
V O Y A G E
volcan ne vomit jamais de matières semblables,
ou bien celles qu’il lança dans ses
éruptions, furent tendres, fragiles, solubles,
•et auront facilement cédé à l’action du
temps ; ou bien , dissoutes par les eaux,
ou rongées et décomposées , elles seront
entièrement disparues par la succession des
siècles. Ce qu’il y a de vra i, c'est qu’au-
jfourd’hui on n’en voit plus aucunes.
Au surplus, il me semble que la force
du feu volcanique venant à attaquer les
.masses de granit, de porphyre et de feldspath,
dont étoit formé d’abord le noyau
intérieur de cette espèce de terre, il a
dû, au moyen de son activité peu grande,
mais fort vive et subite , parvenir à en
altérer l’ensemble, à en rompre la dureté,
et à en diminuer tellement l’agrégation,
que le granit, le porphyre et le feîd-spath
ramollis et raréfiés, furent forcés à sortir
par la bouche du cratère, et à couler
dans cet état jusqu’au moment où le calorique
diminué en partie par le contact
des corps terrestres, en partie développé
AlËÜÉMï
a u M o n t a m i a t a I 297
avec les divers gaz qui accompagnent
toujours de semblables éruptions; enfin,
dispersé en partie dans l’air atmosphérique,
les a abandonnés : alors toutes ces substances
refroidies se figèrent et se pétrifièrent
, et formèrent des roches de peperina
qui, d’abord couvertes peut - être d’une
croûte plus raréfiée , plus poreuse, plus
tendre, que le laps des temps a peu à peu
fait disparoître , conservent encore aujourd’hui
l’empreinte de leur origine et des
effets du feu.
Je me figure donc que dans le temps
que les eaux de la mer couvroient tout
ce p a y s , comme l’aspect de ces lieux
le prouve évidemment, le volcan qui s’alluma
sous ces terres submarines, souleva
toutes les couches terrestres qui étoient
au-dessus de lui, et les força à s’élever
au-dessus des ondes ; et qu’on vit alors
paroître au milieu de la mer, et au-dessus
de ses plaines la terre et le feu. Cependant
, selon la marche ordinaire des volcans,
cette montagne enflammée, sortie et