moins distincte du tronc. Les écailles n'offrent qu'une carène assez
faible, mais elles sont lancéolées comme dans les autres Tropidonote s et disposées
sur 19 rangées. Le nombre moyen des lames abdominales et souscaudales est
de, 140 + 75. Un brun assez pâle tirant sur le jaunâtre et passant en dessous au
blanc jaunâtre occupe toutes les parties d'une manière assez uniforme; cette teinte
est interrompue, dans quelques individus, par une raie d'un brun foncé qui s'étend
le long de la ligne médiane du dos. La couleur claire du dessous se prolonge sur les
lèvres dont les écailles sont bordées de brun, et monte sur les côtés du cou pour
former nue espèce de collier incomplet. Les jeunes ne diffèrent des adultes que par des
teintes plus foncées et par une suite de très-petites taches qui bordent les côtés de l'abdomen:
voir fig. 4 et 5, figures du double de la grandeur naturelle et qui représentent
une portion du tronc d'un jeune individu, vu de côté et en dessous. Les fig. 2 et 3,
également du double de la grandeur naturelle, représentent la tête vue par dessus et
en dessous. Les fig. 6 et 7 font voir les coupes horizontales du tronc et do la queue.
Ce Tropidonote nous a été adressé en grand nombre par M.M. de Siebold et
Bürger. On en trouve la première description chez Boie: Isis 1826 p. 207. En
langue japonaise, il est désigné sons le nom de Vibakari ou plutôt de Fihakarihcbi
(Vipère éphémère). Kämpfer dans sa description du Japon, livre 1 chap. 10
p. 91, rapporte le mot Fibakari comme synonyme du serpent Hirakuts qui n'est
autre chose que le Trigonocephale de Blomhoff: l'explication que Kämpfer
donne de ce mot, en le traduisant par longueur d'un jour ou culmination du soleil
(éphémère), est basée sur la tradition que les individus mordus par ce serpent,
en meurent le même jour, même avant le coucher du soleil. Cette explication, est
justifiée par l'étymologie de ce mot, (car Fi signifie soleil ou jour , et hakari veut
dire seulement), et se trouve répétée dans un ouvrage japonais sur l'histoire naturelle,
intitulé Jamatohonso (voir Tom. 14.). La dénomination de Fibakari convient
cependant très-peu à un petit serpent, qui certainement ne peut faire le moindre
mal à l'homme, et dont on a probablement exagéré le caractère malfaisant en faveur
d'une tradition populaire. Ce Fibakari redouté des japonais n'en est pas moins notre
petit Tropidonote, qui se trouve en abondance dans les iles méridionales de l'empire
japonais, oii il se tient près des lieux habités, sous des tas de pierres, sous les haies
qui cutoiircut les jardins, sous de vieux murs etc. Il vit en société; en démolissant,
à Dézima, nn édifice, nous en retirâmes une famille entière.