
Sega j il 7 a une superbe cascade appelée
YAcqua d'Alto. Elle se précipite perpendiculairement
du haut d’une roche de
peperino qui a au moins soixante pieds
d’élévation, et parcourt ensuite les côtes
qu’on appelle la Voltolaja.
L’aménité de ce lieu dans le coeur de
1 été et le frais que nous y goûtions
pendant la chaleur assommante du midi,
nous engagea à nous y reposer quelque
temps. Tandis que nous jouissions avec
délices de cette heureuse situation, nous
regrettions de ne pas habiter dans le
voisinage pour venir souvent passer les
heures de la plus forte chaleur dans ce
paisible séjour, à l’ombre délicieuse des
châtaigniers, où l’on n’entend d’autre bruit
que le chant des oiseaux, le bouillonnement
de la cascade, et le murmure du ruisseau.
L’appétit et l’heure du dîné nous firent
abandonner ces belles réflexions, et nous
nous acheminions vers Arcidosso, lorsque
nous fûmes surpris tout-à-coup par une
pluie épouvantable, qui nous obligea de
courir chercher un asile dans une ferme
abandonnée. L à , nous tâchions de nous
résigner à la dure alternative, ou de souffrir
de la faim, ou de nous inonder copieusement
pour aller chercher notre dîné,
lorsque la pluie cessa aussi subitement
qu’elle avoit commencé, et nous permit
enfin d’arriver à Arcidosso.
La pluie reprit après dîné, de manière
que nous passâmes le reste de la journée
à arranger nos plantes et nos minéraux
pour les envoyer à notre magasin général
de Pien^a,
Cependant nous avions examiné avec
beaucoup de soin , soit ce matin , soit
les jours précédens lorsque nous étions
à Castel delpiano , le territoire d’Arcidosso*
et sur-tout celui qui regarde la montagne,
qui présente quelque variété dans les objets,
pendant que le reste d’une uniformité continuelle
, ne nous offroit rien qui fût digne
de notre curiosité, et n’appartenoit pas
au projet de ce voyage.