
il nous sembloit voir autant d’écueils, de
promontoires et disles.
Ce spectacle étoit vraiment magnifique,
et l’illusion étoit parfaite et merveilleuse.
Nous eussions désiré qu’il se fût formé
quelqu orage sous nos pieds, comme il
arrive souvent en é t é , pour avoir le
plaisir d’être élevés au-dessus de la région
des nuées et du tonnerre; mais notre mer
étoit pacifique: elle se maintint dans cet
état, et ne servit cette fois qu’à dérober
à nos yeux la terre et la Méditerranée
que nous eussions dû découvrir au midi
de la montagne.
Mais nous ne fûmes pas si malheureux
à ce second voyage. Le ciel étoit serein ,
et le spectacle fut magnifique. Nous
voyions au midi la Mediterranee , la
Sardaigne, la Corse, M e d’Elbe, et autres
isles adjacentes. Du côté du nord, nous
découvrions la chaîne des Apennins depuis
les montagnes de l’état de Gênes, jusqu à
l’extrémité de l’Italie dans le royaume de
Naples. Entre les Apennins et la mer,
la Toscane supérieure , i’Ombrie 7 le patrijtnoine
de St. Pierre * la campagne de Rome*
les Maremmes Toscanes et Papales; enfin*
tout le pays en deçà de l’Apennin»
Nous ne pouvions nous résoudre à
quitter une si belle perspective * cependant
l’appétit qui avoit été vivement augmenté
par le froid du matin et par l’air
v if qui régnoit sur cette hauteur* et le
besoin de repos après une montée si longue
et si fatigante * nous décidèrent à nous
asseoir sur l’herbe, et à y déjeûner.
Je n’oubliai cependant pas de tirer mort
thermomètre de son étui; et je l’appuiai
contre une petite pierre à côté de moi
sur l’esplanade * afin d’y comparer le grand
froid que nous avions éprouvé le matin *
avec la température modérée de cette
élévation*
Quand là faim fut appaisée, je recommençai
à repaître mes regards et mort
imagination du tableau magnifique que
nous avions sous les yeux. Elevé à cette
hauteur > affranchi dé toute espèce de sujétion
et de tous égards * loin des soucis et
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