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énuméré plus haut celles qui sont dues à la disposition des lames de la carapace, et
nous ajoutons ici, que la forme totale de toutes les parties est sujette à de si nombreuses
anomalies, qu'il est souvent diiRoile de reconnaître le type dans ces individus
varias. Nous avons trouvé la carapace chez plusieurs individus de la même espèce
tantôt orbiculaire, tantôt ovale et même très-oblongne, quelquefois à bords fléchis
eu haut et concaves, quelquefois planes et droits; les lames marginales, arrondies
dans les unes, 'saillantes dans les autres, ou même aignës et comme festonnées;
les postérieures tantôt horizontales, tantôt recoin'bées vers la queue: les antérieures
enfin ne varient pas moins dans leur étendue. Le dos est quelquefois caréné, et les
lames latérales relevées; dans d'autres au contraire toutes ces lames ont leur surface
unie, et il y en a, dont le dos est même excavé dans toute sa longueur. Les lames
sont quelquefois ornées par dos stries, soit concentriques soit divergentes du centre,
tandis que dans d'autres elles sont totalement lisses. Le test est souvent plus
déprimé qu'à l'ordinaire, ou resserré sur les côtés et comprimé, se rapprochant par
cette forme de celui des To r t u e s de ter re.
Les modifications que subissent les dilfércntes parties de ces animaux dans leur développement
très-lent et presque sans terme assignable, sont remarquables: elles influent
tellement sur l'ensemble des formes, qu'on a souvent peine à reconnaître l'espèce. Les
caractères distinctifs des jeunes sont les dimensions, le dessin par taches très-prononcés,
des couleurs à teintes vives, une queue plus longue, des formes régulières et
arrondies, le nez saillant, le museau court, des mandibules peu développées, une carapace
orbiculaire, munie, le plus souvent, d'une arête dorsale, les lames de forme
déprimée, tandis qu'elles sont comprimées dans les adultes, les bouts du plastron enfin
peu échancrés. Le développement des écailles a lieu par apposition des couches autour
de l'aréole dont le plan supérieur est rugueux, et qui se trouve rarement au
centre mais toujours plus vers le bout postérieur. Les couches sont plus ou moins
distinctes; elles prennent la forme de lignes concentriques et leur étendue augmente
avec l'âge, sans qne cela influe en rien sur l'aréole qui conserve ses dimensions.
La manière de vivre des Emyde s a été observée par M. M. von Ilumbold, Spix, le
prince de Neuwied et les naturalistes anglo-américains. Les espèces diffèrent beaucoup
cntr'elles par les moeurs, la nourriture et le lieu de leur demeure habituelle.
1 Esr. EMYDE S E R P ENT INE . EfllYS SERPENTINA.
L'Em.yde s e r p ent ine est très-faeile à distinguer par la longueur de la queue qui
est déprimée, trigone et dont l'arête est souvent garni d'une triple rangée d'écaillés
relevées en pyramide: ce membre, chez les jeimes, est aussi long que le reste de l'animal,
tandis que dans l'adulte il n'a qu'un tiers de la carapace. Cellc-ci, relativement
à la grandeur totale, est petite, plus large par derrière, faiblement bombée
et carénée; les lames qui la revêtent sont saillantes vers leur bout postérieur, et carénées
par de nombreuses aspérités, desquelles vont en divergeant des stries également
rugueuses. Chez les jeunes ces lames se trouvent souvent fendues en pointe double; les
plaques marginales sont très-aiguës et saillantes.
Le sternum de cette espèce s'éloigne totalement de celui des Emyde s par sa forme
et sa réunion avec la carapace, et no diffère de celui dos Tr i onyx que par les pro-
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portions relatives, tandis que les lames qui le recouvrent ressemblent plus dans leur
disposition à celles des Emydes : il y en a quatre paires au contre, dont celle de
devant porte une impaire il son milieu; une cinquième paire se trouve sur le point
de jonction très-étroit, par lequel le plastron tient à la carapace: disposition iinique
chez les tortues, et que Mr. Gray a déjà observée et fort bien décrite.
La tête est très-grosse, comprimée, et à museau proéminent; les mâchoires sont
vio-onreuses, petites, prolongées en pointe et munies de chaque côté d'une forte échancrure.
Les yeux sont grands, à bord saillant; les lames du sommet de la tête raboteuses,
inégales et larges. Les autres parties du corps sont chargées de très-petites
écailles, euLe lesquelles s'en relèvent de plus grosses et isolées en forme de pyramide:
elles sont sur les extrémités antérieures de forme semi-lunaire, vigoureuses, tranchantes
et parfaitement semblables à ces organes chez les Tr ionyx . Les ongles sont
très-longs et la membrane natatoire s'étend sur la face extérieure des pieds.
La teinte uniforme d'un brun sale est variée çà et là par des marbrures plus foncées,
et sur la tête des jeunes individus par des taches et des ondulations plus claires;
il y a de même dans cet âge quelques raies, tant obscures que claires derrière l'oeil.
L'Emyde s e rpent ine est très-vorace; elle dévore indifl'éremment des poissons et
des oiseaux aquatiques, va souvent à terre et habite presque toutes les rivières et les
lacs des États-Unis, depuis New-York jusqu'à la Floride O. Le Prince de Musignano
a cédé au Musée des Pays-Bas un jeune individu, originaire de la Ponsylvanie;
le même établissement en a reçu depuis plusieurs autres par le professeur Troost à
Nashville: ils ont été capturés dans les rivières Cumberland et Tennessey, tributaires
de l'Ohio. La carapace des plus âgés de nos sujets porte 9 pouces, mais on dit qu'ils
parviennent à une taille plus forte. On fait grand cas de la chair de cette Émyde
qui se vend sur les marchés de plusieurs villes des États-Unis, oii re.spèce est connue
des Anglo-Américains sous la dénomination de S n a p p i n g - t u r t l e et dans les provinces
méridionales sous celui de Al l i g a t o r - T e r r a p i n . La figure, donnée par SchôplTP)
est bonne; celle de Latreille P) trop en miniature; 'Wagler en a fourni les meilleures.
Le nom Tes t , s e r p ent ina imposé par Linné, a été changé par Schweigger
P' en celui de Chelydra s e r p e n t i n a et par Say C) en celui de Che l onur a
s e rpent ina .
2 ESP. L E CHELYS . CHE LYS.
Nous avons vu que l 'Émyde s e r p ent ine se rapproche par l'organisation de son
sternum des Tr i onyx ; l'espèce du présent article au contraire ne teint des Tr i ony x
que le museau allongé en trompe, et ce serait une des Émy d e s les mieux caractérisées.
(') Consultez pour les Imbitutles et les moeurs des É m y d e s de TAmér ique du Nord les ouvrages de ScbopiT, de
Charles Bonapar te, do Say et de Leconte, et les notices détachées que Daudin et Latreille ont fournies d'après Bo s c :
nos notes sont empruntées de ces travaux.
(2) liist. test. pl. G.
(3) Ilist. nat. des rcpt. p. 159. f. 1 et 2.
('!) Syslema Ampli. Allas, pl. 5. f. 46 et 47.
(6) Konigsberger Archlv. 1812, p. 292.
P h ' J a d . Journa l , vol. 4. p. 2 0 6 .
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