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Le Scinque à cinq raies ne parvient guère à une forte taille: les très vieux individus
portent en longueur environ 8 pouces dont la queue prend un peu plus de la
moitié. Pour les formes, cette espèce tient le milieu entre les autres espèces du genre,
ou plutôt elle n'offre sous ce rapport rien de particulier. La tête, assez grosse à
la région des joues, est revêtue de lames dont celles du menton sont assez développées;
celle qui occupe le centre de l'occiput se distingue par sa forme alongée. Les
autres parties du corps offrent des écailles de moj'enne grandeur, et à surface unie :
elles sont plus petites sur les flancs, les côtés du cou et les pieds; mais, sous la
queue, on en voit une rangée médiane de plus larges, qui méritent presque le nom
de plaques.
Les jeunes individus offrent un système de coloration assez agréable. Un beau noir
lustré et plus ou moins tirant sur le brun, occupe les parties supérieures; cette couleur
est divisée en larges bandes longitudinales par cinq raies d'un bleu pâle, qui
se réimissent sm- le milieu de la queue, pour en occuper la pointe en teinte uniforme;
la raie médiane est bifurquée sur la tête. Le dessous offre un bLtnc bleuiitre
qui tire sur le jaunâtre sous la gorge. Toutes les teintes des parties supérieures deviennent
plus claires, à mesure que l'animal avance en âge, et la raie du dos disparait
totalement: cette région est alors d'un brun jaunâtre, les flancs offrent une large raie
foncée bordée de deux raies claires, le dessous est jaunâtre et cette couleur, tirant
un peu sur le brun, occupe également. toute la tête dans les très vieux individus.
M', de Siebold nous a fourni les renseignemens suivans sur ce Scinque. Les
•Japonais ont appliqué à cette espèce le nom de Tokague (toujours beau),
à cause de ses belles teintes changeantes. Les Chinois la désignent sous celui de
Chilungtsè (enfant du dragon des rochers), suivant les traditions fabuleuses
de leur pays.
Cette espèce ressemble dans ses habitudes cà nos Lézards d'Europe : elle habite les
lieux secs, rocailleux et exposés au soleil; on la trouve fréquemment dans les ruines
et sur les pentes de rochers des contrées montueuses; elle aime beaucoup la chaleur
et on la rencontre souvent couchée dans des lieux échauffés par les rayons du soleil.
Pendant l'hiver, ou depuis le mois de Novembre jusqu'en Avril, elle se tient cachée
dans des troncs d'arbres creux ou entre leurs racines, qui lui servent aussi de lieu
de réfuge ou même d'habitation en été. Les petits éclosent en Juin ou Juillet; leurs
belles teintes vertes et d'un bleu d'azur brillent de l'éclat des pierres précieuses,
particulièrement lorsque, à la lueur du soleil, on observe les mouvemens gracieux et
ondoyans de ces petits animaux innocens. Ces couleurs perdent beaucoup de leur
vivacité par l'âge, et il n'en existe guère des traces chez les adultes; mais les Japonais
assurent que le mâle les conserve mieux que la femelle: on distingue les individus
à belles teintes sous l'épithète de b l e u , de sorte qu'ils s'appelent Awolokagtu;
(Tokague bleu).
Les Japonais persistent dans l'idée erronnée que ce Scinque habite également la
Chine oil il est dit qu'il atteint un pied de longueur, erreur produite par la dénomination
chinoise de Chilungtsè, qui signifie Lézard et que l'on applique également
à notre Scinque à cinq raies.
II paraît que c'est le seul des Sauriens japonais, auquel on attribue des propriétés
médicales.
LÉZARD TACHYDROMOÏDE. LACERTA TACUYDROMOJDES.
PL. 1. Fi g. 5—7.
En plaçant cette nouvelle espèce dans le genre Lézard, nous n'avons pas jugé à
propos d'adopter les nombreuses coupes artificielles, érigées récemment aux dépens de
celle que nous venons de citer. On est loin encore d'avoir bien établi les caractères
qui distinguent les espèces du genre Lézard; et nous ne possédons que des notions
très imparfaites sur les variétés que l'on observe chez plusieurs d'entre elles; ces
variétés ne se bornent pas seulement à la distribution des teintes, mais également à
l'étendue et à la configuration des écailles qui, dans certaines espèces, varient souvent
considérablement d'un individu à l'autre. Nous nous bornons à citer l'espèce appelée
p a r d a l i s ou velox, dont les écailles du dos et du dessous de la queue offrent souvent
des disparités considérables, à-peu-près comme on l'observe dans les divers individus
de l'Agame du désert, et dans plusieurs autres Sauriens. Les variétés innombrables
du Lézar d des murai l les selon les différens pays qu'il habite, ne sont connues que
de peu de naturalistes; cette espèce répandue dans une grande partie de l'Allemagne,
de la France, enfin dans toute l'Europe méridionale, depuis la Grèce jusqu'en
Espagne, se retrouve même dans les îles de Madère et de Ténériffe, oii elle se
présente sous une robe d'un brun verdâtre presque uuifornie. Un autre petit Lézard
d'Europe, le Lézard vivipare ou Lacer t a crocea de Wol f , a échappé, par sa
rareté, aux recherches de plusieurs naturalistes qui, n'en examinant qu'un petit nombre
d'individus, ont pris de légères variétés dans les teintes pour constantes, et ont
introduit, dans le système, plusieurs espèces nominales.
Le caractère artificiel établi pour reconnaître le genre Lézard, est tiré de la
présence d'un pli de la peau en guise de demi-collier, qui se trouve sous la gorge
près des extrémités antérieures. Ce collier, très peu prononcé dans plusieurs espèces,
comme dans le L a c e r t a pardalis, disparait plus ou moins ou totalement dans les
espèces dont les écailles, offrant plus de développement par leur étendue et par les
carènes dont elles sont surmontées, occupent non seulement les parties supérieures
de l'animal, mais aussi le dessous qui, dans ce genre, est ordinairement revêtu de
plaques: à cette dernière catégorie appartiennent les espèces réunies dans les genres
P s a m m o d r o m u s, A1 g y r a et T a c h y d r o m u s. Le Psammodrome, se rapprochant par
ses formes des Lézards proprement dits, nous omettons ici les détails relatifs à son
organisation. Le Lézard algyre, tout en conservant les formes générales des autres
espèces, offre une queue très déliée et des écailles larges en lozange sur toutes les parties
du tronc, mais dont celles du dessus seulement sont surmontées d'une forte carène.
Le Lézard tachydrome (Tachydromus sexlineatus et quadriline at us), se
distinguo du reste des Lézards, outre ses formes effilées, par la configuration des
écailles du tronc, qui sont extrêmement petites et granulées sur les flancs, tandis
que celles des autres parties sont grandes et surmontées par des carènes extrêmement
prononcées, dont l'cnsomblc forme des stries continues et assez saillantes. La nouvelle
espèce que noiis allons décrire tient en quelque sorte le milieu entre les Lézards
a l g y r e et tachydrome; mais se rapprochant par ses formes et son organisation
plutôt du dernier, nous lui avons donné un nom qui doit rappeler l'affinité qui existe
cnlrc ces deux animaux. On parviendra facilement à les distinguer l'un de l'autre,
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