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de cette tortue, nous a communiqué que les mâles se distinguent par les lignes
concentriques, saillantes des lames de la carapace. Si cette observation est confirmée,
on doit considérer la Te s t , c l a u s a de Daudin pl. 23. fig. 1 et 2. comme étant le
mâle, et sa v i r g u l a t a ib. fig. 3 et 4 (Latreille pag. 100. fig. 1.) comme la femelle.
Il est plus difficile de déterminer le sexe des individus, qui ont servi de type aux
figures d'Edward de Bloch P) et de ScbôplT P). 11 y a une très-belle figure de
cette Emyde chez Bell, Monogr. Part. IV. fig. 2.
Nous en avons reçu quelques sujets de plusieurs provinces des États-Unis, et elle
habite, d'après les observations du Prince de Musignano l'Amérique septentrionale
depuis la Baie de Hudson jusqu'aux Florides. Son organisation est déterminée par
la manière de vivre, car elle préfère aux eaux douces les contrées rocailleuses et
boisées. Dans l'intérêt de la science, nous pouvons engager les naturalistes Anglo-
Américains à se charger de la publication d'un recueil de planches faites sur le vivant
et représentant les nombreuses variétés des tortues de l'Amérique septentrionale;
c'est le seul moyen qui puisse servir à débrouiller l'histoire de ces animaux intéressans.
L E S TORTUES DE TERRE. TESTVDO.
Nous sommes parvenus à la dernière coupe générique des tortues, il est vrai peu
nombreuse en espèces, et offrant entre elles des différences très-peu marquées. Les
tortues terrestres ressemblent aux Emydes dans les points essentiels de leur organisation;
mais elles présentent, dans les organes de la locomotion, des différences trèssensibles.
Afin de ne pas entrer dans des redites, nous renvoyons pour tout ce qui
a rapport à la structure interne à l'article Emyde , n'ajoutant ici que ce qui est exclusivement
propre aux Tortues.
Les dimensions lourdes des parties; la forte taille qu'acquièrent quelques espèces; la
solidité des pièces qui composent leur charpente osseuse; une carapace très-bombée,
le plus souvent de forme oblongue, dont les lames sont dans la plupart relevées en
pyramide et marquées par des ligues concentriques très-prononcées ; une tête peu volummeuse,
jamais déprimée, armée de fortes mandibules; enfin une queue courte et
conique, sont les caractères qui servent de premières indices. Les pieds cependant
sont organisés d'une manière toute particulière: ils offrent l'apparence de gros bâtons,
à bout terminal en téte de massue armée d'écaillés larges et saillantes et
d'ongles robustes et courts, implantés dans la lourde masse du pied, sans aucun
vestige apparent de doigts. Ils se meuvent et remuent leurs grosses pattes, eu les
sortant du bouclier dans une direction perpendiculaire avec le sol qui leur sert de
plan de position; les extrémités antérieures, de forme déprimée, sont dirigées en
dedans comme chez les singes, tandis que les postérieures ont une forme encore
plus massive, et ressemblent en quelque sorte, aux pieds des Élépbans. Par cette
disposition des extrémités, et par la lenteur de mouvement, à laquelle elles sont
(I) PJ. 205.
P) Scliriftcn. tl. Bed. Piat. TOI. 7. pag. 131. pl. 1, lig. 1 et 2.
(3) Ilisl. test, pl. 7.
(<) L. c. pag, 104.
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restreintes, il se fait que ces animaux se traînent à terre plutôt qu'ils ne marchent;
encore, n'est-ce qu'un rampement très-imparfait. Incapables de se soustraire par la
fuite aux poursuites de leurs ennemis qui peuvent suivre leurs traces, il ne reste k
ces animaux tardigrades que la seule resource de pouvoir, sans changer de lieu, retirer
les membres dans le bouclier solide, pour les mettre à l'abri des dangers environnans:
toutefois, cette enveloppe dure et impénétrable aux dents des carnassiers, cesse d'être
un toit protecteur contre les griffes de ces animaux yoraces, qui les déchirent par
pièces et par morceaux, en faisant passer leurs intestins par les ouvertures d'oii sortent
les membres. Le plastron des tortues de ce genre n'est pas organisé de manière
à pouvoir fermer complètement la carapace; les bouts libres étant, dans l'état normal,
toujours immobiles. Cette partie est ordinairement étroite, et liée à la carapace au
moyen d'une attache très-développée : elle est toujours revêtue de six paires de lames,
dont la paire centrale est large, la paire postérieure petite et échancrée, l'antérieure
très-exiguë et souvent soudée. Le nombre des lames de la carapace est le même que
chez les Emydes, mais on ne leur compte que onze paires de plaques marginales: la
paire postérieure n'étant point divisée, quoiqu'elle corresponde à l'os qu'elle recouvre,
qui est courbé en-dedans ou en forme de croc; la plaque impaire antérieure
manque quelquefois. Leurs pieds de devant sont armés de quatre, ceux de derrière
de cinq ongles. Les lames qui revêtent la téte et son sommet ont peu d'étendue et
sont de forme irrégulière. Les mâchoires sont très-vigoureuses, armées d'une enveloppe
coruée à bord dentelé mais au bout prolongé en pointe. Les couleurs dominantes
sont le jaune-brunâtre et le brun-noirâtre, passant au rouge ou au noir.
Les tortues terrestres sont des animaux dont la taille est ordinairement très-forte.
Leur charpente osseuse est très-massive, aussi leur bouclier offre-t-il une grande solidité,
et se trouve capable de résister aux plus fortes secousses, comme de supporter
les fardeaux les plus lourds; son organisation, outre les différences de formes déjà
mentionnées, est tout-à-fait semblable à celle des Emydes. Nous avons été à même
d'observer des anomalies dans le nombre des pièces osseuses dont le bouclier est
formé : elles sont dues principalement à la disposition des sutures à s'ossifier. Les
autres parties de leur squelette, l'omoplate et la branche antérieure des os fourchus,
sont composées d'os très-lourds : ceux des doigts sont caractérisés par leur brièveté,
ceux du métatarse et du métacarpe par leur volume. La queue, quoique en apparence
très-courte, est formée d'un grand nombre de vertèbres.
Les variétés individuelles qu'on observe chez les tortues terrestres, sont très-nombreuses:
elles se bornent particulièrement à la forme de la cuirasse, à celle des lames
qui la revêtent, aux dimensions de la queue et à la disposition des teintes.
Le nombre d'années qui s'écoulent avant que les tortues terrestres parviennent au terme
de leur croissance, font subir à ces animaux des changemens de forme très-considérables
et varie plus oti moins les couleurs de leurs lames. Les jeunes diffèrent des vieux
par une carapace orbiculaire, à bords saillans ou festonnés; l'aréole occupe presque
toute l'étendue des lames, vu que les couches concentriques ne se sont point encore
développées; le plastron est exigu et concentré; la téte ramassée; la distribution des
couleurs vague. Les teintes deviennent plus vives avec l'iîge : elles ont tout leur
éclat à l'état parfait, mais sont ternes dans l'extrême vieillesse. La carapace, dans
les dernières périodes de la vie, est souvent de forme oblongue, latéralement trèsm
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