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relations dans l'intérieur avec les discijiles qu'il a formés: ceux-ci se sont empressés
à leur tour de lui fournir^ de toutes les parties de l i le, les objets dont la sortie du
territoire de l'empire n'est pas défendu rigoureusement et sous des peines capitales.
Par ce moyen ingénieux il a pu remplir la mission scientifique dont on l'avait chargé,
et il s'est vu à même de rassembler, dans les sept années de son séjour à Dézima, les
premiers élémens d'une faune et d'une flore du Japon, complétée et considérablement
augmentée depuis le départ de M. von Siebold par les soins et la persévérance louable
de M. le Dr. Biirgcr, son successeur dans cette mission scientifique, dont les
quatre envois, parfaitement conservés, renferment une multitude d'objets intéressans
et nouveaux pour la science.
La bonne réussite, opérée par cette voie, fait nourrir l'espoir que le gouyernement
dans l'Inde mettra tout en oeuvre pour entretenir ces précieuses relations, et tâchera
de les étendre de plus en plus, sous l'auspice d'un moyen en même tems si favorable
aux intérêts de ce peuple et dont la tendance, plus noble que celle du fanatisme
religieux, nous offre dès-à-présent, des chances plus assurées de succès que
n'ont pu en présenter les missions qui furent la cause de l'expulsion des Européens
dans cette partie du monde. Si les Japonais se montrent empressés à venir profiter
des inventions modernes de nos arts et de notre industrie et s'ils veulent profiter
des bienfaits que l'étude des sciences peut répandre dans leur patrie, celles-ci
pourront, avec les tems, servir de moyen pour apprendre à mieux connaître un
peuple longtems fameux, une île jusqu'ici fermée £\ toutes les recherches scientifiques.
C'est par le secours des Japonais, uniquement par leur intermédiaire, que le
Japon peut être exploré d'une manière complètement scientifique. Ces peuples, trèsempressés
de faire connaître aux étrangers les productions de leur pays, et aussi
avides qu'ils le sont d'acquérir les connaissances qui leur manquent dans les arts,
peuvent, par ces moyens conduits avec discernement, nous ouvrir des voies nouvelles
pour l'ornement de nos collections zoologiques et pour nos jardins de botanique;
plusieurs espèces de végétaux de ces contrées pourraient être utilisés dans nos parcs
et dans nos jardins, oii ils se reproduiraient, vu que le Japon est à-peu-près sous
le même parallèle que l'Italie, le midi de la France et l'Espagne; et, comme la
température de l'hémisphère oriental parait moins douce que celle de l'hémisphère
occidental, on peut espérer des succès en acclimatant les végétaux japonais dans
nos contrées plus septentrionales.
A l'orient de la Chine et (fans le grand océan , se développe ce long groupe d'îles
asiatiques, formant l'empire du Japon; elles occupent du 41° 30" au 24° latitude
nord, et du 127° 50" au 144° longitude est: ces îles sont séparées les unes des autres
par de petits bras de mer; leur étendue serait de 400 lieues sur 40 à 50 de
largeur, où vivent, selon quelques données, à la vérité assez vagues plus de trente
millions d'habitans O. Placées en face du littoral de la Corée (Korai) vers le couchant,
elles ne sont séparées de cette partie du continent de l'Asie que par le
détroit de Corée, qui unit la mer du Japon à celle dite mer Jaune et mer Bleue;
cette dernière, d'une largeur assez considérable, sépare la partie méridionale du Japon
(1) Yoyez la Revue Britannique de 1829, oii le nomlire (le la population est pori¿ n quarante millions sept
cents mille, en y comprenant quelques îles dépendantes de Ternpire chinois.
des côtes de l'empire chinois; vers le nord elles ont les îles Kuriles pour limites.
Ici, comme dans les terres de la Malaisie et de la Polynésie, on pouvait être porté
i soupçonner la réunion primordiale de ces groupes avec le continent de l'Asie orientale;
mais 1;\, comme dans les îles Japonaises, nous trouvons des obstacles pour
l'admission d'une hypothèse que nous avons réfutée par des preuves qui paraissent
vraisemblables, du moins relativement au démembrement des groupes polynésiens et
malaisiens des grandes terres, dont elles sont séparées par des bras de mer ou par
des canaux de peu de profondeur.
La zoologie et la géologie des îles Japonaises ne sauraient point encore, il est
vrai, nous servir ici d'argument pour réfuter une telle supposition, qui nous paraît
eronnée; les formations géognostiques et les productions animales et végétales des
contrées asiatiques où coule le fleuve Amour, et que hérissent les chaînes des monts
Karga'i et Altaï, les côtes de la Corée et de la Mantchéoulie, ne sont point connues:
nous ignorons encore si la faune de ces pays est absolument semblable à celle du
Japon, ou bien, comme c'est le cas sous l'équateur et dans les régions antarctiques,
s'il faut présumer qu'on y trouvera une faune très-différente de celle propre au continent,
dont on pourrait croire qu'elles seraient un démembrement La seule preuve
vraisemblable qu'on puisse alléguer ici en faveur de l'isolement primordial des îles
Japonaises du continent de l'Asie, serait l'existence d'une chaîne de montagnes de
formation primitive et couvertes de neige, qui s'étendent sur toute cette filière d'îles
du nord au midi, et d'où descendent plusieurs rivières qui se dirigent les unes à
l'est vers le grand Océan, les autres à l'ouest vers la mer du Japon, qui sépare ces
îles des côtes de la Corée et de la Manthéoulie. Nous savons encore par quelques
fragmens de la faune de ces îles, que là, comme dans les îles de la Sonde, il existe
des grands quadrupèdes, propre à une seule partie, et qu'on ne trouve pas dans ime
autre. Jesso, qui n'est séparée de l'île principale nommée Nippon, que par un canal
de peu de largeur, nourrit sur ses monts élevés cet ours d'une taille vraiment
gigantesque qu'on n'a point trouvé à Nippon, où vit un autre ours beaucoup plus
petit et un peu inférieur à nos ours d'Europe, quoiqu'il soit également différent
des espèces de nos contrées: cet otirs est le même que celui qui vit dans toute l'Inde.
Le Tigre royal (Felis tigris) et l'Irbis (Felis irbis) vivent sur le continent et
dans la Corée mais ils n'existent point au Japon. Ces deux Tigres de la Corée
offrent une remarque très-intéressante, en ce que le premier ou Tigre royal est
répandu depuis les îles de la Sonde au midi sur tout le continent de l'Inde dont
il est le fléau, jusque vers les monts Alta'i qu'on dit couverts d'une neige perpétuelle;
là, sa robe a prise une fourrure appropriée à l'àpre climat où il habite; ses
poils sont grossiers, laineux et longs; de courts, ras et lisses qu'ils sont dans les
parties chaudes de l'Inde particulièrement à Java, où la robe de ce redoutable carnassier
est extrêmement lisse e t couYcrt de poils tròs-ras. Le Felis ir Li s crui est
de tout le genre l'espèce dont la demeure est la plus rapprochée du pole porte,
comme le T igr e royal de la Corée, une robe très-fournie et feutrée W.
(1) Les sujets de ces Jeux espaces de grands chats du nord, que le Musée des Pays-Bas possède, sont originaires
de la Corée (Korai),