
dangereuse ; et jamais, je l’avoue , la
colère ne m’a donné tant de regret.
En descendant du haut de la montagne ,
entre S.a Fiorg. et Castel del piano , nous
trouvâmes une vaste vallée, ou profondeur
bordée par le Montamiata , proprement
d i t , par la Montagnola de S ,a Flora et
par le Piaggione dont nous avons parle*
Cette vaste vallée se nomme la valle d’ in-
ferno (la vallée d’enfer.) Elle fut peut-être
autrefois, comme semble l’indiquer son
antique dénomination, un grand cratère
volcanique dont les bords ou la crete
étoient continus, et l’environnoient exacte*
ment tout autour.
Il peut se faire que la force des érup*
tions , celle des tremblemens de terre
qui les accompagnent, et les ruines de
la vétusté aient détruit en grande partie,
cette espèce de crête, et n’aient laissé
subsiter que les hauteurs qui dominent
aujourd’hui la vallée d’enfer.
Plus nous avons examiné attentivement
ce grand espace, plus nous nous sommes
confirmés dans l’idée qu’il devoit avoir
été autrefois le plus grand cratère du
volcan éteint.
Cependant le désir de découvrir positivement
la véritable bouche du volcan,
n’étoit pas le seul motif qui nous faisoit
faire de temps en temps des pauses dans
ce vaste vallon; nous y étions encore
invités par le parfum et par la délicatesse
des fraises et des framboises qui s’y trouvent
en abondance.
Arrivés à l’extrémité de la vallée d’en*
fer, comme il n’étoit encore que midi,
et que nous avions encore du temps à
nous , nous remontâmes à main droite
jusqu’au Prato délia Contessa qui en étoit
bien près.
Cette prairie oblongue et presque rectangle
est couronnée tout autour d’un bois
peu touffu de hêtres, qui la rafraîchissent
de leur ombre. Elle étoit dans ce moment
jonchée de fraises très-mures, qui n’atten-
doient que la main pour les cueillir.
Après avoir débridé nos chevaux, nous
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