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IV
les moins accessibles et dont les pitons sont couverts de glace; troupes légères et
sauyagesj au milieu desquelles se ¡"'(^sentent ces collosses de la création; la Giraffe
qui broute aux arbres de haute futaie, l 'Eléphant , l'Hippopotame et le Buffle
à formes massives; le Troglodyte ou Chimpansé peu éloigné par la forme du
crâne de l'epèee humaine, enfin ces grands animaux fossoyeurs et d'autres plus petits
qui labourent ces terrains sablonneux; dans la classe des oiseaux cette multitude
d'espèces différentes de grands et "de petits tyrans des airs, et ces volatiles brillaus,
les Souimangas qui, à l'instar des Oiseaux mouches du Nouveau-Monde, s'y
nourrissent du nectar des fleurs.
Le nombre prodigieux d'îles de premier et de second rang, groupées en archipels
ou isolément réparties dans les vastes mers intertropicales, portent une végétation
gigantesque et féconde qui s'étend, dans quelques unes, depuis leur base, baignée
ou souvent envahie par les eaux de la mer, à la cime de leurs montagnes granitiques.
Sous l'ombre hospitalière de ces forêts inpénétrables, dont les colosses ne tombent
que sous la hache du tems, habitent ces nombres très-intéressans de groupes
et d'espèces isolées de la classe des Quadrumanes; cet Orang, longtems présumé
plus voisin de l'homme par les formes qu'il ne l'est en effet; cette quantité remarquable
d'espèces diverses d'animaux Carnassiers, réunis dans une aussi petite
portion du globe; cette multitude d'Oiseaux, surtout cc grand nombre de Gall
i n a c é s et de Colombes, les uns plus élégamment parés que les autres; tous ces
C a l a o s à vol bruiant et à bec bizai-rement surmonté de casques osseux; une
quantité prodigieuse de Per roquets; la terre qui fourmille de Rept i les; l'air et
les plantes, d'Insectes qui cheminent en colonnes serrées; et les mers d'une richesse
inouie en Poissons, en Crustacés, en Mollusques et en Zoophytes
de taille, de formes et de couleurs, les unes plus agréables que les autres.
C'est d'une partie de ces îles du grand archipel asiatique que je vais essayer de
tracer le gisement et l'aspect superficiel; j'énumèrerai ensuite, d'une manière succinte,
les espèces d'animaux les plus remarquables dont elles sont peuplées, et terminerai
ce travail par un aperçu de la Faune du Japon. Mon but, dans cette introduction,
est simplement de présenter quelques groupes de faits ; cherchant i recueillir
quelques épis dans un champ immense et sans-cesse fécond, tâchant d'éviter
à la fois les détails trop minutieux et l'aride nomenclature, je me suis appliqué à
rassembler et à fournir quelques observations nouvelles sur des contrées peu connues,
même après les nombreux travaux publiés jusqu'à ce jour , sur cette partie
intéressante du globe, qui, longtems encore, pourra fournir à la science un grand
nombre de faits et de matériaux importans; aux pinceaux et au burin, le moyen de
reproduire les plus beaux sites, les vues les plus pittoresques, et à l'observateur de la
nature une série d'animaux, dont l'existence est à peine soupçonnée: ces lies pourront
fournir aux Musées d'abondantes et riches collections, car le champ de découvertes
est encore très vaste dans ces régions intertropicales dont nous allons tracer
l'esquisse.
Les trois grandes lies des régions équatoriales qui forment, ÎIVCC quelques autres
de troisième et de quatrième rang, le groupe désigné sur nos caries géographiques
sous le nom d'archipel de la Sonde, offrent, par leur position et par leur sol fertile
couvert d'une végétation vigoureuse, le point le plus favorable à l'étude dos iuii-
:; ?'"j
maux de la zone tropicale de l'ancien continent; par leur grand nombre réuni dans
ces lies, la comparaison devient plus facile; tandis que là, mieux que partout ailleurs,
on peut obtenir des données certaines sur la répartition géographique des espèces.
Java, Sumatra et Bornéo placés au centre du vaste Océan asiatique nourrissent,
sous levu- ombrage majestueux et dans leurs vallons solitaires où règne en souveraine
la sombre et sévère nature, une foule d'animaux dont les moeurs sont parfaitement
en harmonie avec les sites romantiques qu'ils habitent; des légions d'oiseaux
aussi variés et non moins extraordinaires par leurs formes, que les reptiles et les
insectes dont leur sol est comme couvert. Le rassemblement prodigieux de cette multitude
d'espèces d'oiseaux sur ce point très-circonscrit du globe, est une conséquence
naturelle de la richesse que le règne végétal étale dans ces contrées d'ailleurs peu
éloignées, par leur partie septentrionale, du vaste continent de l'Asie, et séparées
de la Polynésie et de l'Australie seulement par une étendue de mer peu considérable,
couverte cà et là d'iles et de rochers qui servent à en rapprocher la distance,
Sumatra et Java présentent une étendue environ de dix ou onze degrés de côtes
opposées, sous la même parallèle, aux côtes orientales d'Afrique; elles sont liées par
une série de petites iles avec Timor, située vers la partie la plus méridionale de
la Malaisie; la côte orientale de la vaste Bornéo n'est séparée des archipels des
Moluques et des Philippines que par des bras de mer. La presqu'île de Malacca s'avance,
comme un large cap, an milieu de la mer, entre Bornéo et Sumatra, et
cette pointe méridionale du continent de l'Inde n'est séparée de la côte orientale
de Sumatra que par le détroit de Malacca. Ce rayon peu étendu, mais d'une immense
richesse en productions de la nature, occupe un espace seulement de vingt-cinq degrés
de latitude sur quinze de longitude; on peut calculer, que de cette étendue
plus de moitié est le partage de l'Océan, tandis que de la part territoriale un peu plus
du tiers seulement est tributaire à la science ; remarquons encore, que la plus grande
partie des terres comprises dans ces limites géographiques, n'a pas été explorée;
même, que les recherches scientifiques, établies, dans ces derniers tems, sur les
points les mieux accessibles au commerce, à la navigation et au voyageur naturaliste,
sont bien loin de ne plus laisser à désirer des tentatives renouvelées; au contraire,
elles promettent encore ime riche moisson de découvertes à faire et plusieurs points
importans à éclaircir, non seulement dans l'intérêt de la science, mais aussi sous le
double rapport de l'utilité qu'elles peuvent être appelées à exercer sur l'activité des
travaux industriels, et dans les branches diverses du commerce et de l'agriculture,
qu'elles promettent d'étendre et d'enrichir considérablement.
Un coup-d'ocil rapide sin- l'état actuel de ces régions intertropicales suffira pour
constater combien il reste encore à faire dans ces pays, même après les tentatives
souvent renouvelées du gouvernement Néerlandais dans l'Inde pour explorer, scientifiquement,
ses possessions d'outre-mer O: Toutes ces contrées peuplées par les différentes
tribus originaires des farouches et sanguinaires races malaisiennes, ne peuvent
participer, jusqu'à ce jour, aux bienfaits d'un plus haut degré de civilisation
que leurs offrent nos institutions sociales.
(1) Tcmoiiis, l'expdJilion du major Trefs à Céram où il tiouya son lombeau ; le voyage du professeur Reinwardt;
l'expcSdilion désaslreuse clo M'. Müller dans rinlérieur de Bornéo; la mission à la nouyelle Guinée et celle plus
sócenlo failc à Sumalra, dont on allond , sous peu, des relations scientifiques.