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dans ce pays, y seront otserv^es avec cette scrupuleuse exactitude transmise de génération
en génération. Pour obtenir la connaissance ;Vpeu-près exacte des productions
en zoologie de toutes ces iles, il faudrait que des Japonais, doués des connaissances
nécessaires à un naturaliste voyageur, pussent remplir la tâche de parcourir
ce pays dans toutes les directions, et d'une ile k l'autre; les résultats de ces recherches
seraient certainement très-grands; car l'expérience nous montre combien il reste
encore à glaner, même dans les contrées assidùmeut explorées; chaque ile, quelque
peu considérable qu'elle soit en étendue, nourrit un petit nombre d'animaux, propre
à l'exiguité du sol, et qu'on chercherait vainement dans une île ou sur une terre
adjaçante d'une plus grande étendue. Notre ordre des Chéiroptères fournit plusieurs
exemples d'un habitat très-limité; ils sont également nombreux dans l'ordre des Rongeurs,
dans la famille des Carnassiers insectivores, et on en trouve des exemples
même chez plusieurs espèces d'oiseaux.
Les deux espèces de Chéiroptères frugivores qui vivent au Japon, s'éloignent de
leurs congénères, en ce qu'elles ont le pelage plus serré, plus touffu, plus lono- et
laineux; cette enveloppe feutrée leur est en effet nécessaire sous ce climat, plus variable
et plus froid que celui des régions équatoriales, berceau du plus grand nombre
des espèces de cette famille.
ROUSSETTE LAINEUSE. (PTEMPDS dastmallcs.)
Sa taille est moindre que celle de la Roussette intermédiaire ou Edwards et un
peu plus forte que la Keraudren, toutes les deux originaires de l'Inde. Les membranes
du vol sont, en proportion du corps, moins étendues que dans les autres roussettes.
La membrane interfémorale est restreinte à un rudiment étendu le long de la jambe;
elle est seulement visible à la région du calcanéum et n'entoure pas le coccyx. Les
oreilles sont petites, pointues et en grande partie cachées dans l'épaisse fourrure.
Le pelage est très-laineux et long; les membranes qui bordent les flancs sont poilues
en dessus comme en dessous.
La face, le sommet de la tête, les joues, la gorge et la région des oreilles sont
d'un brun mélé de quelques poils gris; le devant et les C('tés du cou, la nuque, toute
la partie postérieure du cou, y comprise la région des omoplates, sont d'un blanc sale
un peu jaunâtre; tout le reste des parties supérieures et inférieures du corps, la
partie velue des membranes des flancs et les quatre extrémités, sont couverts d'une
laine touffue, d'un brun foncé à pointe des poils couleur d'ocre; les oreilles sont nues
et leur extrémité seule visible; les membranes sont brunes.
Longueur du bout du museau à l'extrémité du coccyx 8 pouces; les poils dépassent
le coccyx d'un pouce; envergure 2 pieds 4 pouces; antibrachium 4 pouces 4 lignes.
Cette espèce étant décrite et figurée dans les Monographies de mammalogie, Vol. I.
pag. 180. Pl. 10, nous n'en donnons pas de figure dans cette faune.
L'habitat est très limité, car on la trouve seulement dans les parties méridionales
de l'île Kiusiu, dans le district de Satsuma, et plus rarement à Jakunosima. Son
nom de Liukiu-komuli signifie Chauve-souris de Liukiu, on la désigne aussi sous le
nom de Sabaosiki. Les .Japonais en font grand cas comme objet de curiosité, et
les tiennent en cage.
ROUSSETTIî A PIEDS VELUS. (PTEKOPUS pselapiion.)
L'espèce de cet article offre quelque ressemblance avec la précédente, tant par les
détails de son organisation que par la nature et la longueur du pelage abondant et
touffu. Les différences se trouvent dans la forme du crâne, dans les doigts couverts
de poils et la longueur comme la couleur du pelage; les dimensions sont aussi plus
fortes. Elle a les oreilles courtes comme la R. laineuse, celles-ci montrent seulement
leur bout pointu hors de l'épaisse fourrure, dont tout le corps, les membres et
les pieds sont couverts ; ce dernier caractère sert de moyen pour la distinguer du
premier coup d'oeil, non seulement de son congénère japonais, mais aussi de toutes
les autres espèces connues, aucune n'ayant des poils sur les métatarses ni sur les
doigts. La membrane interfémorale entoure par un rudiment, à la vérité très court,
toute la région du coccyx; elle est totalement cachée par le pelage et n'est visible
qu'au calcanéum. La pointe conique des oreilles parait au-dessus des poils de la téte.
Le crâne est large et bombé, très étranglé entre les arcades zygomatiques qui sont
beaucoup plus fortes et plus écartées que dans la R. laineuse; les arcades surcilaires
sont plus complètes; le museau est plus court et plus large; les dents en même
nombre ne diffèrent pas. Le pelage est plus long que dans la laineuse, de deux qualités,
cotonneux très touffu mélé de soyeux très long; tous les membres, les pieds et
la partie intérieure des membranes sont abondamment garnis de poils.
Tout le pelage cotonneux est en dessus comme en dessous, d'un noir bistre; la
seule région pubienne et les poils des doigts sont marron foncé; tous les poils soyeux
ont leur pointe grisâtre, ce qui fait que toute la robe parait d'un noir légèrement
grisâtre; la téte est totalement noire; toutes les membranes sont noires.
Longueur totale 8 pouc. .3 lign.; envergure 2 pieds 7 pouc.; antibrachium 4 pouc. 6 li"n.
Les détails fournis sur cette Roussette par Tradescant Lay sont relatifs aux moeurs
de l'espèce observée dans l'île de Ronin, pendant la station de la frégate t h e RIossom,
commandée par le commodore Byron. Cette roussette, dit-il, recherche principalement
les fruits du Sap ot i l iens et des Pan dan us, dont elle suce le suc en rejettant
les parties fibreuses. Sur ce que l'auteur ajoute relativement à la faculté propre
à la pupile de se contracter, afin d'obvier à la trop grande abondance des rayons sur
le nerf optique, on peut observer, que cette propriété est commune à toutes les
roussettes. La dénomination spécifique que l'auteur veut tirer de cette sorte d'ophtalmie,
en désignant l'animal sous le nom de P selaphon (faisant allusion à ses movens
de tact supérieurs à ceux de la vue), nous paraît peu appropriée; toutefois nous conservons
ce premier nom donné à la découverte de M. Lay.
L'espèce est inscrite sous Ptebopcs pselaphon, ZooI. Journ. Vol. 4. pag. 457. M. Kittlis
qui en fait aussi mention, lui donne le nom de Pteropus ursinus, dénomination
préférable à celle de M. Lay. Voyez aussi Monog. de Mamm. Vol. 2. pag. 70, pl. 37.
M. Kittlis a rapporté trois individus de l'île Ronin située k l'orient du Japon; ces
sujets font partie des musées de St. Petersbourg, de Francfort et des Pays-Bas. Nous
en devons la possession aux soins de M. de Siebold, qui a déposé le sujet acquis â
St. Petersbourg dans les galeries de notre établissement.
Les lies Ronin ou Munin faisant partie des domaines du .Japon, nous croyons devoir
comprendre cette espèce dans la faune.
-HMSi