longs et d'un gris argenté, sont disposés sur la croupe et i\ la base poilue de la
queue: tout le dessous du corps est couvert d'un feutre cendré foncé.
11 parait que cette espèce, sur laquelle nos voyageurs n'ont pu se procurer des renseignements
sur sa manière de vivre, habite les terres entrecoupées par les eaux, et
que ses moeurs ne diffèrent pas de celles de son congénère européen, connu sous les
noms de fodiens, de remifer, de constrictus, etc.
Le musée n'a obtenu qu'un très petit nombre de dépouilles de cette Musaraio-ne
aquatique, et parmi celles-ci seulement devix individus parfaitement adultes. On la
trouve, quoique rarement, dans les terrains bas et humides des environs de Nao-asaki
où elle fréquente les ruisseaux et se nourrit de petits poissons et d'insectes; elle est
plus commune dans le pays de Bungo et dans l'ile Kiusiu. Son nom japonais est
K a w a - n e s u m i ou rat-d'eau.
SECIIOÎÎ 2. Terrestres, (S or ex).
La coupe des musaraignes proprement dites, à laquelle les méthodistes réservent le
nom de Sorex, est composée d'espèces dont l'organe de l'ouie n'est pas caché par le
pelage; cette grande conque extérieure est formée de plusieurs lobes mobiles, totalement
nus, ou imperceptiblement parsemés de quelques poils. La queue est, le plus
souvent, plus courte que le corps, arrondie, rarement carrée, terminée en pointe, à
base très épaisse, quelquefois aussi poilue que le corps; sa partie nue est toujours
garnie de poils disposés à claire-voie, qu'accompagnent assez souvent de longues soies,
plus rares encore que les poils. Les pieds sont presque nus, sans cils roides. Les'
deux incisives supérieures, ou bien les canines proprement dites sont très-courbées et
portent un talon très-marqué, terminé en pointe; elles sont en forme d'hameçon.
Les trois ou quatre dents latérales diminuent sensiblement de volume de la première
h la deuxième. A la mâchoire inférieure, les deux dents opposées aux supérieures
en hameçon, sont à-peu-près dans la direction rectiligne de la mâchoire, ou un peu
courbées en haut.
On s'est plu à faire des coupes en sous-ordre, pour y placer des espèces suivant le
nombre des petites dents ou pointes latérales dont elles se trouvent munies. Les sousgenres
P a c h y u r a , Crocidura, Corsira, Myosorex et Sunkus ont été créés à cette
fin. Mais, nous n'entrerons point ici dans les nombreux détails, oii nous serions involontairement
conduits en faisant seulement l'analyse des travaux de tous les savans auteurs
qui ont écrit sur le genre Sorex: nommer MM. Geoffroy père et fds, de Blainville, Duvernoy,
Wâgler, Gray, Bonaparte, Ehrenberg, Nathusius et de Selys Longchamps,'c'est
dire assez que ces petits insectivores ont passé, sous les yeux des naturalistes les plus
distingués et les mieux à même d'établir leurs vues sur des recherches approfondies.
On nous permettra pour toute digression de notre objet principal, qu'il nous soit permis
de remercier ici M. de Selys Longchamps, pour la brochure qu'il vient de publier
sous le titre, à la vérité un peu bizarre, de Micromammalogie d'Europe. Cette brochure
sert de fil pour se diriger dans ce labyrinthe de noms de genres, de sousgenres
et d'espèces de nos Musaraignes européennes.
Au .Japon on n'a trouvé jusqu'ici que de petites espèces, semblables à quelquesunes
de celles vivant en Europe; car il est nécessaire de faire observer, que la
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grande espèce, Sorex indicus^, n'est pas un habitant primitif de ces îles; importée
sur ces terres, comme en tant de lieux divers, c'est plutôt un hôte importun et malfaisant,
dont les Japonais se sont vus assailli par suite de leurs rapports commerciaux
avec l'Inde et avec les nations tour k tour dominatrices de ces mers. Son
apparition peut avoir eu lieu à dater des premières relations avec les Portugais; car
il est prouvé que l'espèce n'existe nulle part dans le pays, et qu'elle infeste seulement
les rades oii les vaisseaux européens sont admis; Dézima et Nagasaki sont les
seuls endroits où on la trouve, et se sont aussi les seuls points oìi le pavillon étranger
soit toléré ; on ne la voit pas dans les ports de mer oii le trafic se fait par cabotage.
R e m a r q u e . 11 est nécessaire do faire observer qu'à l'article Musaraignes
a q u a t i q u e s il a été dit, page 23, ligne 17, »mais on n'en trouve pas du groupe représenté
en Europe par S. l eucodon et a raneus classés dans la section Crocidura"
On est prié de lii'e ; mais on n'en trouve pas du groupe représenté en Europe par
nos S. tet ragonurus et pygmaeus, section Sorex de Wagler, ou Amphisorex
de Duvernoy.
MUSARAIGNE DE L'INDE. (SOREX INDICUS.)
P L . V, fig. 2 et PL. IV, fig. b, b.
Mon intention n'est pas de remonter à l'origine des erreurs de nomenclature d'une
espèce toujours confondue avec des espèces voisiues, je me bornerai à signaler ici
les descriptions et les figures exactes de cet animal qu'on trouve, aujourd'hui, dans
presque toutes les contrées de l'Inde continentale et archipélagique oii les relations
maritimes des peuples sont fréquentes. La Musaraigne musquée de l'Inde de
Buffon, tom. 7 des supplémens, pl. 71, a pour synonymes certains, Sorex capensis
et indiens de Mr. Geoffroy père, et Sorex Sonneratii de Mr. Isidore Geoffroy
dans le voyage de Bélanger; Mr. Duvernoy en a donné une bonne figure sur un sujet
non adulte obtenu de Java, voyez Mag. de Zool. 1842, pl. 46, sous le nom de
S o r e x Sonneratii.
Je crois encore utile de faire ici la remarque qu'il est nécessaire de supprimer
totalement du catalogue méthodique l'indication de S. myosurus de Pallas, basée
comme elle l'est sur un sujet albinos de l'une des quatre grandes espèces, aujourd'hui
bien connues et désignées sous les noms de Giganteus, Serpen t a r ins , Indiens
et Crassicaudatus. Mr. Isidore Geoffroy caractérise les trois premières espèces
dans le tableau comparatif qu'il fournit de leurs dimensions ; il est seulement à regretter
que ces dimensions n'ayent pas été prises sur des sujets parfaitement adultes.
Me trouvant possesseur d'individus complètement développés, je crois utile d'ajouter
i\ ce tableau les dimensions prises sur des sujets adultes des quatre grandes espèces
connues, et de signaler quelques caractères propres i les distinguer d'une manière
plus précise.
S. giganteus ou le Monjouron, figuré par F. Cuvier, Mammifères. Dents latérales
au nombre do quatre; queue très épaisse, sa base très poilue, à-peu-près d'une
venue avec la croupe. Longueur totale 9 pouces 4 ou 5 lignes, du corps et de la
téle 0 pouces 3 lignes, de la queue 3 pouces 1 ou 2 lignes, distance du bord des
yeux à la pointe du nez 10 ligues. Habite l'Inde.
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