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DESCRIPTION DES SALAIAÎÎDRES DU JAPON.
SALAMANDRE TACHETÉE. SALAMANDRA NAEVI A.
PL. 4, Fig. 4 - 6 et PL. 5, Fig. 9 et 10.
Cette Salamandre inédite est une de celles ^ dont l'organisation tient le milieu entre
les espèces terrestres et les aquatiques. OiTriint des formes un peu élancées ^ ses
pieds ne sont pas aussi développés que d'ordinaire^ mais gros et pourvus de doigts
courts, tout-à-fait libres ^ dont on compte cinq aux pieds de derrière, et quatre ii
ceux de devant. La queue, un peu plus com-te que le corps, est très vigoureuse;
allant en s'amincissant vers le bout, elle devient insensiblement de plus en plus comprimée.
La tète est à peine plus large que le cou et arrondie partout; les yeux sont
très saillans; les narines placées au côté du museau, quoiqu'elles soient dirigées en
avant. La peau offre une surface très-lisse et comme polie; mais plus épaisse sur les
côtés de l'animal et sur la queue, elle est perforée de nombreux petits pores et forme
des rides transversales, plus prononcées et disposées à des distances régulières sur les
flancs. La ligne médiane du dos est marquée par une gouttière assez oblitérée. On
voit sous la gorge deux plis de la peau qui s'étendent jusque sur les parties supérieures
du cou, entourant cette région en guise de demi-colliers: elles bordent, sur
chaque côté du cou, une espèce de saillie de forme alongée, produite par une couche
de la peau qui renferme une espèce de glande analogue cà celle que l'on observe dans
la Salamandre terrestre, quoique moins développée; une autre glande semblable, mais
de moindre étendue, va depuis l'oeil jusque derrière l'angle de la bouche.
Le squelette de cette espèce ressemble par la disposition et les formes générales
des os, à celui de notre S al a m. ter rest r e d'Europe; mais on compte, dans l'espèce
du Japon dix-huit vertèbres du tronc au lieu de quinze; les os des extrémités sont
plus délicats, les phalanges beaucoup plus courtes, les vertèbres de la queue moins
nombreuses et munies d'apophyses épineuses inférieures plus longues; le crâne enfin
est moins large, mais il porte une mâchoire inférieure beaucoup plus vigoureuse
que celle de notre S al a m. terrestre. La langue est absolument comme dans la
Salam. nébuleuse.
Les dents palatines des Salamandres offrent souvent dans les diverses espèces, une
disposition particulière, que l'on a négligé d'étudier. Dans les Salamandres à créte,
p o n c t u é e , à crête oblitérée, symmétrique etc., ces dents sont rangées sur deux
lignes longitudinales saillantes, qui sont réunies par devant en forme d'arc; dans la
Salam. terrestre d'Europe, ces saillies sont séparées au bout antérieur, en forme
d'un S romain, et renferment un espace de forme lancéolée; dans l'espèce du présent
article, ces lignes partent du milieu de la base du crâne et vont en divergeant vers
les narines internes, se courbant derrière ces orifices en dehors; dans la Salamandre
violette de l'Amérique du Nord, ainsi que dans la Sal. de Jefferson, ces
dents sont placées sur une ligne transversale, qui s'étend presque d'un maxillaire f\
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l'autre, vu qu'elle se prolonge sur les os que M. Dugès (Recherches Pl. 1 Cg.3, n° 7.),
prend pour les palatins, et que cette espèce a en commun avec les batraciens anoures;
d'autres espèces, comme la grande Salamandre du Japon et le Ménopome ont le
bord antérieur des os qui répondent au vomer, garni d'une rangée de dents parallèles
aux dents maxillaires, et c'est par cette disposition que la rangée des dents palatines
se trouve rapprochée du bout du museau, et placée devant les orifices internes du nez.
La plupart des petites Salamandres de l'A-mérique du Nord ont souvent les dents palatines
tellement nombreuses, qu'elles forment plusieurs rangées sur chaque ligne :
comme par exemple dans la Salam. erythronota; ou bien, ces dents sont même
accumulées en monceau sur le sphéno'ide, comme dans les Sal. scutata, nigra,
cinerea et glutinosa, oil ce caractère est développé au plus haut degré.
Le système de coloration de cette espèce nous a paru assez constant, dans le grand
nombre d'individus, que nous en avons examiné. Cette Salamandre est d'une teinte
schisteuse ou couleur de plomb, uniforme sur le dessus, mais variée de larges taches
blanchâtres confluentes en guise de marbrures sur les flancs et sur les parties inférieures,
qui sont souvent plus claires ou tirant au jaunâtre.
Les naturalistes japonais confondent cette espèce avec la suivante, à laquelle elle
doit ressembler par ses habitudes. Elles habitent les mêmes lieux, mais on dit que
la tachetée est plus rare.
SALAMANDRE ONGUICULEE. SALAMANBUA UNGVICULATA.
PL. 5, Fig. 1—6.
La Salamandre dont nous nous proposons de traiter dans cet article, est certainement
une des plus curieuses du genre à cause des ongles dont les doigts sont munis
dans certaines époques de l'année ou de la vie. Cette particularité a déjà été mentionnée
parUouttuyn, mais les naturalistes ses successeurs, induits en erreur par les
observations contradictoires de Thunberg,(^) n'ont pas fait attention à cette particularité,
qui cesse d'être unique dans l'ordre des batraciens, puisqu'on a découvert
depuis vm batracien, le Xénopus, qui porte des ongles aux doigts pendant toute
son existence.
La Salamandre onguiculée est de la taille de la précédente, à laquelle elle ressemble
même par le port et les formes; mais ses pieds sont plus grêles, et la queue
inoins robuste est moins large, légèrement comprimée vers le bout, et beaucoup plus
effdée, vu qu'elle dépasse le corps en longueur. Cette espèce offre la même disposition
des plis de la peau sur les flancs et sous la gorge que la Salam. naevia, et ou
(1) Celle découverle de dénis sui- le sphéno'ide est due à M. Tsohudi, jeune et zélé naturaliste Suisse, qui va
publier un travail trùs recommandable sur les lïatraciens.
(2) Act. Vlissinj;. Vol, IX p. 32D Tab. 9 Ilg. 3: Salam. japoniea.
(3) Mouv. Ann. \cad. Stockholm, an. 1787 p. 116 Pl. 4 fig. 1: Lacer t o j aponi c a . Thunberg, en décrivaut
celle Salamandre, ne parait pas avoir eu à sa disposition des individus pourvus d'ongles.