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rótròcic;, à bords recourbés et larges; l'os, qui la termine postérieurement est quelquefois
droit, au lieu d'être recourbé vers la queue; les lames de la carapace, qui
sont planes chez les jeunes, sont dans l'âge moyen souvent très-élevécs, mais dans les
vieux ces parties reprennent communément leurs formes primitives. 11 serait trop long
do s'étendre sur toutes les différences minutieuses qu'on pourrait émmiércr en comparant
un grand nombre d'individus dans les périodes diiTérentes de la vie: on peut
eu faire l'application par l'examen d'une série complète, composée de sujets d'iige
différent, de quelque espèce que ce soit. Nous observons seulement, que le nombre
des espèces a été augmenté successivement par ce manque de moyens comparatoires,
et que les naturalistes ont encombré les systèmes par des erreurs, qu'ils auraient pu
éviter, en ne se bornant pas à l'examen d'une seule dépouille.
Les tortues de terre habitent tous les climats assignés comme patrie des animaux
de l'ordre entier; mais il parait que plusieurs contrées en sont totalement privées.
Les espèces sont quelquefois bornées à une étendue très-limitée, quelques-unes sont
répandues sur une grande portion du globe. Elles fréquentent de préférence les terrains
secs, sablonneux, boisés ou découverts. On dit qu'elles se nourrissent exclusivement
de substances végétales, particulièrement d'herbes, de feuilles et de racines.
I ESP. TORTUE A MARQUETERIE. TESTUDO TABULATA.
Les bâtimens retournant des Indes occidentales, portent très-fréquemment des individus
de cette tortue en Europe: c'est sans doute à cette cause qu'il faut attribuer
la multiplicité des individus dans les cabinets d'histoire naturelle ; mais cette circonstance,
au lieu de faciliter les recherches tendant à éclaircir l'histoire de cette
espèce, a au contraire contribué à rendre sa synonymie plus embrouillée. Les observations
fournies ici ont été prises sur une cinquantaine de sujets, que nous avons
été à même d'examiner.
La forme oblongue de la carapace, échancrée antérieurement; la faible élévation
des lames; l'absence de la plaque impaire marginale; la couleur sombre, et les
marques rouges des aréoles des lames, servent à reconnaître l'espèce du premier coupd'oeil.
Les lames de la couverture supérieure sont très-symétriques, quelquefois un
peu relevées, et les trois dorsales moyennes sont de forme hexagone. Le plastron
dépasse quelquefois la carapace dans ses dimensions longitudinales; il est échancré
aux deux bouts; des lames qui le recouvrent, les deux paires terminales et la troisième
paire, sont les plus petites. La tete est courte, petite, grosse et de forme conique'
le museau est courbé en pente vers les narines; les mandibules sont allongées en
pointe et ont leur tranchant armé de nombreuses incisions, dont quelques-unes forment,
vers la pointe de la mâchoire, une proéminence en forme de dent. La tête est
revêtue de plaques de moyenne grandeur, parmi lesquelles la verticale se trouve être
de forme ronde; les nasales sont remarquables par leur étendue. La peau du cou
est munie de petites écailles; celles des extrémités sont très-grandes, parsemées
d'autres plus larges et très-saillantes : elles ressemblent aux ongles par leur forme
et peuvent être considérées comme armes défensives. Les grandes écailles des extrémités
et de la tête sont, dans le vivant, d'un beau rouge vermillon. Les teintes de la
carapace varient suivant les individus, depuis le brun-châtain très-vif au noir plein;
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le rou"-e des aréoles est plus ou moins clair et quelquefois même totalement effacé.
Le plastron est d'un jaune terne: le centre souvent concave, offre des teintes brunes.
La carapace des jeunes au sortir de l'oeuf est orbiculaire, à bords festonnés et
dentelés; les lames sont uniquement formées par l'aréole, dont la surface est granuleuse
; la mâchoire supérieure est armée de trois saillies en forme de dents, et se
prolonge en un museau allongé en pointe, comme chez le Caret; le plastron trèspetit
est d'un jaunâtre uniforme, tandis que les vieux offrent une carapace, indistinctement
nuancée de jaune terne et de vert olivâtre très-foncé.
C'est en vain que nous avons tenté de soumettre à une règle générale les nombreuses
variétés observées dans cette espèce; les nuances sont trop fugitives pour atteindre ce but,
vu que le plastron est tantôt large, tantôt étroit, tantôt concave au centre, et tantôt
plane, même convexe vers le bout antérieur: ses parties libres sont quelquefois larges,
arrondies et dépassant la carapace; dans d'autres celle-ci les déborde de beaucoup, et
elles sont alors étroites et fortement échancrées. La carapace, dans les unes, a un
diamètre vertical très-considérable, tandis qu'elle est déprimée chez d'autres; les sutures
des plaques sont quelquefois réunies chez les adultes, et les plaques marginales
antérieures ont souvent un bord cartilagineux. Pour se faire une idée de ces variétés,
il serait nécessaire d'en fournir des figures; quelques-unes existent dans les recueils,
mais il en manque encore un grand nombre pour compléter la série. On est invité
à consulter les figures et les descriptions suivantes:
Tcstudo denticulata Linné, Syst. nat. 12™ édit. vol. 2. p. 352. N^ 9: figurée chez
Sehôpff pl. 28. fig. 1. - Testudo tabulata Wallbaum: Schôpff pl. 14. individu plus
âgé. — Un autre plus grand encore, chez Schôpff pl. 13 et pl. 12. fig. 2. — Le Prince
de Neuwied a publié des images faites sur le vivant; le jeune est représenté dans la
12"°% l'adulte dans la 5™ livraison de son ouvrage intitulé: Abbildungen zur Naturgeschichte
Brasiliens. La variété pâle et â lames lisses est figurée chez Spix: Animalia
nova, Testud. pl. 15, sous le nom de T. sculpta. — La Test, carbonaria ibid. pl.
16. est la variété foncée à aréoles rouges et à lames de la carapace saillantes. —
L'adulte porte chez cet auteur le nom de Test, hercules, pl. 14, et son Test, cagado
pl. 17. est également un très-vieux individu à lames de la carapace usées.
Cette tortue a été très-récemment figurée par Bell: Monograph. Part. 1. p 1. 3; Part.
2. pl. 1 et 2. Part. 4. pl. 1.
Nonobstant le nombre considérable de bonnes figures publiées sous tant de noms
différens, Mr. Wagler s'est servi d'un individu mal conservé de la variété, nommée
carbonaria par Spix, pour former une nouvelle espèce qu'il désigne sous la dénomination
de Test. Boiei <'); tandis qu'il rapporte toutes les spèces nominales de sou
prédécesseur à leur tj'pe véritable.
Il faut également rapporter â l'espèce du présent article les Test, erosa de
Schweigger et tesselata de Schneider; la Test, gigantea du premier de ces
naturalistes est un sujet â l'état adulte. Mr. Lichtensteiu P) a cru reconnaître dans
la Jabot i de Maregrav une espèce nouvelle, qu'il désigne sous le nom de Test, foveolata.
Voyez aussi, Seba II. 80. 2. Le Musée des Pays-Bas doit le plus grand nombre
(I) li'onos Ampli, pl. 13. et Sysl. Ampli, pl. G. fij. 7 et S.
(=) Abliaiidl, lier Acacl, zii Berlin, ¡iiiii. 1820—21, paj. 231.