natatoire; mais comme il n'y a que les trois' doigts intérieurs, qui soient munis d'ongles,
on a désigné ces tortues sous le nom générique de Trionyx. A l'instar des
C h é l o n i e n s proprement dits, ils ne fréquentent les lieux secs, que pour s'occuper
des soins de la reproduction.
L'autre tribu des Tor tues d'eau douce comprend les espèces, qui passent une
grande partie du jour hors de l'élément liquide, soit pour guetter les animaux qui
leur servent de pâture, soit pour faire leur ponte: elles s'éloignent souvent à de
grandes distances des eaux, et quelques-unes méritent par celà même, à jviste titre,
le nom de Tor tues terrestres; les pieds sont organisés de manière à pouvoir s'en
servir avec une égale facilité, comme moyens de locomotion dans les eaux et terre.
Leurs doigts, quoique le plus souvent réunis par une membrane, sont plus libres que
dans les Tr ionyx, et terminés par des ongles. Leurs tégumens ne diffèrent en rien
de ceux des Tor tues de terre. Les nombreuses espèces de celte tribu se rapprochent
d'une part, de la famille précédente, mais de l'autre, elles forment une série
presque non interrompue avec les Tor tue s terrestres, et les remplacent même dansquelques
pays, où celles-ci manquent totalement. On les distingue sous le nom d'Emys,
genre qui a été subdivisé récemment^ avec plus ou moins de succès, en plusieurs sousgenres.
Ceux enfin, qui ne quittent jamais les lieux secs, découverts ou boisés, méritent le
nom de terrestres, dans l'acception propre du mot. Les pieds de ces animaux ont des
proportions très-massives et lourdes; ils paraissent difformes relativement aux autres
parties du corps; ils les posent perpendiculairement sur le sol; les doigts, compris en
grande partie dans l'enveloppe générale, sont munis d'un ongle robuste. Une carapace
très-bombée et des formes assez lourdes et trapues, caractérisent ces Tortues d'une
manière toute particulière.
Des animaux dont le développement est si lent, vu la construction solide de leur
enveloppe, et qui éprouvent aux différentes périodes de leur vie, qu'on sait être fort
longue, des cliangemens très-marqués, non-seulement dans les dimensions relatives des
différentes parties, mais aussi dans la forme de leur carapace, dans celle de la téte,
et dans les couleurs et le nombre de leurs couches écailleuses; de tels êtres, encore
si peu étudiés, ont nécessairement dû fournir matière à l'erreur et aux méprises relativement
à la connaissance exacte des espèces, à la séparation ou à la réunion de
celles-ci; aussi sont-elles très-imparfaitement décrites et un grand nombre d'espèces
purement nominales, en ont été formées.
Habitans des climats chauds, leur nombre diminue insensiblement vers les régions
tempérées, et elles ne passent guère le 50""= degré de latitude; elles fréquentent les
contrées les plus basses de notre globe, où la plupart vivent sédentaires. Quelquesimes
cependant, et plus particulièrement les tortues de mer, mues par certaines circonstances,
entreprennent dos voyages lointains; c'est alors qu'on les retrouve en
vrais cosmopolites, dans les parages les plus réculés de notre globe, loin de leur demeure
habituelle. Une des questions les plus difficiles à résoudre relativement ces
animaux, est celle de savoir au juste, quelles peuvent être les causes ou les agens,
qui influent sur cette migration périodique ou accidentelle: aussi leur répartition géographique
est-elle très-difBcilc à constater avec précision.
Traitant ici des tortues sous les rapports généraux tant zoologiques que géographiques,
nous sommes entrés dans plus de détails, que ne le comporte rigoureusement
le titre de cet ouvrage: le but toutefois, que nous nous sommes proposé dans ce mémoire
est de débrouiller l'histoire de ces animaux, de rapporter toutes les espèces nominales
à leur type, en même temps que nous faisons mieux connaître celles qui habitent
cette partie si intéressante et si peu connue du globe, qui va donner matière
à tant de travaux simultanés. Ces motifs nous engagent i\ parcourir rapidement la
série de ces animaux, toutefois, sans vouloir fournir un travail complètement systématique.
Cette monographie publiée sur les données qui nous ont été fournies par des
observations souvent renouvelées, comprendra seulement les faits les plus intéressans
et les observations nouvelles dont nous présumons pouvoir enrichir la science; nous
n'avons d'autre but dans cet aperçu général, que de fournir un supplément aux observations
déjcà faites, et de contribuer i\ la connaissance plus parfaite de l'histoire
des Tortues.
LES TORTUES DE MER.
Presque toutes les mers intertropicales sont peuplées d'une multitude de tortues, dont
les sujets recueillis dans les régions les plus distantes du globe et comparés entr' eux,
montrent le plus souvent très-peu de différence dans leurs formes. C'est au moyen
de recherches suivies et minutieuses qu'on parvient à découvrir, que presque aucune
espèce n'est rigoureusement bornée dans des limites étroites, mais que les individus
sont quelquefois répandus sur toutes les mers d'une même zòne; le résultat que nous
croyons devoir en tirer est, que les espèces distinctes sont beaucoup moins nombreuses
que celles qui se trouvent multipliées nominalement dans tous les ouvrages où il
est fait mention de ces animaux. La facilité, avec laquelle les Tor tues de mer
se meuvent dans leur élément favori, la force de leurs moyens de locomotion, servent
à contrebalancer leur inertie naturelle, et leur permettent de changer de lieu, toutes
les fois que le commandent les circonstances, qui influent sur leur déplacement accidentel.
C'est alors que l'on rencontre ces chéloniens périodiquement ou par hasard
loin des régions, demeure ordinaire de leur race; au milieu du vaste océan, ou près
des côtes, où leur espèce est totalement inconnue: tantôt excités par les feux de
l'amour, tantôt contraints par le défaut de moyens nécessaires à leur existence, tantôt
enfin emportés par les tempêtes ou même entraînés par les courans. De là, la difficulté
de pouvoir tracer, avec plus ou moins de précision, les limites assignées pour
demeure à chaque espèce.
Toutes les Tor tues de mer offrent de nombreux rapports dans les formes totales,
par leur port, leurs habitudes et le mode de propagation qui leur est propre; leur
instinct sociable les porte à se réunir plusieurs espèces en un même lieu; quelques
points du globe servent même de rendez-vous h toutes celles qui nous sont connues.
Leur tête grosse et conique est d'une venue avec le cou allongé; celui-ci, quoique
susceptible d'être raccourci par le moyen de sa colonne vertébrale courbée en S, et
enveloppant la tète dans l'espèce de capuchon, que forme dans cette position, la peau
lâche et ridée, sont, ensemble, trop volumineux pour être reçus en entier entre
les deux boucliers. La couverture cornée des mandibules, lorsqu'elle existe, est le
plus souvent allongée en bec, comme dans les oiseaux, avec les bords et la face in