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 232  INSECTES UiPIDOl'TÉRES.  
 Les  larves  des lépidoptères  sont  connues  sous le nom  
 de  chenilles.  Elles  ont  six  pieds  écailleux  ou  à  crochets,  
 qui  répondent  à  ceux  de  l'insecte  parfait, et,  en  outre,  
 quatre  à  dix pieds membraneux,  dont  les deux  derniers  
 sont  situés  à  l'extrémité  postérieure  du  corps,  près  de  
 l'anus ; celles qui  n'ont en  tout  que  dix  à douze pieds  ont  
 été appelées, à raison  de la manière  dont  elles  marchent,  
 géomètres  ou  arpenteuses.  Elles  se cramponnent  au  plan  
 de position  au moyen des pattes  écailleuses,  puis  élevant  
 les  articles  intermédiaires  du  corps,  en  forme  d'anneau  
 ou  de  boucle,  elles rapprochent  les dernières  pattes  des  
 précédentes,  dégagent  celles-ci,  s'accrochent  avec  les  
 dernières,  et  portent  leur  corps  en  avant,  pour  recommencer  
 la  même  manoeuvre.  Plusieurs  de  ces  chenilles  
 arpenteuses  et  dites en  bâton  sont  fixées,  dans  le  repos,  
 aux  branches  des  végétaux,  par  les  seuls  pieds  de  derrière  
 ; elles  ressemblent,  par la  direction  , la forme et les  
 couleurs de  leur  corps, à un  rameau, et se tiennent  longtemps  
 dans  cette  situation  sans  donner  le moindre  signe  
 de  vie.  Une  attitude  si  gênante  suppose  une  force  musculaire  
 prodigieuse;  et  Lyonet  a, effectivement,  compté  
 dans  la  chenille  du  saule  {cossus  ligniperda),  quatre  
 mille quarante-et-un  muscles. Quelques  chenilles  à  quatorze  
 ou  seize pattes, mais dont  quelques-unes des membraneuses  
 intermédiaires  sont  plus  courtes,  ont  été  
 nommées  denii-arpenteuses,  ou  fausses-géomètres.  Les  
 INSECTES LÉPmOI'TÈHES.  233  
 pieds membraneux  sont  souvent  terminés  par  une  couronne  
 plus  ou  moins  complète  de  petits  crochets (").  
 Le corps de ces larves est, en général, allongé,  presque  
 cylindrique, mou,  diversement  coloré, tantôt  nu  ou  ras,  
 tantôt  hérissé de  poils, de  tubercules,  d'épines,  et  composé, 
   la tête non  comprise, de douze anneaux,  avec  neuf  
 stigmates  de  chaque  côté.  Leur  tête  est  revêtue  d'un  
 derme corné  ou écailleux;  et offre de  chaque côté  six  petits  
 grains  luisans,  qui  paraissent  être  de  petits  yeux  
 lisses;  elle  a,  de plus,  deux  antennes  très  courtes  et  coniques, 
   une  bouche  composée  de fortes mandibules,  de  
 deux mâchoires, d'une lèvre et de quatre petits palpes, f^a  
 matière  soyeuse dont elles font usage, s'élabore dans deux  
 vaisseaux  intérieurs,  longs  et  tortueux,  dont  les  extrémités  
 supérieures viennent, en  s'amincissànt,  aboutir  à la  
 lèvre;  un mamelon  tabulaire et conique, situé au  bout  de  
 cette  lèvre, est la  filière  qui  donne issue aux fils de la soie.  
 La  plupart  des chenilles  se nourrissent  des feuilles de  
 végétaux;  d'autres  en rongent  les fleurs,  les  racines,  les  
 boutons,  les  graines;  la  partie  ligneuse  ou  la plus  dure  
 des arbres sert d'alimens à quelques-unes. Elles la  ramollissent  
 au moyen  d'une liqueur  qu'elles y dégorgent. Certaines  
 espèces  rongent  nos  draps,  nos  étoffes  de  laine,  
 les  pelleteries,  et  sont  pour  nous  des  ennemis  domesmi  
 •'i  
 («) Pl. 8, liB. ,3.  
 IKSECTKS. *