
les hêtres, au milieu desquels on voit
plusieurs pièces de terre ensemencées. Les
gens de campagne ont coutume de brûler
dans ces forêts les bruyères qui y sont
très-fréquentes ; ils coupent et enlèvent
les jeunes hetres, ainsi que ceux qui sont
de grandeur moyenne , et parviennent
par - là à défricher quelques parties de
terrain, comme je l’ai dit çi-devant,
pour y semer du seigle qui réussit adtruh
rablement bien sur çes montagnes,
En continuant de monter , nous vîmes
la terre couverte de fraisiers i les uns en
fleur f les autres portant des fraises encore
vertes, et dautres chargés de fruits mûrs»
Leur couleur et leur parfum invitoient à
les cueillir, mais le froid nous rendit
insensibles à cette agréable rencontre *
aucun de nous n’eut le courage de se
baisser une seule fois pour prerctre une
fraisej nous les foulâmes aux pieds* et
nous nous hâtâmes d’aller en avant«
Enfin, après avoir grimpé par un sem
fier extrêmement rude et escarpé, nous
A U M O N T A M Î A T A . 2 0 1
arrivâmes à une prairie parfaitement nette,
environnée de toute part par des hêtres,
et appelée dans le pays ilprato délia Con~
tessa : Mais notre guide ne nous donna guère
le temps de jouir de l’aménité de ce site,
Jusques-là il n’a voit cessé de nous vanter
l’expérience et la connoissance qu’il avoit
de ces lieux, mais il commença à hésiter
sur le chemin qu’il nous feroit prendre.
Alors nous lui demandâmes positivement
s’il savoir avec certitude le chemin qui
conduit à la cime de la montagne : voilà
bien un sentier, nous dit^il , qui pour-'
roit être le bon, mais je ne jurerois pas-
qu’au lieu de nous conduire à la haute
montagne, il ne nous menât au W% o u
à l’abbaye, ou bien qu’il ne nous égarât
de plus en plus. On imaginera sans peine
quels furent notre embarras et notre perplexité
; et combien nous réprimandâmes
notre brave conducteur de s’être si fort
vanté de savoir les chemins par le désir
de gagner quelque chose avec nous, et
de nous avoir trompés et exposés pour