
V o y a g é
absolument trempés. Le thermomètre qui
la veille à la même heure étoit à 24 degrés
au-dessus de zéro, descendit à 10 degrés,
de sorte que le froid qui survint aussi
brusquement, la grê le , la pluie impétueuse
, les éclairs continuels, et les coups
de tonnerre qui résonnoient majestueusement
dans ces montagnes, rendirent notre
position fort peu agréable pendant les
deux heures que dura cet orage.
On voit autour de cette église les
ruines des murs de l’ancien hermitage où
habitoient les Camaldules qui préféroient
une vie austère et retirée. A quelques
pas au-dessus on voit deux bouches d’où
sort tant en été qu’en hiver une grande
quantité d’eau toujours également abondante,
et toujours rapide, qui forme la
source du torrent du Vivo. A peu de
distance de là on voit ce torrent s’enfouir
sous terre, sous le monticule sur
lequel est bâtie l’église, et reparoître un
peu plus loin au pied de cette même
colline. De là il passe au village, où une
partie de ses eaux est employée aux
fabriques et manufactures dont nous avons
parlé 5 puis , après s’être grossi des eaux
de YAnsidonia , il va se jeter dans la
rivière Orcia.
Sur toute la côte comprise entre 1 *Ansi~
donia et le V iv o , on voit de grands et
énormes rochers de peperino qui, depuis
le haut de la montagne , se prolongent
jusques au-dessous du village où on les
voit terminés à droite et à gauche par les
deux torrens: au-delà, tout le pays voisin
est entièrement calcaire. Il me sembloit
voir des vestiges d’une lave antique , qui,
descendue du haut d’un mont volcanique,
et trouvant une. issue favorable, s’y est
jetée, et s’est étendue fort au loin dans la
plaine, où , après s’être refroidie et étant
devenue solide, elle est restée isolée, et
tellement différente des autres substances
voisines, qu’elle forme un monument éternel
des ravages quelle a faitsdans ce pays.
Comme l’orage continuoit encore, nous
abandonnâmes le projet d’aller par le chemin